Chapitre 1

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La grande Mador s'est logée dans le creux de mon coeur comme le roi me l'avait habillement promis. L'incroyable cité libre du courroux de ses bourreaux, adopte désormais cette quiètude que je ne lui connaissais pas.

Moi, qui l'ai apprivoisé, ombragée par les tenébres de l'Assyriade, l'éclat qui l'anime desormais enivre chacun de nous, sans exception.
Nous sommes vivants. Nous le sommes, tous. Enfin... presque...

J'inspire profondément en relevant la tête vers les cieux. Laissant ma longue chevelure brune flotter avec légèreté. Mes paupières se glissent sur mes deux iris ébènes, me plongeant dans une semi obscurité tant la lumière du jour est imposante à ce moment du matin.

Mes lèvres s'étirent quand des souvenirs heureux me reviennent naturellement. Des histoires récentes me rappelant le bonheur indispensable dont Le Très Haut m'a gratifié. Et pour cela je
Lui suis d'une reconnaissance infinie, m'interdisant toute pensée ingrate et orgueilleuse.

Une main saisit la mienne, me surprenant sans pour autant me faire ouvrir les yeux. Nos doigts s'attachent avec évidence. Son odeur m'anime tandis que sa présence me réchauffe comme le fait l'astre de feu qui me brule la peau.

Mon roi.

Ses doigts capturent mon menton sans que mon sourire ne se dérobe, ainsi mon visage pivote vers lui.

— Est-ce à moi que tu penses pour sourire ainsi?

Je garde le silence un instant. Juste un instant. Suffisamment long pour que l'impatience tourmente son esprit.

— Dis moi, ma reine, me presse t-il.

— A qui d'autre Juhayd? lui destiné-je avant de relever mes paupières pour arrimer mon regard au sien.

Je vibre intensément dès lors que ses yeux brulants me rappellent combien il m'aime avec loyauté.  J'aperçois enfin ses dents immaculées et étincelantes avant que son rire grave secoue le muscle dans ma poitrine.

Juhayd prend place près de moi alors que je dispose sur un banc en pierre blanche situé dans nos jardins privés. L'air est brulant à cette période de l'année tandis que l'humidité des côtes rendent l'atmosphère étouffante. Cependant je reste à l'extérieur comme tout les matins, profitant du calme et de la beauté de la création divine. Projetant mes yeux sur le ciel, accrochant parfois les quelques oiseaux qui s'y aventurent souvent.

M'imaginer un instant, virevolter parmi eux et surplomber la mer et les terres paisibles de l'Anjalar. Retourner un instant à Raqem, embrasser mon oncle Morad, me jeter dans les dunes de mon enfance, et sentir le sable doux s'immiscer entre mes doigts...

La main de mon époux se pose alors sur mon ventre, me concédant un frisson puissant. Juhayd le caresse avec tendresse, et espoir. Mes menstrues ont du retard. Plusieurs semaines cette fois ci.

— Que fais-tu? Il est certainement vide, affirmé-je ne souhaitant pas le bercer d'illusion une fois de plus.

— Je place ma confiance auprès du Créateur de toute chose. Et j'ai l'intuition qu'un enfant naitra très prochainement.

Je souris pudiquement. Secrètement, je le souhaite avec ardeur. Ainsi, il n'y a pas une prosternation de mes prières durant laquelle je n'implore pas Le Seigneur des mondes de faire de moi une mère. Voila bien deux longues années que mon ventre se languit de porter la vie.

La cavalière des sablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant