Ingrid
Les mains moites, je serre de toutes mes forces la balustrade en bois. Les battements de mon cœur s'accélèrent à mesure que nous grimpons les trois étages qui nous mènent à l'appartement de Nils. Les larmes me piquent les yeux en repensant à tous mes messages d'excuses restés sans réponse. Je ne pourrais même plus compter le nombre de fois où j'ai tenté de joindre Nils lorsque j'étais toute seule à la boutique.
Une boule d'appréhension me noue la gorge lorsque Sven et moi arrivons sur le palier. De quelle façon va réagir mon cousin en me voyant ? Pourrais-je lui sauter dans les bras pour lui faire un câlin comme avant ? Ce temps où Lucas me laissait encore voir mes amis et ma famille, avant de doucement prendre le contrôle sur tous les aspects de ma vie ? Autant de questions qui m'obsèdent depuis que mère m'a annoncé pendant le petit-déjeuner avoir écrit à Nils pour l'informer de mon arrivé à Stockholm, et que ce dernier lui a rétorqué que cela lui ferait plaisir de me revoir.
Sven esquisse un sourire lorsqu'il me rejoint et pose sa main dans mon dos en signe d'encouragement. L'empreinte de ses doigts sur ma peau inonde mon corps d'une douce chaleur. Depuis que je lui annoncé ma ferme intention de ne plus retourner à Jelling avec lui, une désagréable sensation m'étreint la poitrine. Celle d'avoir éteint sans le vouloir l'étincelle qui avait jailli entre nous. Or, c'était bien la dernière chose dont je voulais.
Je chasse ces sombres pensées de mon esprit lorsque je vois arriver au petit trot la chienne adorée de mon cousin. La porte entrouverte lui a permis de se faufiler entre mes pieds. Je me baisse pour la caresser, non sans la complimenter au passage sur son nouveau collier en cuir autour duquel pendent trois breloques en forme de dragon.
— Qu'est-ce que c'est que ça ? m'interroge Sven, en pointant l'animal du doigt.
— C'est une chienne. Elle s'appelle Khaleesi. Odin lui fait peur, c'est pourquoi je l'ai laissé chez ma mère.
Un éclat de rire m'échappe lorsque le petit loulou de Poméranie se couche sur le dos pour réclamer des gratouilles Je m'accroupis, heureuse de pouvoir à nouveau caresser son petit ventre doux
— Ça y est, on l'a perdu, s'exclame mon cousin en découvrant Khaleesi, les yeux fermés.
Surprise, je relève le menton et l'observe, l'épaule adossée contre le chambranle de la porte. J'étais si captivée que je n'ai pas vu Nils apparaître. Un silence gêné s'installe entre nous. Nous nous regardons avec pudeur, un air contrit sur les lèvres. Ni lui ni moi n'osons prendre la parole. Je note au passage quelques subtils changements dans son apparence. Il a perdu quelques kilos, et s'est teint les sourcils en châtain clair. D'aussi loin que je me souvienne, Nils était constamment à la diète. Je ne pourrais même plus compter le nombre de régimes farfelus qu'il a tenté dans sa vie.
— Tu as bonne mine, je lance sans réfléchir.
Nils pouffe en levant les yeux en l'air.
— Très original.
Les lèvres pincées, je me redresse à la hâte. C'est vrai que j'aurais pu trouver quelque chose d'un peu moins banal pour briser la glace, mais c'est la première chose qui me soit venu à l'esprit.
— Tu ne me présentes pas ton ami ? il me demande en insistant sur le dernier mot.
Nils s'avance vers Sven et sans lui demander son autorisation, s'approche de ses tresses pour en toucher une du bout des doigts. Mon cousin siffle d'admiration.
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De feu et de glace
Любовные романыIngrid aurait dû se méfier de Lucas. Elle savait que les hommes manient avec dextérité le langage de l'amour. Pourtant, jamais elle n'aurait cru qu'en acceptant le verre de Lucas ce soir-là dans ce bar, sa vie volerait en éclat. Deux ans plus tard...