Gryffon et Serpent

Chapitre 1

Le Soleil d'été du matin traversa une fois de plus les rideaux de la chambre que j'occupais au deuxième étage du 12 Grimmauld Place, le repère de l'ordre du phœnix. Comme j'en avais pris l'habitude depuis deux mois, je passais la première heure de ma journée à regarder le plafond sans aucune envie de me lever. La chaleur du mois d'août qui s'élevait déjà à neuf heures du matin m'obligea pourtant à me lever du vieux lit à ressort sur lequel je dormais. Je passai quelques minutes à regarder les murs de la chambre de mon père ou j'avais pris domicile depuis... depuis son décès. Je me forçai à me lever et comme chaque matin, je dessinai une croix sur mon calendrier.

-61... Murmurais-je pour moi-même.

Soixante-et-un jours que mon père nous avait quitté pendant la bataille au ministère contre les mangemorts. J'avais tellement changé en soixante-et-un jours... J'avais dû perdre une dizaine de kilos, perdant mes légères rondeurs que je trouvais mignonne auparavant, j'avais teint mes cheveux en blond par un sortilège, le brun me rappelant trop ceux de mon père avec son visage au féminin que je voyais chaque jour dans mon reflet. Je m'étais mise à sortir en soirée, boire de temps en temps, fumer, flirter... Elle était loin la gentille Gryffondor qui avait grandi sous ta tutelle de son oncle Remus. En parlant du loup...

-Aurore, le petit-déjeuner est prêt ma grande.

Mon oncle m'appela de sa voix douce derrière la porte sans entrer. Il savait très bien à quel point cette situation me pesait. Je n'avais pu voir mon père que quelques fois en deux ans depuis son évasion d'Azkaban lorsqu'il a apprit que son ancien ami Peter Pettigrow se faisait passer pour un rat et vivait tous les jours avec son filleul, Harry, mon cousin, et moi, Aurore Black, sa fille. Je n'avais repris ce nom que depuis l'année dernière, portant celui de ma mère défunte que je n'avais presque pas connue. Elle avait été mutée en France quand j'ai approché des quatre ans et n'a pas trouvé utile que je l'accompagne pensant que ce serait trop dangereux pour moi. Ma mère était agent du ministère, une des meilleurs alors imaginez le comble si on avait apprit que son unique fille était dû à un coup d'un soir avec l'un des plus grands criminels au monde. Et oui, c'est tout ce que j'étais pour elle, un dommage collatéral alors elle m'a confié à Rémus Lupin, un loup-garou. Le meilleur ami de mon père et de mon oncle James. Enfin pas mon véritable oncle, mais c'est toujours ainsi que Rémus l'appelait alors Harry est en quelque sorte mon cousin.

Je sortis rapidement de mes pensées et me tourna rapidement vers mon miroir ou je croisai mes yeux sombres. Je n'osais même plus les regarder tant ils me rappelaient mon père. Je brossai rapidement mes boucles blondes que j'attachai en queue de cheval rapide avant d'enfiler un short noir, et haut rouge, des baskets et de descendre.

Dans les escaliers, Créature, l'elfe de maison de mon père nettoyait les statues épouvantables de vampires que mes ancêtres avaient placés là. Si la grande famille des Blacks savaient ce qu'il restait d'eux... qu'il ne restait plus que moi, une Gryffondor qui plus est. Ils se retourneraient dans leurs tombes. Je descendis rapidement les marches restantes avant de me dépêcher d'entrer dans la cuisine. Mon oncle était assit, mangeant un toast en lisant la Gazette du Sorcier et Tonks, que je soupçonnais être bien plus pour lui qu'il ne me laisse croire, cuisinait le petit déjeuné.

-Bonjour ma grande, bien dormis ?

Je souris doucement à mon oncle en hochant la tête avant de boire mon verre de jus de citrouille. Mon estomac rassasié, je me levai aussi vite que j'étais arrivée et me pressa de sortir de la pièce. La voix de Remus m'arrêta pourtant juste avant que je ne franchisse la porte.

-Tu n'oublieras pas de faire tes valises, tu vas chez les Weasley pour midi, Molly a préparé ton plat préféré.

Un soupir inaudible sortit de ma bouche avant que je me tourne vers mon père avec un sourire aussi convaincant que possible et que je sorte de la pièce puis de la maison. Je traversai la rue jusqu'au petit parc toujours désert faisant face au mur de maisons dont la mienne. Après m'être assise sur un banc, je sortis mon briquet de ma poche et alluma une cigarette. Je soufflai doucement la fumée en plongeant dans mes pensées. Que dirait les autres en me voyant autant changée. Après tout, Harry, Ron et Hermione étaient mes meilleurs amis, on avait passé toute notre scolarité à Poudlard ensemble. Du premier jour au Poudlard Express ou j'avais immédiatement reconnu Harry et ou je cachais l'identité de mon père, en passant par la chambre des secrets que Voldemort avait réouverte, par l'évasion de mon père et nos retrouvailles, la coupe de feu ou Cedric Diggory est mort et au retour de Lord Voldemort jusqu'à la mort de mon père, tué par un sortilège impardonnable de ma chère tante Bellatrix.

Je recrachai de la fumée qui doucement s'envola et disparu au travers du ciel. J'appréhendais de retrouver mes amis et Poudlard, c'était une nouvelle année pour la nouvelle moi.

-Au nom de Merlin comment j'en suis arrivée là ?

Je soupirai en écrasant mon mégot au sol avant de marcher dessus. J'observai les dernières lueurs des braises disparaître et me leva en m'étirant. Je me promenai dans le parc quelques minutes avant de finalement rentrer préparer mes valises. Je m'enfermai dans ma chambre et alluma mon poste radio que je mis en fond sonore. Je rassemblais mes affaires en chantonnant, jetant au passage les quelques vieux vêtements que je ne porterais plus jamais. Les robes, les hauts rose ou bleu pales avec des fleurs ou des papillons, les jupes... Cet été la petite fille avait grandi, sans qu'elle le veuille, mais elle en avait eu besoin. Mon armoire était devenue plutôt sobre, presque sombre. Du rouge, parfois avec de l'or bien sûr, du blanc et du noir, principalement des haut et des jeans... Mes affaires pour les cours, mes uniformes et mes vêtements d'hiver. Je refermai ma valise et ouvris mon sac ou je mis mes affaires de toilettes. Je fis ensuite le tour de la chambre de mon père, ou je trouvai finalement quelque chose qui déclencha toutes mes émotions refoulées d'un coup. Un photo de mon père, moi dans ses bras à ma sortie de l'hôpital avec ses amis à ses côtés. James tenait Harry dans ses bras juste à côté de moi...

De légers coups retentirent à ma porte et je m'empressai de mettre la photographie avec le reste de mes affaires en disant à la personne derrière la porte d'entrer. Mon oncle apparu derrière le morceau de bois et vint me prendre dans ses bras.

-Tu as tout finis ?

J'hochai la tête en souriant sans pour autant le lâcher. Il me serrait contre lui avec autant de tristesse que moi. Dans un silence total, il finit par me relâcher et me tendit une veste en cuir noir avec le symbole de Gryffondor au dos.

-Ton père l'avait fait faire spécialement pour toi l'année dernière il voulait te la donner pour l'anniversaire de tes seize ans, mais il n'aura pas pu et je n'avais pas le cœur à te la donner avant.

Je regardai le vêtement en souriant doucement avant de l'enfiler. Mon oncle me sourit en se levant de mon lit, essuyant une larme qui allait couler sur sa joue.

-Tu te dépêcheras de descendre ma grande, tu vas y aller. Ton porte au loin est là.