Chapitre 3 : La mère

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Sana était maintenant décidée, elle se voyait comme une fonceuse, et elle voulait en être une. Elle avait les réseaux de Tzuyu, en même temps ceux-ci n'était pas difficiles à trouver. Et si cette dernière ne voulait pas lui envoyer de message, elle allait le faire. Maintenant, se posait la question de comment l'aborder, et dans sa petite chambre chez son père, au milieu de copies et de feuilles de papier n'appartenant pas forcément à ses élèves, elle n'arrivait pas à y voir clair. Sa chambre était en bazar complet, et ça avait toujours été le cas. Elle s'y retrouvait, enfin avec le temps pas toujours, elle manquait surtout grandement de place. Et alors qu'elle avait encore des copies à corriger, elle décida d'envoyer un message plus simple, « Ça m'a fait plaisir de te voir hier, je n'ai pas pu t'envoyer un message avant à cause de la quantité de travail qui me restait à faire. Mais à l'occasion essayons de nous croiser rien que toutes les deux. » Le tout signé par son prénom, Sana.
Elle trouvait ce message osé, mais ça ne lui déplaisait pas, au contraire. Mais maintenant attendre une réponse était le plus long et le plus stressant, ne voulant pas s'embêter avec ça, elle décida de finir de corriger ses copies, ce qui allait l'occuper pendant encore une petite heure.
Une fois cette heure passée, ça frappa à sa porte, en buvant un énième thé, elle laissa la porte s'ouvrir sans rien ajouter. Il s'agissait de son père qui passait seulement son tronc afin de s'adresser à sa fille.
- Sana, ta mère voudrait que tu passes la voir, tu n'es pas allé chez elle la semaine dernière, elle m'harcèle avec ça.
Sana soupira, voir sa mère lui pesait fortement, et elle ne voulait pas passer son temps à s'infliger cela.
- Je sais, mais la dernière fois que l'on s'est vu, on s'est engueulé pendant 2 h. Il me reste encore des copies à corriger, mais j'irai la voir dans la semaine.
Son père souria, satisfait de la réponse de sa fille.
- Bien, d'ailleurs, c'est bientôt ton anniversaire, on a enfin réussi à se mettre d'accord, on te payerait ton appareil photo.
La jeune fille acquiesça avec des étoiles dans les yeux, son père partait, mais elle ne s'en rendit même pas compte, les photos, c'était son rêve. À l'origine, elle voulait être photographe, mais étant donné que cela ne fonctionnait uniquement par les relations, elle ne put le devenir, alors cette passion qui lui était bien assez chère devenait comme un regard de nostalgie tourné vers le passé. La photo avait toujours attendu, attendue la fin de ses études, attendue d'avoir un peu de stabilité dans un emploi et maintenant attendue d'avoir un appartement. Plus le temps passait, plus ce rêve ne devenait qu'un lointain souvenir.
Décidée, elle mit ses copies de côté, enfila un manteau, prenant son ancien appareil photo puis se dirigea vers sa mère.

Celle-ci habitait à une bonne demi-heure à pied de chez son père. Elle avait bien moins de moyens que son père, et ne vivait qu'avec des hommes venant d'à droite et à gauche. Leur relation avait toujours été compliquée, elle se rappelait toujours de la violence de sa mère, qu'elle soit verbale ou encore physique. Ses parents avaient passé son enfance à s'engueuler, et il lui arrivait de finir au milieu de la rue en pleine nuit, voulant à tout prix fuir cette situation. Cela ne l'avait pas aidé pour sa scolarité, Sana avait toujours paru à la fois réservée, mais aussi trop expressive, ce qui avait fait fuir fille et garçon qui ne voulaient pas être à ses côtés. Elle se voyait donc plus ou moins seule, avec seulement son travail pour lui redonner un minimum de morale.

Elle finit par arriver devant chez sa mère, la maison qu'elle louait n'était pas bien grande, à vrai dire, il s'agissait d'un appartement dans une résidence composée d'un étage et d'un magasin de fleurs juste en dessous. Elle fit le tour et sonna à sa porte, sa mère râla immédiatement, mais alla tout de même lui ouvrir. En la voyant, elle n'avait aucune expression, sans doute due au choc, mais il n'en fallait pas plus pour qu'elle commence déjà à se plaindre.
- Tu n'es pas passé la semaine dernière.
Elle se retourna en traînant de pieds et en se dirigeant vers le salon, Sana lui répondit, même si elle savait déjà qu'elle était ignorée.
- J'ai du boulot au lycée !
Sana soupira puis entra.
L'appartement était sale, mais il était aussi en bazar et en mauvais état, sa mère faisait le minimum pour en prendre soin, elle se laissait mourir dedans se disait la jeune femme. Dans le salon, la télé était allumée et sa mère déjà installée dans le canapé.
- Je suis très aimé de mes élèves, je me donne à fond pour eux. Je suis sûr de rester longtemps à cet emploi, alors j'en profite un maximum pour mettre de l'argent de côté.
Sa mère se retourna et de mauvaise humeur lui lâcha.
- Si tu en as trop, j'aimerais bien en avoir un peu, je ne gagne pas assez.
Sana soupira une nouvelle fois.
- Ça, c'est parce que tu dépenses tout en alcool. J'aimerais bien mettre de côté pour pouvoir déménager. Ma chambre est trop petite, je ne m'en sors pas.
Sa mère l'ignora de nouveau, et Sana savait déjà qu'elle ne pouvait plus rien attendre d'elle. Elle s'installa par terre, mit ses jambes en dessus la table chauffante puis reprit son téléphone. Tzuyu lui avait répondu.
« Salut Sana, je ne serai disponible que mardi, ce week-end, un événement dans Busan me prendra tout ce temps, désolé. »
Sana souria et lui répondit que cela ne lui posa pas de problème, et qu'elle avait même hâte de la revoir. Or, le sourire aux lèvres, cela attira malgré tout la curiosité de sa mère.
- Pourquoi est-ce que tu souris comme ça ?
Sana la regarda innocemment.
- Je me suis faite une amie la semaine dernière, on s'organise pour se revoir dans la semaine qui vient.
- Tu n'as pas autre chose à faire !
Sa mère monta le ton, ce qui surpris Sana, avant de se dire que finalement, elle s'en doutait un peu.
- Si, ne pas être ici à te subir, ça pourrait déjà être un bon point de départ. Ensuite déménager et penser un peu à ma vie, me projeter que de te voir coincer dans le canapé à gueuler.
Sa mère se leva brusquement, c'était le signe pour Sana qu'elle allait se faire cogner, prendre un coup de sa mère était sa marque de fabrique quand elle était plus jeune. Mais cette dernière peina et d'avoir été aussi brusque retomba sur le canapé. Depuis qu'elle était profondément alcoolique, Sana n'en avait plus peur, sa mère étant maintenant devenue faible.
- Tu me ferais presque peine à voir.
Sana où partir, mais alors que le silence fit de nouveau place, elle resta encore une heure à ses côtés en corrigeant des copies de ses élèves.


la jeune star (satzu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant