Six

4.9K 365 99
                                    

Elle

Que je meurs sur le champs, si un jour je cautionne qu'un innocent soit jugé à ma place. Et combien ma conviction se renforce quand cet innocent se trouve être mon cousin le plus cher, celui avec lequel je me suis construite et façonnée avec tant de solidité.

Sofiane, le fils de mon oncle envers lequel je cultive le plus grand respect.



Le roi d'Anjalar me fixe de ses deux billes noires, aussi sombres que l'est l'état de mon coeur.

De mon âme.

Il ne me lâche pas du regard et semble un instant déstabilisé par ma requête. Une session de tir à l'arc et j'évincerai Sofiane, sans la moindre difficulté.
Ce roi de pacotille ne m'inspire aucune crainte parce que je ne crains qu'un seul châtiment : celui de Mon Créateur.

Hakim me fait face avec son sabre, et je lis dans la profondeur de ses yeux, qu'il confronte une femme pour la toute première fois.
Pourquoi ne suis-je même pas étonnée?

Un sourire s'étend sur mes lèvres dissimulées sous mon voile.

— Range ton arc, fille de Sabah. On ne brandit pas une arme devant son roi, m'adresse t-il

—- Balqis ! Je t'en prie, s'en joint Sofiane.

— Je ne demande qu'une chose, je veux tirer une flèche. Une seule et t'innocenter mon cousin, articulé-je sans me démonter.

Le souverain me lance un regard furieux. Je suis aux portes de sa colère.

— Ça n'est pas toi qui fait les règles. Je suis le souverain, et je te commande de rentrer chez toi, avant que ma colère ne s'abatte sur toi ! gronde t-il sans m'impressionner un seul instant.

Je laisse le silence s'étendre quelque peu.

— Alors que ta colère s'abatte sur moi, je ne rentrerai pas ! planté-je en serrant plus fort mon arc.

Le roi d'Anjalar serre les poings et dépasse Hakim pour me confronter.

— Oses-tu tenir tête à ton maitre? lance t-il en se plantant devant moi et me surplombant de sa hauteur.

— Je n'ai qu'un Maitre, et Il est Istawa sur Son trône.*

Ses grands yeux ébènes vacillent légèrement, je vois son torse se gonfler, et puis il inspire sans jamais rompre le contact visuel.

— Tu es une petite fille qui finira par se perdre. L'audace est une qualité, à raison de l'utiliser avec parcimonie, dit-il avec calme alors que je pensais le voir éclater de rage.

— Je ne suis pas une petite fille !

— Pourtant tu agis comme telle. Tes caprices causeront ta chute.

Le roi finit par me tourner le dos. Je déteste le ton qu'il emploie. Je suis à deux doigts de rétorquer quand Sofiane attrape mon avant bras pour y soumettre une pression afin de me redonner raison.
Je peux lire sur ses lèvres « Calme toi Balqis ! Soit raisonnable ».

La raison? Elle ne dicte plus mes actions depuis bien longtemps. Seul mon coeur m'oriente désormais. Lui seul guider par Mon Seigneur.

Et puis, le roi finit par se plier.

— Soit ! Ce soir à la nuit tombée, vous tirerez chacun une flèche aux portes de Raqem.

Une pensée m'inspire qu'il souhaite me voir utiliser mon arc, et que la curiosité de voir une femme savoir se servir d'une arme l'emporte sur sa décision de roi.

La cavalière des sablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant