Vingt-deux

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Elle

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Elle

Si je m'écoutais là tout de suite, c'est immédiatement que je quitterai ce palais ou l'air est désormais irrespirable.

Cependant, partir alors que le ciel se montrera
bientôt obscure et dangereux compliquerait ce départ que je n'espérai pas si précipité.

Je boucle tout de même le peu d'affaires que j'ai emporté avec moi. A vrai dire pas grand chose; trois robes, quelques voiles, et une pochette renfermant des objets de soins.

Ah oui ! Et désormais ce livre offert par la princesse Nawel. Ce livre que j'ai déjà lu deux fois, depuis qu'elle me l'a confié avec générosité. Voici l'unique souvenir que j'emporterai de Mador. En particulier celui du roi surtout avec intensité.

J'inspecte le manuscrit en réalisant que son contenu est parvenu à faire vibrer mon coeur de pierre. Cette poésie mielleuse que je raillais jadis, a fait jaillir en moi plus de sentiments et de mélancolie que je ne m'y attendais. Et ce fut en me plongeant dans cette lecture durant les dernières nuits de mon séjour à Mador, que ma préoccupation pour ce roi s'est transformée en un sentiment frôlant dangereusement l'obsession.

Une obsession qui me fait perdre la tête et me guide vers une folie dont j'ignore l'ampleur et la finalité. Quitte donc mon esprit, roi impétueux. À Mador, je suis arrivée Cavalière et je n'en partirai pas changé en cette énième Reine, parmi tant d'autres.

On frappe à la porte de ma chambre.

— Entrez, invité-je d'une voix calme tandis que j'ai le dos tourné vers l'entrée de ma pièce, et que je plie mes quelques tenues, jetées sur mon lit.

J'entend la porte s'ouvrir, des pas s'approcher vers moi, et puis des bras enlacent ma taille avec ferveur. Un sourire point sur mes lèvres.

Son odeur de jasmin la trahit avant qu'elle ne prononce le moindre mot.

— Ne pars pas, Balqis ! Ne pars pas je t'en conjure, m'implore la toute jeune Saryana.

Mon coeur se serre.

— Pourtant, il faut bien que je parte, ce jour ci ou un autre.

— Alors je prie pour que ce soit un autre. Un autre bien lointain.

Je me tourne pour lui faire face, alors qu'elle dessert son étreinte. Son regard humide communique l'affection sincère qu'elle éprouve envers moi. Moi la simple villageoise de Raqem.

Et je comprend à cet instant précis, que je ne les déteste plus. Les Al Qasimi. Je ne sais plus les haïr. Je n'en suis plus capable. La haine s'est fait déloger de mon coeur solide et impénétrable pour laisser place à une affection loyale et inattendue. 

— Saryana a raison, ne part pas Balqis, me surprend une seconde silhouette postée à l'écart.

Nawel.

La cavalière des sablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant