Quinze

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Lui

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Lui

Ma mère est debout devant un tableau accroché au mur. Sur celui ci, mon père, ainsi que mes quatre soeurs et puis moi. Je porte un qamis blanc et une coiffe traditionnelle, mon père est paré de la même tenue. Nous l'entourons, ses filles et moi. Sauf ma mère n'apparait pas sur les toiles disposées dans le palais. Mon père était d'une jalousie sans précédent concernant son épouse et refusait que sa beauté soit exposé à tous.

Après tout je ne le blâme pas, si j'aimais une femme comme lui aimait ma mère, je ne pourrais agir autrement.

— Leila doit avoir quinze sur ce tableau, non? amorcé-je en parlant de l'ainé de notre fratrie.

Et dire, qu'elle attend son quatrième enfants désormais.
Ma mère se tourne vers moi, un grand sourire aux lèvres, ses yeux sont légèrement rougies. Je suis venue quelques secondes avant que le chagrin l'emporte.

— Leila avait tout juste quatorze ans, Nour huit ans, Nawel six ans, et Saryana n'avait qu'une année. Toi Juhayd tu venais d'avoir douze ans, mon fils.

Je lui souris chaleureusement.

— Et voilà que tu as atteint ta trentième année Juhayd, complète t-elle en expirant avec nostalgie.

Je l'inspecte minutieusement, ma mère est toujours aussi éblouissante. Une taille élancée et fine, qui ne peut laisser croire qu'elle a un bien porté la vie à huit reprises. Oui, huit fois. Malheureusement, trois de ses enfants ont perdu la vie au cours de leur très jeunes âges. Trois fils.

Je suis le seul de mes frères à avoir atteint l'âge adulte. Je me concentre de nouveau sur la toile et plonge mon regard dans celui de l'homme envers lequel j'éprouve un respect sans équivalence.

L'ancien roi d'Anjalar, mon père.

— Fais des invocations pour que j'atteigne la trente et unième sans encombre, mère, finis-je par répondre après un long silence.

— Je ne fais que ça, dit elle en entourant l'une de mes mains avec les siennes.

Je souris de nouveau, et puis je finis par mettre les pieds dans le plat. Parce qu'il faut bien le faire.

— Tu m'as fait appeler? demandé-je alors que je connais pertinemment de quoi, ma mère souhaite s'entretenir.

— Oui, allons nous asseoir. J'ai fait parvenir un thé et des biscuits, comme tu les aimes.

Nous nous dirigeons vers un petit salon décoré selon les gouts de ma mère. Des fleurs, du rose, des dorures à foison.

L'ancienne reine d'Anjalar me sert un verre de thé en attrapant une théière en fonte. Elle me tend le liquide doré et fumant, et je l'accepte sans rechigner. Quand elle a aussi un verre en main, je relève la tête pour l'observer un instant.

La cavalière des sablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant