19 -Sarah-

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 Il ne la quittait pas des yeux et Sarah ne savait plus si elle devait soutenir ou fuir son regard. Pour l'heure, elle avait choisit la facilité de la fuite, l'observant furtivement cachée derrière son Mojito.  

Un peu plus tôt, lorsqu'ils s'étaient rejoints devant la bouche de métro, elle était à peine parvenue à lui sourire. La distance entre eux deux avait semblé s'allonger un peu plus à chaque pas. Si bien qu'elle n'avait  pas trouvé assez de souffle pour lui dire autre chose que bonjour, ou plutôt "salut".  Trop troublée pour articuler quoi que soit d'autre.

La honte...

Puis une part d'elle s'était éveillée durant la courte étreinte qui leur avait offert. Des sensations qu'elles pensaient enfouies, même perdues à jamais dans un recoin de ses souvenirs.

Et sa voix... Son timbre la touchait au plus profond de son âme comme depuis toujours.

Comment allait elle réussir à discuter avec lui, rattraper sept années de vie, alors que dans sa tête toutes leurs histoires passées, présente et futures se livraient bataille ?

Il lui faisait le même effet qu'à leur rencontre alors qu'ils n'étaient que deux ados.

Ce soir, dans le premier bar où ils s'étaient rendus, ils n'avaient échangé que peu de parole. Parler n'était pas nécessaire à cet instant. Leur regard, tout autant que les silences se livraient pour eux. Leur yeux avouaient à demi mots la pensée commune qui les animait. 

Une soirée à le regarder ainsi lui aurait suffit tellement il était toujours à tomber.

Que leur réservait la nuit ? Qu'allait ils devenir ? Étaient-ils vraiment sur la même longueur d'onde ?

Sur la terrasse de ce magnifique bar latino perché sous les étoiles Parisiennes, ses yeux se posèrent un instant sur sa bouche, s'y attardant un peu trop. Elle essayait de recouvrer le peu de lucidité qui lui restait, mais c'est ce moment que choisit le serveur pour récupérer leur commande.

Elle essayait de respirer tranquillement malgré sa fébrilité.

Échec.

A chaque inspiration, son parfum l'engloutissait. Le sourire qui s'étirait sur ses lèvres la poussait chaque fois à le lui rendre.

Un mélange de désir, de culpabilité et de craintes lui rosissaient les joues et lui légumisaient le cerveau.

—Tu es superbe, lui souffla-t-il alors comme pour l'achever.

Le salaud, il ne perd pas de temps.

Au moins ils étaient raccord sur point, l'attraction, leur fameux lien d'argent, était toujours intact. 

— Merci mais je ne dors pas très bien en ce moment, j'ai l'impression d'avoir au moins cent ans.

— Au moins ! Tu as toujours des problèmes d'insomnies ?

Elle acquiesça en baissant la tête, coupable à son tour. 

— Je me suis souvent demandé ce que tu devenais, je t'ai plusieurs fois cherché sur les réseaux. Tu y étais fût un temps. Avec ton mari médecin.

— Ex mari. 

Elle aurait aimé lui dire qu'elle s'était coupé du monde virtuel par peur de recroiser sa route. Giulian y était très populaire, il aurait été mission impossible que d'y naviguer sans tomber sur lui. A ses débuts avec Bastien cela ne l'inquiétait pas, mais dès que le vent eu tourné, elle était certaine de retomber dans ses filets à la première occasion. Son mariage aurait sombré bien plus tôt.

Aurait elle du ? Non ! Jane et Lily n'auraient pas vu le jour et elles représentaient les deux plus belles choses qui lui étaient arrivées dans sa vie. 

Ses merveilles, sa fierté.

— Ex mari... Oui.

 Il souriait, comme heureux de l'information, mais se reprit. 

— J'aimerais te dire que je suis désolé pour toi, pour vous deux, mais ce serait te mentir. Je ne l'ai jamais aimé.

Sarah s'empara de la paille de son cocktail et s'évertua à écraser toutes les lamelles de citron vert qui s'aventuraient sur son chemin. 

— Je le sais bien. A croire qu'Agathe et toi aviez vu juste dès le début.

— Ah Agathe... Encore une autre qui n'a absolument pas changé !

— M'en parle pas, je la pratique chaque jour que cette vie nous offre. Et c'est de pire en pire. Mais attend... Tu la revu quand ? réalisait-elle alors, abandonnant par la même occasion la bouillie de menthe citronnée. 

— Heu... Jocker...

—Putain j'y crois pas ! Alors c'est elle ? Avoue ! C'est elle qui t'as informé pour le divorce , qui t'as filé mon numéro ?

Il acquiesça timidement, comme un enfant pris en flagrant délit. 

—J'aurais du m'en douter dès le début !    

— Ne lui en veux pas s'il te plait, j'ai lourdement insisté, en fait, je ne l'ai pas lâché !

— Oh mais j'imagine bien ! C'est un peu ta spécialité ça, non ? 

Perdue, Sarah le connaissant que trop bien, savait pertinemment qu'elle lui plaisait toujours, qu'elle avait toujours le même effet sur lui. Plus que jamais... Mais elle, qu'en était-il de ses sentiments envers cet homme ? Toujours cet homme, un seul et même homme qui lui retournait le cœur, le cerveau et la vie depuis toujours, comme un papillon de nuit attirée vers la lumière qui le détruira. Elle était le papillon, et il était sa lumière.

Elle préféra crever l'abcès directement. 

— Tu te rappel la dernière fois qu'on s'est vu ?

—Oui... Comment l'oublier... 

— C'était le lendemain du jour où tu m'as remplacé par la première michto du coin.

—Dit celle qui m'a mochement largué juste après m'avoir violé... encore moins sainte que moi, je t'offre le point. Et je te signale que c'est toi qui m'avais trompé en premier !

—Vas te faire ! Ce n'était pas bien compliqué de trouver un mec plus mature que toi !

—Ouche. Ça pique ça...

Arnaud...

Elle s'empourpra. Prise au dépourvue. Elle avait l'impression qu'il lisait sur son visage, dans son cœur mis à nu. 

—Pardonne moi. Nous avions tous les deux notre part d'erreur dans cette histoire... Et j'étais au plus mal. Tu... Tu avais tes démons...

Les images, l'enchainement malencontreux de ces karmas mal alignés, tout lui revenait en tête. Tout se bousculait de nouveau en elle, pareil à une claque cinglante...

Flammes Jumelles, putain de Karma ! (En Cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant