35 -Giulian-

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Elle était à cheval sur lui et c'était de loin sa position préférée. Ainsi il pouvait s'enivrer de sa féminité offerte à lui. Allongé dans l'herbe, il venait de perdre, volontairement, au jeu du plus fort, et ses cotes se faisaient joyeusement broyer sous la puissance de ses courbes. Il lui offrit un baiser chaleureux en récompense et retourna se blottir contre sa poitrine nue, en humant une fois encore le doux parfum de coco dans son cou, mélangé à celui du jardin dans lequel ils se trouvaient. Sarah avait des envies de liberté, de grands airs, mais les rues Françaises possédaient bien trop de fans hystériques qu'elle ne pouvait supporter et Giulian l'avait bien compris. Alors avant que l'été ne meure complétement, pour la reconquérir, il lui concoctait des surprises, des pique-niques bucoliques comme aujourd'hui dans le parc de sa villa, des escapades dans l'intimité du Paris de luxe, des concerts en coulisses... Il était prêt à tout pour elle. Même à changer, comme lui rabâchait Pedro chaque jour depuis trente ans.

Deux nuages tête bèche s'embrassaient dans le ciel. L'herbe lui chatouillait les pieds et Giulian reparti dans ses pensées. Bercé par les bras de l'amour et de cette tendre odeur des sous-bois qui l'emplissait, le feu de sa colère intérieure s'apaisait. Sa respiration se mêlait à la brise soufflant dans les boucles de Sarah. Il l'observait sans retenue, s'imprégnant de sa beauté naturelle et sauvage, de son sourire solaire et de sa peau encore dorée à l'huile de monoï. Ce parfum venait combler quelques trous de sa mémoire infantile, lui rappelant de vague souvenirs heureux de vacances au bord de la mer. En communion avec l'âme de cette créature qui le passionnait, il réalisait alors qu'il était fou. Fou amoureux, d'elle, d'eux deux, de sa vie, enfin ! Il avait presque failli attendre...

—C'est tellement bon. Dis-moi que je suis en train de rêver, dis-moi de me réveiller ! osa-t-il lui confier.

—Non tu ne rêves pas, mais demain peut-être un rêve éternel si tu restes avec moi... minauda Sarah à voix haute.

— Sais-tu au moins de quoi je rêve ?

— Bien sûr. Je suis celle qui guide tes rêves. N'est-ce pas ? se moquait-elle.

— J'aimerai pouvoir rêver avec toi, la nuit. Tous les soirs. Et me réveiller ici, comme ça, chaque matin. Mais toi tu finirais par t'ennuyer, je te connais.

—Non. Pas du tout. Laisse-moi t'aimer comme ça.

—T'en es bien sûr ? Car moi oui, c'est tout à fait comme ça que je veux rêver, c'est avec toi que je veux voyager...

—C'est trop beau. On part loin là. Tu sais que t'es un génie de la poésie en fait ? Tu devrais y penser, pour tes vieux jours ! le nargua-t-elle encore une fois.

—Ouais, j'y penserai, attends, je vais essayer d'écrire un truc, pour toi...

Alors il griffonna, comme il avait l'habitude de faire.

J'aimerais pouvoir te toucher pour l'éternité, te sentir, ne plus jamais être l'ombre flottant à tes cotés.

Je veux caresser tes bras autour de moi, profiter de ta chaleur sur ma peau, écouter le rythme de ton cœur contre le mien.

Je veux gouter la douceur de tes lèvres entre les miennes.

Je veux voir ta lumière confronter celle du jour. Contempler ton corps miroiter dans la nuit.

Je veux m'émerveiller devant la danse de ton aura face à mon âme.

Je te veux toi, comme ça, ici, à jamais.

Je suis liée à ici. Car tu es là. Ici est ma vie car je ne suis rien sans toi.

Oh Sarah aime moi, et je te promets, on s'en ira. Nous retournerons à notre monde, celui qui t'appartiens, celui de tes rêves, ce monde qui est le tiens...

Djéè

—C'est magnifique. J'aimerais t'entendre me le chanter, le mis-t-elle au défi.

Et comment le lui refuser ?

Alors il se racla la gorge, tâcha de caler sa voix sur une rythmique simple. Puis il lui fredonna. Encourager par ses yeux admiratifs et son sourire, il se détendit et laissa sortir un timbre plus ample et grave, un de ceux qui semblaient venir du plus profond de ses entrailles. Car c'est ça qu'il aimait le plus, accorder sa voix aux mots et à la puissance des sentiments qu'il avait pour elle.

—Mon poète des rues.... Je t'aime Giulian. Est-ce que tu le sais ?

Elle venait de le transpercer. Il lui fallut plusieurs secondes pour réaliser, pour se remettre en phase avec lui-même, et se reconnecter à elle. Mais il ne sut que répondre, n'eut pas de mots adaptés, n'en trouva aucun de bon, même Aimer n'était pas assez fort. 

Flammes Jumelles, putain de Karma ! (En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant