Chapitre 43 - Rencontre

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Une jeune femme seule dans une glaciale nuit d'hiver. Les cheveux au vent et le regard tourné vers l'horizon, elle balançait d'avant en arrière au rythme de la brise, un air mélancolique au visage.

Ah... L'horizon est si beau, pensa-t-elle, les yeux rivés sur la surface de l'eau, qui reflétait la lumière de la lune et l'obscurité du crépuscule.

La beauté de l'instant lui coupa le souffle, autant qu'il l'emplissait d'un profond chagrin, qui lui secoua l'âme. Elle n'arrivait pas à croire que pareil panorama s'offrait à elle en ce jour terrible. Celui où tout avait basculé pour elle.

Celui où sa vie toute entière avait volée en éclat.

Quelle ne serait pas sa joie, à l'idée que cette image soit la seule qui demeure en elle. La seule qui perdure en son esprit, engloutissant toutes les autres.

Celles qui la rongeaient de l'intérieur et qu'elle voulait à tout prix oublier.

Elle agrippa un peu plus fort le rebord du pont, penchant la tête en arrière en fermant les paupières. Les larmes qui surgissaient depuis quelques minutes de ses yeux s'échappèrent, glissant à toute allure le long de ses joues pâles et humides. L'air était si agréable, si salvateur pour elle et les bruits de la nature si apaisants.

Ils lui auraient presque fait oublier sa peine, sa peur, ses hurlements. Ceux qui n'arrêtaient pas de la hanter, de lui rappeler ce qu'il s'était produit.

Ce qu'elle n'avait pas pu empêcher.

Elle vit au loin les lumières de la ville, qui brillaient comme des joyaux et se fit la réflexion que c'était un bel endroit, bien plus que tout ce qu'elle avait jamais vu. Un endroit plus qu'adapté pour un long voyage.

Une ultime expédition.

Elle s'attrista que sa mère et son frère ne puisse pas l'y accompagner, mais cela n'était pas grave. Même si elle s'absentait, Alexander ne serait pas seul. Elle se sentait terriblement vide, terriblement las de son existence.

Elle s'en voulait d'envisager de partir en solitaire, mais elle ressentait le besoin intense et pressant de s'évader. De quitter cette ville et ses démons pour enfin se débarrasser du poids qui pressait chaque jour un peu plus sur son cœur.

Elle baissa les yeux vers le bas à cette pensée, laissant ses sanglots chuter jusqu'à la rivière, qui semblait l'appeler, comme le chant des sirènes. Elle aperçut ses habits en lambeaux du coin de l'œil et soupira.

Mes habits préférés, quel dommage.

Il n'en restait pas grand-chose. Juste des bribes. Comme son cœur.

Elle ressentait de l'appréhension et une pointe de peur, mais sa soif de calme et de répit étaient bien plus puissantes. Elle se rapprocha doucement du bord, en se demandant si l'eau était aussi froide qu'elle en avait l'air. Elle serra les poings, prenant une grande inspiration, qui l'enveloppa de courage.

Il était temps de partir.

Il était fort regrettable que la conclusion de tout cela soit celle-ci, mais elle n'arrivait à en envisager aucune autre.

« La nuit est belle ce soir. » souffla la voix d'un homme, qui manqua de la faire sursauter.

Elle, qui ne s'attendait visiblement pas à de la compagnie à cette heure-ci, tourna la tête pour apercevoir la silhouette d'un homme engloutie par l'obscurité. De là où elle se trouvait, elle ne vit pas grand-chose de lui, à part la forme de son corps élancé et athlétique et ses cheveux ondulés retombants le long de son cou.

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