Vingt-trois

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Elle

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Elle

L'aube ne me surprend pas. En réalité, je n'ai pas fermé l'oeil. Je suis restée éveillée, étendue sur mon lit. Et puis j'ai pensé à lui, mon père. À l'amour indéfectible et illimité que je lui voue encore, même si ma langue jure le contraire. Et pourtant, je m'efforce en vain de ne pas l'aimer.

« Ma princesse des Sables, tu m'as manqué.» prononçait-il dès lors qu'il franchissait de nouveau les portes de Raqem, tandis que je l'avais attendu la journée entière sous l'ombre d'un palmier. Son étreinte était la plus réconfortante à ce moment précis, la plus enveloppante et je jure de n'avoir jamais connu une telle sécurité que dans les bras de mon père.

Hélas... je l'ai perdu.

« M'as-tu ramené quelque chose, mon papa? Le roi m'a t-il encore fait un cadeau?» demandai-je bien trop rapidement dés lors que nous retrouvions le confort de notre foyer. Souvent, mon père m'offrait des sucreries ou des robes. Et j'ai la certitude aujourd'hui que cela n'était jamais de la part du roi, ce dernier ignorait mon existence. Tous, ignorait l'existence de Balqis, fille de ce « Jalil l'imposteur ».

«  Papa, regarde comme je monte bien maintenant ! Bientôt je serai comme toi, une cavalière du roi ! » lui répétais-je sans cesse sur le dos d'un de nos chevaux, avec fierté. Une fierté partagée que je voulais voir naître dans son regard, ainsi j'existais.

Dans les yeux de mon père, je demeurais vivante et pleine d'espoir. Mon père se contentait de me sourire, voilà comment j'étais récompensée de tous les efforts qu'il m'avait couté afin de l'impressionner.

« Tu mérites mieux que d'être une simple cavalière, Balqis, toi tu as l'allure d'une reine. Une reine des sables. »

« Une reine, papa? Mais je n'ai pas de palais, pas de royaume... » avais-je rétorqué.

« Ton royaume est ici ! Et tu y règneras sans encombre ma fille. Ton père te fait la promesse que jamais à Raqem tu ne connaitras le danger »

Et ce fut bien la seule parole véridique qu'il m'ait jamais dite. Raqem demeure une place paisible depuis toujours, un endroit sécurisé ou l'Assyriade n'a fait que contourner ses limites, sans jamais tenter d'y pénétrer.

« — Tu sais Balqis. Quand je suis à Mador, et que tu me manques si fort au point ou j'ai l'impression que tu n'as été qu'un rêve. Et bien, j'inspecte l'immensité du ciel. Je la fixe avec intensité. Et la lune me rappelle l'éclat de tes beaux yeux noirs. Je t'aime ma fille. Tu es la plus grande fierté qu'un père puisse avoir. Tu es ma plus belle bataille. Et celle qui occupe la plus grande place dans mes invocations.

— Tu invoques pour moi papa?

— Et pour qui d'autre? Tu es celle à qui je pense quand je me lève, celle à qui je pense quand je me couche. Tu sais Balqis, il n'y a pas un homme sur cette terre qui t'aimera d'un amour désintéressé comme le mien. De toi, je n'attend rien, si ce n'est d'être heureuse. Alors promet moi de l'être, ma fille. »

La cavalière des sablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant