Flammes Jumelles, putain de Karma ! (En Cours)

31 - Sarah-

 Elle le rejoignit aussi vite qu'elle le put et se jeta dans ses bras. Ils s'étreignirent longuement, récupérant les interminables minutes qui les avaient séparés aujourd'hui. La puissance de son corps déployée tout autour de ses freles épaules lui offrait un cocon aussi rassurant qu'enivrant.

Tu m'as horriblement manqué, aurait-elle aimé lui dire. Mais part fierté elle n'en fit rien.

Elle voyait maintenant l'engin de plus près. Sa sacrée moto, surement payée avec l'un de ses cachets. Elle n'était ni fan de mécanique ni de vitesse, mais on ne pouvait que l'admirer. Elle était noire, d'un bout à l'autre. Certaines parties était vernies et luisantes, d'autres mates et douces. On pouvait y lire l'inscription Ninja en lettres argentées juste en dessous du guidon. Il tendit un second casque assorti et lui enfonça délicatement la tête dedans. Elle faillit partir à la renverse. C'était sacrement lourd cette chose. Elle enfourcha alors la bête, une boule au ventre. Elle n'était pas remontée en moto depuis leur séparation, 7 ans plus tôt. Sarah s'accrochait du mieux qu'elle put au corps de sa moitié fraichement retrouvée. Ils atterrirent rapidement sur l'autoroute menant chez elle. C'était fluide en cette heure avancée et ils traçaient.

— Laisse toi aller, fond toi en moi, lui conseilla-t-il.

Ça, elle savait faire. Elle fermait alors les yeux, et s'abandonnait aux bras du vent.

Sur ces lignes droites infinies, calée contre le dos de Giulian, Sarah se détendit. A peine 15 minutes plus tard, ils furent arrivés chez elle et elle retourna son placard pour mettre la main sur son maillot de bain. Puis elle remonta derrière lui, la passion au ventre. Elle ouvrit sa visière afin de laisser courir le vent sur sa peau. Elle sentie la morsure du froid intensifiée par la vitesse, lui givrer le crâne et par la même occasion, les pensées. Elle resserrait son étreinte autour de sa taille et il accéléra de nouveau, profitant de l'interminable ligne d'horizon qui s'offrait devant eux.

Elle ne sentit pas la moto ralentir, mais elle sortit de son état secondaire lorsqu'elle s'arrêta.

Et voilà, entendit-elle.

Il retira alors son casque en souriant. Électrifiés, ses cheveux s'élevèrent aux dessus de sa tête en crépitant. Son regard se perdit alors devant l'immense portail de bois bordé de hauts sapins qui s'imposait devant eux.

Qu'avait-il donc derrière la tête ?

Ils étaient toujours en région parisienne, dans une ville privilégiée ou quelques rares demeures se partageaient des centaines d'hectares de collines boisées.

— Et, nous sommes ?

— Chez moi, annonça-t-il avec ce même sourire mutin aux lèvres. Enfin mon deuxième chez moi. Je t'expliquerai.

—Intéressant... et le maillot de bain c'est pour ?

— Tu verras bien impaziente !

Il ouvrit alors le portail et un énorme chien beige s'élança droit sur eux.

— Hey, elle a bien grandi ! Je me demandais comment elle allait ? Je vois qu'elle à la forme et que tu l'as gardée elle.

—Serais tu jalouse ? Elle s'appelle Féria, et elle ne mange pas les gens que j'aime...

Sur un claquement de doigt, Giulian la fit ralentir. La chienne s'arrêta alors à ses pieds sans même lever la moindre motte de terre. Il se baissa et la laissa batifoler autour de lui tout heureuse. Sarah avait entendu par Agathe que Giulian était rentré d'Italie avec un chiot que la commune de Naples lui avait offert. Elle avait eu pitié pour l'animal qui avait fait la une des journaux people durant quelques jours. Giulian n'avait jamais été très altruiste envers les bêtes et recueillir un Matin de Naples n'était pas une un acte à prendre à la légère... Apparemment la chienne avait survécu, vivait heureuse au vert et écoutait son maitre au doigt et à l'œil. Giulian marquait donc un nouveau point en sa faveur, même si Sarah avait toujours préférée les chats.