Dix-sept

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Lui

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Lui

Balqis est bien silencieuse. Je l'observe galoper à quelques pas devant moi. Alors que l'aube arrive enfin, je ne l'ai pas entendu dire un mot depuis le succès de notre opération.

Est-elle contrariée?

Si elle savait combien son roi a eu peur pour elle. Si elle pouvait savoir combien l'inquiétude me rongeait, à chaque instant.

Et pourtant cette mission pour laquelle j'éprouvais de la méfiance est un véritable succès. Je l'admire pour cette bravoure inhabituelle dont elle fait preuve. Elle demeure de loin la femme la plus audacieuse et courageuse que j'ai pu rencontrer.

Et des femmes, on m'en a présenté depuis que j'ai l'âge de me marier.

Aucune ne peut l'égaler, désormais.

Je la revois s'éloigner auprès des archers, son arc sur l'épaule. Vêtue d'une tenue noire et m'adressant un dernier regard, j'ai eu cent fois l'envie de la retenir près de moi, mille fois le souhait de la garder dans la sécurité de mon palais.

Là ou j'y garde ma mère et mes soeurs.

Balqis pourrait y trouver une place de choix. Auprès de moi, son roi. Cet homme capable de lui offrir bien plus qu'elle ne peut imaginer.

Je presse Thalj afin qu'il rattrape la cavalière des Sables. Nous nous trouvons désormais l'un à coté de l'autre. Elle ne m'adresse aucun regard. Retenant fermement les rennes de Wafi, elle fixe l'horizon avec sérieux.

— Es-tu en colère Balqis? lui demandé-je sans détour.

— Qu'est-ce qui te fait penser cela?

— L'obscurité dans ton regard, la façon dont tu crispes tes épaules, ton silence aussi...

Elle finit par expirer.

— Je suis contrariée, et non pas en colère mon roi.

— Et pourtant nous repartons victorieux, et cela en grande partie grâce à toi et à ton intelligence que je salue.

— La victoire aurait été complète si tu les avais retenu prisonnier! plante t-elle avec hargne en me fixant.

Je sens dans ses yeux ébènes cette soif d'en découdre, cette envie ardente de toucher cette ennemie qu'elle semble détester autant qu'elle me déteste, moi, son roi, capable de mettre un genoux à terre pour la posséder entièrement.

— Je vois que tu as soif de reussite. Sache qu'aux yeux de ton roi, cette bataille en est une.

Ma voix est stable, teintée de fierté et de reconnaissance.

— Tu t'es montré trop clément. Ton ennemi considérera cela comme une faiblesse, ajoute t-elle avec un peu trop d'arrogance à mon gout.

Après tout, je ne suis même pas étonnée. Elle est Balqis, La Cavalière des Sables.

La cavalière des sablesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant