Dix-huit

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Elle

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Elle

Enfermée dans ma chambre, je ne cesse de fixer mon reflet, des larmes roulent sur mes joues, tandis que mon coeur ne cesse de s'alarmer toutes les fois ou les paroles du roi, inondent mon esprit.

Que m'arrive t-il? Ou est donc passée cette cavalière robuste et inébranlable en provenance de Raqem? Je ne la vois plus. L'ai-je perdu en chemin? Je crains fort que oui.

La Balqis qui se montre devant ce miroir n'est plus celle que je connais. Cette femme là n'aurait jamais laissé les paroles de ce roi lui attendrir le coeur.

Pas un seul instant. Elle aurait balayé d'un revers de main toute cette poésie destinée aux femmes délicates sans que cela ne lui paraissent être un effort.

Et si mes larmes coulent, ça n'est pas d'émotion. Si elles coulent, ce n'est que par déception. Une déception puissante et douloureuse. Oh que oui, je me déçois. Il n'y a pas meilleure façon de qualifier le mal que je me fais à moi même.

Je relève mes doigts vers mon visage et essuies mes larmes, le bout de mes phalanges caressent ma cicatrice. Cette marque que je déteste autant que je me déteste moi même à cet instant précis.

Je réalise en baissant les yeux sur ma tenue, que je suis encore trempée par ma balade au bord de l'eau. L'envie de prendre un bain chaud me réjouie un peu.

Furtivement.

Et à peine ai-je formuler ce souhait auprès d'une domestique, que quinze minutes plus tard, on m'invite à profiter d'une baignade aux températures chaudes et aux eaux parfumées.

Je reste ainsi une bonne heure, le corps plongé dans cette baignoire en fonte. Mes longs cheveux bruns flottent à la surface. Je m'autorise un relâchement total dans la solitude de cette pièce éclairée à la bougie.

Je pense à mon village. À ceux que j'aime et qui me manque démesurément.

Ma mère, je la revois, il y a dix ans s'effondrer sur le sur le sol de notre maison, frapper la terre de ses poings jusqu'à les rendre rouge ardent. Ses cries me hantent encore. Ils me hanteront à jamais.

Et puis je me revois aussi courir après lui dans un espoir de le retenir auprès de nous. Mon coeur inondé d'espoir, s'était changé en une fraction de seconde en un coeur noyé d'amertume et de chagrin.

Me laissant sur le sol, les yeux meurtris, mon père s'en était allée. M'offrant quelques paroles entrecoupées par des regrets, me témoignant la honte et cette faiblesse qui le rongeait à cet instant précis.

« Pardonne moi Balqis. Pardonne ton père. Je ne suis qu'un homme et je n'ai pas su faire autrement. Tu deviendras une femme redoutable, je n'en ai pas le moindre doute. Ne laisse pas un homme te blesser comme moi je l'ai fait. Jamais. »

De nouveaux les larmes s'invitent sur mes joues.

Dans l'intimité de mon coeur, puis-je avouer qu'il me manque? Puis-je reconnaître qu'il n'a jamais quitté l'ardeur dans ma poitrine et ni même mon esprit?

La cavalière des sablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant