2 - Sarah-

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Par intermittence, une petite lumière bleutée arrivait à s'immiscer sous ses paupières. Brisant la pénombre de sa chambre, elle irradiait dans toute la pièce, lui brulant les rétines et l'extirpant d'un semblant de sommeil durement acquis. Un message venait d'arriver sur son smartphone. Source indéniable de cette nouvelle insomnie.

Fait chier...

Alors elle abdiqua, résignée à mettre fin à la torture.

Allongée sur le dos, Sarah du rouler sur le côté afin d'atteindre l'objet maudit. L'écran s'alluma à la reconnaissance de son visage bien qu'endormi et probablement très cerné. Il était 02h13 du matin. Son réveil sonnerait dans moins de 4h00 et elle maudissait déjà l'émetteur de cette missive nocturne. Elle regrettait de ne pas l'avoir éteint avant d'aller se coucher mais depuis qu'elle vivait seule, elle avait peur de s'y résoudre. Au cas où, si elle venait à louper une urgence vitale dans son entourage ou pire, s'il lui arrivait quelque chose de grave et que ses enfants ne puissent contacter les secours... Elle ne s'en remettrait jamais. Sarah n'était pas de nature stressée mais la vie et ses aléas lui avaient inculqué que bien baliser sa route permettait d'éviter certaines embuches.

Numéro de téléphone non répertorié. Aucun coupable connu à blâmer. Et la curiosité était à son apogée. Sarah céda à la tentation.

« Je te jure, t'es la seule meuf du monde à n'être sur aucun des réseaux sociaux. A croire que c'était voulu, que tu voulais pas que je te retrouve, jamais. Mais même si tu ne me réponds pas, je suis heureux, je sais que t'es toujours là, que t'es bien réelle, que t'as bien existée. Tu me manque. Amore... ».

Putain... vint en premier.

Attendre le matin et dire bonjour l'aurait surement étouffé, pensa t'elle ensuite.

Et merde, vint clôturer le flot de ses pensées.

D'un coup sec, elle retourna le téléphone, écran face à la table de chevet. Mais retrouver les bras de morphée après ça était tout bonnement impossible. Tout un flot de pensées contradictoires se livraient bataille en ce moment même dans sa tête... Une scène s'imposa derrière ses paupières... Celle de la toute dernière fois qu'ils s'étaient vu... Il y a 7 ans... Quand ils avaient... Quand elle l'avait à moitié violé dans son cabinet médical juste avant de l'insulter et de lui dire de foutre le camp... Alors Sarah ferma les yeux, partagée entre se laisser de nouveau emporter par ce passé tumultueux... ou suivre son idée, son plan qui jusqu'à aujourd'hui avait fonctionné, à savoir ; l'oublier.

Echec !

7 ans. Elle avait tenu 7 ans... Elle avait presque réussi pourtant, à l'oublier... Elle avait même construit toute sa vie actuelle sans lui dans l'équation, du moins, avait essayé...

Il lui fallut plusieurs versions, plusieurs longues minutes de réflexion. Elle a même songé à ne rien répondre. Elle sait pertinemment qu'elle aurait dû... ne rien répondre. Mais refréner l'assurance démesurée de Giulian avait toujours été plus fort qu'elle. Alors Sarah se redressa. Elle envoya valser sa couette aux pieds du lit et prit appui au mur afin d'y puiser force mentale et stabilité.

« Bonjour. Ou plutôt bonne nuit, vue l'heure. Non. Non, c'est plutôt moi qui ne voulais pas te retrouver. J'aurais tellement aimé juste pouvoir t'effacer... Ne plus jamais t'entendre, ni entendre parler de toi. Mais chaque fois, chaque fois que j'arrive enfin à prendre assez de recul, à enfin guérir de tout ça, de toi, il faut que tu reviennes foutre ta merde dans ma vie. Qu'est-ce que tu veux ? »

La réponse retour ne tarda pas. Elle eut le même effet qu'un coup de poing en plein thorax.

« Par ce que je n'y arrive pas, j'ai essayé, je te jure. »

Malgré le choc, malgré l'apnée engendrée, sa riposte fut brève et catégorique.

« Oublies. Essaye plus fort. »

Elle aurait dû bloquer le numéro à cet instant. Rester sur sa position, mais un nouveau message arriva.

« Je n'y arrive pas je te dis. Même la mort ne veut pas de moi. Tu as du en entendre parler...»

« Comme tu le sais, je ne vais pas sur les réseaux sociaux. Encore moins pour entendre parler de toi. »

Et comme pour se convaincre elle-même, comme guidée par une force plus déterminée qu'elle, elle poursuivit. S'enlisa.

« Ca fait 7 ans Giulian. J'ai une vie rangée maintenant. Tout ce que tu détestes. Laisse-moi tranquille STP. »

« Ça ne changera rien à ce que je ressens. »

« Giulian, j'ai un crédit sur 20 ans pour maison dans un village de banlieue. J'ai deux filles. Deux magnifiques jumelles en bonne santé. Au passage, je vais bien, merci. Je suis fonctionnaire ! J'ai une voiture électrique ! Et même un chat... Je continue ? Tu vois. Oublies. »

« Tu as été efficace. Bravo. Mais désolé, je peux toujours pas... »

« Tu ne veux toujours pas. J'ai 35 ans. », tenta-t-elle à bout d'arguments.

« Et alors ? A notre âge tout est encore possible. Fausse excuse. »

Une main passa dans ses longues boucles brunes emmêlées. Elle rejeta ses mèches folles en arrière en en coinçant certaines derrières ses oreilles, puis respira un grand coup.

« Je n'ai aucune, mais vraiment aucune envie de détruire tout ce que j'ai construit. »

Elle crut que cette réplique lui avait permis d'obtenir le coup de grâce car il mit un certain temps à trouver les mots, à abattre sa dernière carte...

« Ok. Admettons. Mais imagine qu'un jour tu regrettes, et que là, il soit vraiment trop tard ? »

Et bim, échec et mat'.

A ce jeu-là, il avait toujours gagné. Même elle, elle le reconnaissait.

Putain de Karma... Cupidon, t'es vraiment qu'un sale con !


***
Que pensez vous de ce premier chapitre ? Arrivez vous à vous imaginer Sarah ? Les ressentis qu'elle a pu avoir à la réception de ce message nocturne ? Du retour de Giulian dans sa vie ? 😄Je veux tout savoir !

Flammes Jumelles, putain de Karma ! (En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant