Chapitre 8

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Ingrid

Une migraine atroce me vrille la tête. J'essaie de me rendormir mais Odin en décide autrement et se met à japper. Agacée d'être tirée des bras de Morphée, j'ouvre un œil et constate que je ne suis pas dans mon lit. Je regarde à droite, à gauche, paniquée, et ne comprends pas tout de suite où je me trouve. J'essaie de rassembler les idées dans ma tête, mais tout est flou et cette douleur sous mon crâne n'arrange rien. Soudain, des bribes d'images me reviennent en mémoire.

La fuite. Le sanglier. L'accident de voiture. Ça y est, je me souviens.

L'angoisse me gagne. J'ai l'impression de suffoquer. Je suis trempée alors que la température extérieure a brusquement chuté quand la nuit est tombée. Je dois à tout prix sortir de la voiture, avant qu'un automobiliste me découvre et ait la bonne idée d'appeler la gendarmerie. Avec précaution, je bouge mes membres, mes orteils sont réceptifs, mes doigts aussi. Rien n'a l'air cassé. Je porte ma main à mon front et grimace en découvrant que je saigne. Je tourne la tête et aperçois avec soulagement qu'Odin est à l'extérieur du véhicule.

Je m'extirpe de l'épave en passant par le pare-brise brisé. Il me suffit de grimper par-dessus mon volant pour sortir, l'avantages d'être petite. Dans notre malheur, Odin et moi avons eu beaucoup de chance. Nous ne sommes pas tombés dans le ravin, un arbre a amorti le choc et les airbags se sont enclenchés. Je m'approche de mon chien et le caresse pour le rassurer. Il remue la queue, se lève mais boite de sa patte avant droite. Un gémissement s'échappe de sa gueule. Le porter ne sera pas une mince affaire.

Je me dirige vers le coffre pour récupérer mon sac et ma besace contenant mes économies. Les poings sur les hanches, je me mords la lèvre.

— Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? je demande, inquiète à Odin.

Il se couche à mes pieds en tournant la tête sur le côté. Un rire amusé m'échappe en observant sa réaction.

— Dormir à la belle étoile ? Tu crois que c'est le moment, là ?

Déterminée à trouver un plan B, je réfléchis à une solution. Il faudrait que je réussisse à rejoindre Strasbourg pour louer une voiture. Odin et moi devons marcher jusqu'au village le plus proche pour prendre le train. Avec mon sac sur le dos, et l'animal blessé sur mes épaules, je frissonne d'avance en imaginant le temps que cela va me prendre.

Le doute se distille peu à peu en moi. Ai-je bien fait de partir cette nuit ? Ai-je une chance de réussir à m'échapper ? Tous les signaux sont au rouge. C'est comme si le destin venait de changer d'avis et essayer de me convaincre de faire demi-tour. Découragée, des larmes me brouillent la vue.

Un bruissement de feuilles me fait sursauter. De nombreux animaux, plus ou moins gros, vivent dans les forêts alentours. Je ne me sens pas rassurée. Comme si ça ne suffisait pas, la pluie se met à tomber à verse.

— Super, la cerise sur le gâteau ! je râle les yeux fermés, la tête basculée en arrière.

Tout à coup, un éclair illumine la colline devant moi. Je reconnais sans peine le temple du Donon à son sommet.

— Tu vois ce que je vois, Odin ?

Le lieu sacré est maintenant éclairé, comme un phare au milieu de la nuit. Je dois avoir une commotion, c'est la seule explication à cette vision. La chair de poule recouvre mes bras nus. La curiosité me gagne. Que vient-il de se passer ? Est-ce la foudre qui aurait provoqué un début d'incendie ? Je n'aperçois pourtant aucune flamme. Juste de la lumière. Comme si quelqu'un venait d'allumer un gigantesque projecteur.

De feu et de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant