Chapitre 35 - Avertissement

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Aina soupira, en enfilant sa robe.

J'ai encore rêvé cette nuit.

D'une femme et d'un homme aux visages légèrement flous. Les images qu'elle avait vu étaient courtes et pauvres en informations, mais elles avaient laissé une empreinte dans son esprit. Elle avait eu la vague impression que ce rêve n'était pas tout à fait comme les autres, même si elle ne savait pas vraiment pour quelle raison.

Elle n'avait jamais autant rêvé que ses derniers temps. Tout arrivait en même temps, la submergeant comme les vagues s'écrasant contre les rochers.

Elle leva la tête et croisa son regard terne et fatigué.

La qualité de ses nuits s'observait sur ses traits.

J'ai mauvaise mine.

Elle avait les paupières lourdes et l'esprit embrumé. Pourtant, elle ne pouvait pas se reposer. Elle avait du travail et elle ne pouvait pas y déroger. Elle soupira en fixant l'extérieur, réalisant en même temps qu'il était l'heure de se rendre dans la chambre de Lust. Son premier arrêt.

Elle n'avait pas particulièrement envie de le voir, mais elle n'avait pas le choix.

Je dois faire mon travail.

Elle l'avait à peine aperçu depuis leur dernière altercation et elle ne s'en était pas plainte. Elle aurait aimé que cela dur ainsi, mais il l'avait fait demandé ce matin. Elle avait su que cela était lui, dès l'instant où la clochette de sa chambre avait sonné sans s'arrêter.

Lust était après tout un homme impatient.

Je suis sûre qu'il va dire que je suis en retard.

Elle bailla et quitta la pièce, refermant soigneusement derrière elle. En traversant le couloir, elle se rappela de la veille, lorsqu'elle était revenue sans trop savoir comment de la chambre d'Elvan. Elle avait été si fatiguée qu'elle ne se souvenait que vaguement du chemin qu'elle avait parcouru. Elle avait après tout discuté avec son ami pendant de longues minutes, si bien qu'elle n'avait que peu dormi.

Elle regrettait un petit peu cela à présent. Elle aurait bien voulu se reposer plus...

Mais il est trop tard.

Il aurait fallu y penser avant. Elle entendit à nouveau la sonnerie de la clochette et s'empressa de quitter la pièce, pour trottiner jusqu'à la chambre de son maître. Debout devant la porte, elle hésita, légèrement anxieuse et frappa.

Il y eut un petit silence.

« Entre. » lui répondit la voix froide et tranchante de Lust.

Elle plissa les lèvres et tourna la poignée et lorsqu'elle entra dans la pièce, une grande main se glissa sur son col et la souleva, avant de la plaquer violemment au mur. De surprise et de douleur, elle poussa un gémissement, agrippant les doigts qui la tenaient en place en gesticulant.

Elle croisa le regard de Lust.

« Ma – Maître. » balbutia-t-elle, soudainement prise de panique sous la violence du choc et de l'expression que l'homme arborait en la regardant.

Il avait l'air prêt à la tuer, la fusillant du regard comme si il imaginait comment il pourrait la torturer.

Il était visiblement encore colère. Mais pourquoi ?

« Toi. » grogna-t-il, la pressant encore plus contre le mur. « Tu as été dans ma pièce. »

Elle retint un hoquet de stupeur.

Sa pièce...

Oh... La pièce aux marionnettes... ! L'évocation de cela la fit pâlir à vue d'œil et elle ne parvint qu'à hocher frénétiquement la tête. Les dents serrées.

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