37 - Giulian-

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Il revérifia pour la troisième fois avec Pedro si tous les bagages étaient bien présents à l'arrière du Trafic. Les siens, d'abord, ceux de leur artiste aussi, mais surtout si le nombres de malles de matériel était bien correct. Il en fallait dix exactement, dix énormes caisses métalliques contenant plusieurs millier d'euros sous forme de câbles, adaptateurs, spots, amplificateurs et autres tables de mixage. Deux coups sur la carrosserie firent comprendre à Djibril, leur pote d'enfance promu chauffeur officiel, que la cargaison était opérationnelle. Pedro prit place au volant de leur Volvo, direction, l'Accord Arena ! Giulian, fidèle à lui-même, semblait détendu et se rendait au concert la fleur au fusil, sans aucune préparation aussi bien mentale, vocale, que physique. Il avait toujours été un gros procrastinateur, et tout ce qu'il n'aimait pas faire, il ne le faisait tout simplement pas. Alors pendant que Pedro tentait de lui faire part des dernières infos au sujet de la salle, il sirotait tranquillement son café sur la banquette arrière en fumant cigarette sur cigarette. Ines profitait de cet instant de répit payé à ne rien faire et où personne ne viendrait lui demander quoique ce soit de tordu, pour rattraper sans honte ses heures de sommeil soi-disant volées. Pedro était le seul être conscient, aussi bien dans cet habitacle, que dans cette aventure musicale. Et il souriait.

Pedro souriait car il était persuadé que Giulian, bien qu'il ne chanterait pas ce soir, prendrait son pied à voir leur premier poulain performer ici dix ans après lui dans cette salle de concert qui s'appelait à l'époque Paris-Bercy et qu'il avait Sold-out en moins de 35 minutes. Ce soir, selon lui, ils atteindraient un nouveau sommet.

Une heure plus tard, Giulian observait en silence la foule emplir le stade et prendre places dans la fosse. Les moins téméraires seraient en hauteur, bien assis dans les gradins. Les plus grands fans campaient déjà devant la scène, en l'attente d'une dédicace, d'un regard personnalisé.

Ines lui repassa ses deux tenues du jour car même s'il n'allait pas chanter, il serait interviewé et qu'il fallait toujours « être bien fringué ». Tout le reste était prêt. Mais ce qu'il attendait lui, c'était Sarah qui le rejoindrait en fin de soirée, tournée de patient nocturne oblige.

Alors pour passer le temps il s'enjaillait avec les trois dernières colab' qui venaient de rejoindre le label et qui auraient une place sur scène pour créer l'effet de surprise. Pedro lui rappela aussi , à toute fin utile, que dans 20 minutes ils devraient tous les deux rejoindre le carré pour l'interview.

Car avant le show, une conférence de presse était organisée. Pour parler de son parcours fulgurant et hors norme, à propos de son actu musicale en cours, mais aussi de ce futur film sur la banlieue dans lequel il allait jouer un petit rôle. Et puis surtout Pedro interviendra pour annoncer une énorme bombe, pour reprendre ses termes...

— Allez, c'est l'heure Djéè !

— Pas trop stressé de soutenir un de ses bébés qui joue ce soir à l'Arena pour la première fois ? Une si grande scène, 17 000 miles personne tout de même, lui demandait la journaliste.

Gliulian répondit que le public parisien était le meilleur. Que peut importait le nombre d'âmes devant soi, son artiste chanterait pareil. Se donnerait tout autant. Et non, il n'appréhendait pas, au contraire, car ici c'était chez lui, chez eux. Ce soir il jouerait à domicile.

—Est-ce que tu te rappel de ta première scène ?

Bien sûr qu'il s'en rappelait. Il a bien cru que son cœur et ses tripes y resteraient. Pire, il dirait même qu'il s'était fait dessus.

—Ma première scène est de plus en plus loin... mais... je me souviens de la première fois où j'ai entendu les gens crier mon nom, taper du pieds sur le sol et hurler quand je suis apparu, toute appréhension s'était envolée, et ça été le plus gros pied de ma vie, enfin, en dehors d'un lit je veux dire.

— On est bien d'accord Djéè ! A ce propos, existe-il une heureuse élue dans ta vie ? Ou bien plusieurs chanceuses peut être ?

—La meilleure qui puisse exister sur terre dort et se réveille dans mes bras dès que possible.

—Une petite veinarde qui vient de se mettre la moitié de la planète à dos ! Un petit mot pour conclure ?

—Merci Paris ! Merci la vie d'avoir mis toutes ces galères sur route, c'était pour mieux vous trouver !

La première partie va bientôt entrer chauffer la salle, plus que quelques minutes et la foule sera prête, chaude à point pour accueillir son poulain.

Peut-être qu'il reprendra aussi le micro le temps d'un son ou deux, comme au bon vieux temps.

Que rêver de plus ? Qu'existe-t-il de plus fort, plus grand, plus jouissif ?

Puis ce fut au tour de Pedro de parler. Et effectivement il lâcha le scoop. Une nouvelle aventure, un tout nouveau partenariat, la reprise d'un collectif....

Et Giulian décrocha.

De plus beau, de plus gratifiant que ce succès sans fin, il n'existait rien d'autre. Rien, en dehors de la main de Sarah qui s'inséra dans la sienne pour l'embarquer soudainement dans le vestiaire. Une main à laquelle il se raccrocha et qu'il se mit à suivre comme son ombre.

Flammes Jumelles, putain de Karma ! (En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant