Chapitre 5

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Ingrid

Je fouille dans mes poches, mais réalise avec horreur que je n'ai pas emmené mon téléphone portable avec moi. La peur s'infiltre peu à peu à travers tous les pores de ma peau. Il va me tuer. Terrifiée, je rebrousse chemin afin de rentrer au plus vite.

M'en aller en catimini de la piscine est une chose, mais disparaître sans envoyer de message à Lucas en est une autre. Si je ne suis pas au travail ni à la maison, il exige de connaître tous mes faits et gestes. J'ose à peine imaginer sa colère lorsqu'il s'est rendu compte que je n'étais pas dans la chambre. Tandis que je cours à toute vitesse, une petite voix me souffle trois mots qui résonnent comme une formule magique à mes oreilles :

Tu es libre.

M'enfuir tout de suite est très tentant. Le seul hic, c'est qu'Odin est encore dans la suite. Et il est tout simplement hors de question que je l'abandonne.

J'accélère ma foulée à en perdre haleine, manquant à plusieurs reprises de m'étaler dans la forêt plongée dans la pénombre à cause des grands arbres centenaires de la région. Trempée, haletante, je pique un dernier sprint en direction de la chambre. Paniquée, je toque comme une dératée contre la porte. Mon cœur cogne fort dans ma poitrine. Lucas me fait volontairement attendre, ravi de me savoir enfermée à l'extérieur. Du Lucas tout craché.

Lorsqu'Odin se met à aboyer de toutes ses forces, il se résout à m'ouvrir pour ne pas attirer l'attention de nos voisins de chambrées. Encore une fois, c'est mon chien qui vient à ma rescousse.

Le souffle court, j'entre dans la pièce et découvre avec stupeur que les draps sont défaits. Une boîte de préservatifs entamée est posée sur la table de nuit. Lucas sifflote, l'air détendu. Les pièces du puzzle s'assemblent rapidement dans mon esprit. Le dégoût se peint sur mes traits. Sa cruauté ne connaît aucune limite.

— Ma puce, j'ai réservé une table au restaurant pour dix-neuf heures. Je t'attends au bar, comme ça tu auras tout le temps de te préparer, d'accord ? m'informe Lucas, d'une voix mielleuse.

Je regarde Odin qui tourne la tête sur le côté, cherchant lui aussi l'erreur. Décontenancée, je plisse les yeux en fixant Lucas. Ça doit être sa partie de jambes en l'air improvisée qui a dû le détendre autant, je ne vois pas d'autre explication.

— Très bien, on fait comme ça. À tout à l'heure, chéri.

Mes derniers mots m'arrachent une grimace, tandis que je l'observe fermer les boutons de manchettes de sa chemise. Lucas est élégant ce soir. Je ne sais pas s'il a pris soin de s'apprêter pour notre dîner, ou s'il prévoit de revoir la sylphide du jacuzzi un peu plus tard. Je le scrute passer une main dans ses cheveux pour replacer une mèche de ses cheveux bruns vers l'arrière, puis il sort de la chambre comme si je n'existais pas.

Je ferme la porte à double tour derrière lui et me détends enfin. Enfin seule. L'occasion idéale pour me prélasser dans la baignoire de la salle de bain et évacuer les tensions de la journée. Odin me suit et pose la tête sur le rebord carrelé. Je m'amuse à lui lancer quelques gouttes d'eau sur son pelage soyeux, et il gémit en sautillant, ravi de pouvoir jouer.

—Je n'ose même pas penser à ce que tu as vu cet après-midi. Berk ! je m'esclaffe en le caressant.

Odin aboie et tire la langue. Je regarde l'horloge murale et constate que le temps passe bien trop vite lorsque que Lucas n'est pas là. Résignée, je sors de la baignoire, la peau rougie par l'eau brûlante. Je me sèche à la va-vite et extirpe les deux tenues que j'avais découvert un peu plus tôt dans mon sac.

De feu et de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant