Chapitre 39 - Le lac

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La fraicheur du vent la frappa comme une gifle, dès l'instant où elle posa le pieds dehors. Il faisait frais et l'air était humide, comme s'il allait pleuvoir, mais elle n'y prêta pas attention. Tout ce qu'elle voulait était de sortir du manoir, de reprendre son souffle et de recouvrer son calme.

Elle avait encore le cœur battant et les mains moites.

« Aina ! » l'appelait Elvan, tandis que ses pas s'approchaient.

Elle sursauta en l'entendant, comme si elle ne s'y attendait pas et s'enfonça vers le premier endroit qu'elle repéra : la forêt. Elle ne savait pas exactement où elle allait, mais elle voulait simplement partir d'ici. S'éloigner le plus possible de la maison et de cet homme qu'elle n'était même plus certaine de parvenir à regarder dans les yeux.

Elle était presque sûre qu'il la suivait, aussi pressa-t-elle le pas, sans se retourner, espérant mettre le plus d'espace entre elle et lui.

Les bois étaient toujours aussi lugubres et effrayants, mais elle n'y pensa pas. Son esprit tout entier était occupé par son chagrin et par la peine que le rejet d'Elvan avait provoqué en elle.

Il l'avait repoussé.

Rien que d'y penser, elle avait mal au cœur. Elle avait pour la première fois aimé quelqu'un et avait voulu s'approcher de lui, mais son affection n'avait pas été retournée.

Celui a qui elle avait voulu donner son cœur en aimait une autre et elle ne savait pas comment l'accepter.

[Je ne peux pas.]

Elle continua à courir dans la forêt, sans prêter attention aux alentours qui s'assombrissaient à mesure qu'elle poursuivait sa course. S'enfuir n'allait certainement pas l'aider et cela ne ferait pas disparaître Elvan, ou ses sentiments pour lui. Pourtant elle ne trouva aucun autre moyen de recouvrer son calme.

Y penser lui donna envie de fondre en larmes.

Comment avait-elle pu imaginer qu'il accepterait son amour ? Il aimait Void, qui était une jeune femme de bonne famille, une noble élégante comme une belle fleur.

Alors que moi...

Elle, n'était qu'une simple servante, sans aucune élégance et qui passait sa journée à s'incliner devant les autres. Elle n'avait rien à lui offrir, rien qui pouvait faire pencher la balance en sa faveur.

Exténuée, elle s'arrêta enfin près d'une pierre et s'y accouda. La fatigue de sa course la submergea, maintenant qu'elle était seule et elle toussa, parce qu'elle n'avait plus de souffle.

Et aussi parce qu'elle avait terriblement mal au cœur.

« Elvan. » souffla-t-elle, emplie de chagrin.

Elle ne savait pas que l'amour pouvait être si tragique. Elle ne savait pas vraiment à quoi elle pensait en imaginant aller plus loin avec lui, mais elle se sentait maintenant sotte, d'avoir cru que cela pourrait fonctionner entre eux.

Naïvement, elle avait pensé que la gentillesse du majordome à son égard était un signe de la réciprocité de ses sentiments, mais elle avait été trop crédule. Elle n'était pas assez expérimentée en amour pour remarquer que de tels signes n'amenaient pas nécessairement à la conclusion qu'elle imaginait.

[N'est-elle pas charmante ?]

Oui. L'amour n'était pas si simple.

[Papa et maman doivent parler.]

Et les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être.

Elle poussa un soupire. Le calme lui revint petit à petit, maintenant qu'elle était seule dans la forêt.

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