The Way You Make Me Feel

27.

Anna était arrivée une vingtaine de minutes plus tard, toute enjouée.

Avec Michael, on avait préparé le terrain de jeu. On avait sorti le Monopoly. On adorait jouer à ce jeu.

Comme d'habitude, Michael essayait de tricher, en douce.

-Hop hop hop ! Je vais faire la banque! Râla Anna alors que Michael essayait de tirer un énième billet.

-Tu ne sais pas jouer sans tricher ou quoi ? Riais-je.

-Mais je ne trichais pas! Je faisais de la monnaie, c'est tout.. mentit-il.

-Ouais.. c'est ça. À toi Anna.

Anna joua et tomba sur une propriété de Michael, la plus chère. Il y avait mis des hôtels, ce qui augmentait considérablement le prix.

-Eh! T'es chez moi ! Tu me dois mille deux-cent monopoly! Dit Michael.

-Quoi? Tout ça ? Mais j'aurais jamais assez ! Râla Anna.

-Il va falloir hypothéquer ma grande. Riais-je.

-Tu as cas te moquer de moi toi aussi ! Râla-elle.

J'explosais de rire avec Michael. J'adorais me moquer d'elle. Pour le coup, c'était ma vengeance pour ce moment de gêne qu'elle m'avait offert hier soir.

Elle avait hypothéqué ses propriétés pour payer le loyer. Michael la narguait avec tout ses billets tandis que je me moquais une nouvelle fois.

Nous avons continué de jouer quelques heures avant qu'Anna quitte mon domicile car elle devait aller travailler.

-Tu sais.. je vais devoir rentrer moi aussi.. Je vais avoir pleins de rendez vous pour mon futur film, je ne pourrais pas m'en occuper quand on sera reparti en tournée. Me dit Michael.

-Oh, oui, je comprends.. dis-je tristement

-Je te tiendrais au courant pour le tournage.. dit-il.

Il me prit dans ses bras avant de quitter l'appartement.. Je me sentais si seule et vide, une nouvelle fois..

***

Michael POV

J'étais si triste de la laisser une nouvelle fois, mais je n'avais pas le choix. Je devais avancer sur mes projets car sinon mon label n'allait pas me lâcher la grappe.
Ils voulaient toujours plus, ça m'épuisait, mais je le faisais vraiment car j'aimais mon travail.
J'étais habitué à travailler d'arrache pied depuis l'âge de cinq ans.. Alors une séance de plus ou de moins n'allait rien changer à ma vie.
De toute façon, j'étais né pour ça. J'avais besoin de créer pour me sentir utile.

***

Quelques semaines plus tard.

Les rendez vous pour mon film s'étaient enchaînés.
On avait tourné une partie du film, celle où j'étais avec les enfants dans le parc de Neverland et celle où j'essayais de fuir MR Big.

Il ne manquait que les clips et la scène où je me transformais en robot. Il y avait encore beaucoup à faire car les ordinateurs mettaient quelques jours à coordiner juste un seul mouvement, alors il y en avait encore pour un bon moment avant que le film sorte. Puis, me connaissant, il y aurait sûrement des choses que je voudrais changer.

Je fermais mon dernier carton de déménagement.
J'y avais mis toutes mes cassettes audio et mes notes des démo de chansons que j'avais écrites mais qui n'avaient pas été retenues sur un album.

C'est aujourd'hui que je quittais le domicile familial.
Les travaux à Neverland avaient bien avancé, alors je pouvais désormais emménager.
En ce qui concerne la construction du parc et tout le reste, ça pouvait se faire quand j'étais en tournée. Je voulais juste y habiter.

Tout était prêt en bas. Un énième camion partit après qu'on ait chargé ce dernier carton à l'intérieur.

Ma mère m'attendait sur le pas de la porte, les yeux larmoyants. J'étais le dernier de mes frères et sœurs à partir, alors elle était triste.
Moi aussi ça me déchirait le cœur, mais il était temps que j'ai mon propre chez-moi aussi. Et puis, ça m'éviterait de croiser Joseph quotidiennement, ça ne pouvait que me faire du bien.

Ma vie commençait enfin à prendre une tournure que j'appréciais.
Je n'avais jamais été vraiment heureux, je n'ai jamais vraiment pu profiter de ma vie. Mon statut de star dès mon plus jeune âge m'avait empêché de jouer et profiter comme tous les enfants de mon âge.  Mon enfance m'a été retirée par Joseph, et j'en garde des séquelles monstrueuses. C'est pour ça que j'ai fais toutes ces modifications à Neverland. C'était pour rattraper un bout de temps perdu, et même si ça ne guérirait pas mes blessures, ça pouvait les panser.

Je serrais ma mère une dernière fois dans mes bras.

-Maman, ne pleure pas, on se revoit vite. D'accord ?

-Tu me le promet ? Articula-elle entre deux sanglots.

-Promis. Je t'aime maman.

-Je t'aime aussi, mon fils. Et n'oublie pas, écoute ton cœur. Dit-elle en souriant tristement.

-Entendu. Souriais-je. À bientôt maman. Dis-je en montant dans la voiture derrière Bill.

J'étais si triste, j'aimais ma mère plus que tout au monde, et la voir dans cet état me brisait le cœur.

Le véhicule démarra et s'éloigna. Je n'avais pas quitte ma mère des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse de mon champs de vision.

-Alors, vous avez suivi mes conseils ? Demanda Bill.

-Comment ça ? Demandais-je juste sorti de mes pensées.

-Avec cette demoiselle. Je vous ai emmené chez elle l'autre fois.

-Oh oui, heu.. je n'ai pas osé, en faite.. Avouais-je timidement.

-C'est que ce n'était pas le moment, sûrement. Dit-il. Mais.. Ne tardez pas trop, il ne faut pas qu'un autre prenne votre place.

J'écoutais attentivement ses conseils. Bill était comme un second père pour moi. C'était un homme bien. Il était l'une des rares personnes sur qui je pouvais compter. Il était extrêmement prudent et professionnel. C'était mon seul compagnon de voyage. Il voyagait partout avec moi, même pour les petits trajets comme celui-ci. Je ne pouvais imaginer la vie sans lui. Il était chaleureux, drôle et c'était un amoureux de la vie. C'était vraiment un grand homme.

Après cette discussion, la voiture se trouva rapidement devant ce grand portail en fer forgé qui portait déjà l'inscription "Neverland".

J'étais enfin chez moi.