Chapitre 34

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Ingrid

J'essuie du revers de la main, une goutte de transpiration qui menace de couler le long de ma tempe. Les pieds en compote, je termine d'essuyer les derniers verres avant de les ranger sur les étagères du bar.

— Je suis rincée, s'exclame Sofia, ma collègue en sortant de la réserve.

— Moi aussi, j'avoue.

Malique sort de la cuisine au même moment, suivi de près par les autres membres de son équipe.

— Ne me dites pas que vous êtes fatiguées les filles, la soirée ne fait que commencer !

J'esquisse un sourire devant son enthousiasme. Comment fait-il pour avoir encore autant d'énergie après un rush pareil ? Mes pieds sont en compote, et je n'ai même pas eu le temps de boire une gorgée d'eau depuis mon arrivée. Je baille derrière ma main, quand Malique enroule son bras autour de mon épaule.

— Ne me dis pas que tu es fatiguée ! C'est quoi cette jeunesse ! À ton âge, je ne dormais même pas entre le service du samedi soir et celui du dimanche midi.

À l'entendre, on croirait que je suis encore une adolescente. Même si je n'ai que vingt-trois ans, mes années lycées me paraissent bien lointaines. Peut-être est-ce parce que j'ai ouvert mon entreprise dès l'obtention de mon diplôme où de ce que j'ai vécu ces deux dernières années, mais j'ai l'impression d'être bien plus âgée que je ne le suis en réalité.

Je jette un coup d'œil vers le coin VIP et voit Sven se diriger vers le grand escalier en compagnie de deux autres hommes. Lorsqu'il lève son menton vers moi, vêtu de son déguisement de cow-boy, une douce chaleur s'éveille dans mon bas ventre. Les vieux westerns à la télé, ça n'a jamais été mon truc, mais là, devant ces pectoraux musclés, ces dessins qui courent partout sur son corps... je suis en train de réviser mon jugement.

Sofia m'alpague pour l'accompagner aux vestiaires. D'un rapide geste de la main, je salue Sven et lui désigne d'un coup de tête la porte du fond qui donne sur la partie du bâtiment réservée au personnel. Je talonne ma collègue, ravie de parler à une autre femme de choses légères, comme la dernière série en vogue à la télé ou de nos goûts musicaux respectifs.

En arrivant dans la pièce qui nous ai réservée, je me douche à la va vite avant de mettre la tenue que j'ai apporté pour l'anniversaire de Malique. Je l'admire un instant avant de la glisser à mes pieds pour m'y faufiler. Le tissu de la robe bleue nuit épouse mes courbes à la perfection. Je pivote devant le miroir pour regarder le dos nu plongeant du vêtement qui s'arrête à la naissance de mes reins. Un sourire naît sur mon visage en repensant au jour où je l'ai acheté. J'étais en vacances à Stockholm et j'avais passé le samedi après-midi à faire du shopping avec mon cousin. C'est lui qui m'a convaincu de la prendre, même si je lui rétorquais que les occasions de la porter ne seraient pas nombreuses.

Sofia siffle derrière moi.

— Wahou, tu es canon.

Ma gorge s'assèche à son compliment, je n'ai pas l'habitude d'en recevoir. Je la remercie et le lui retourne. Sa mini-jupe en cuir bordeaux assorties à ses boots en cuir, ne sont pas en reste non plus. Je m'assois sur le banc placé entre la rangée de casiers en attendant qu'elle se finisse de se préparer, et l'observe se maquiller. Ses gestes sont précis et rapides. La quantité de produits dans sa trousse est impressionnante.

— Tu veux que je m'occupe de toi ?

J'hésite un instant. Je suis plutôt du genre naturel, et n'ai jamais été douée pour appliquer du mascara sans qu'il bave sur mes paupières, ou du rouge à lèvres sans finir avec des traces sur les dents.

De feu et de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant