Chapitre 1 : L'odeur du Jack'

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-Réveilles toi, Raph.

Pour quoi faire ?

-Raphaëlle !

Je sursautai face au cri résonnant dans ma chambre. Mon père, face à moi, me lançait un regard perçant.

-Dois-je te rappeler que tu travailles, jeune fille ? Me dit-il, mauvais.

Jeune fille, pas trop..j'ai vingt ans, tout de même. Un peu de respect, cher père.

-Ça va, ca va, lui dis-je. Laisse moi me préparer.

Mon père sortit de ma chambre et claqua la porte. C'est toujours un plaisir, p'pa.

Après m'être préparée, je descends au salon afin de me diriger vers mon lieu de travail. Un petit restaurant au bout du quartier. Mon père pense que c'est un sous-métier et que je suis assez aisée financièrement pour faire autre chose, voire rien du tout. Raté, papa. Je ne glanderai pas à la maison toute la journée, comparé à toi. On s'est souvent engueulés à ce sujet. Il pense encore devoir gérer ma vie, alors que je suis très bien capable de me débrouiller seule. Et en plus, mon meilleur ami travaille là-bas aussi, raison de plus pour y rester. Mon père s'approche de moi, son verre de whisky à la main. Un jack à neuf heures, sérieux ?  Je soufflai en le regardant avaler sa liqueur d'une traite. Il me regarda méchamment, me faisant bien comprendre que je n'avais pas mon mot à dire sur ce qu'il venait de faire -ou sur ce qu'il faisait en général, en fait.

-J'y vais, lui dis-je, légèrement agacée par son comportement. Oui, un verre de whisky à neuf heures m'agace. C'est normal...non ?

-Vas-y, me répond-il en se dirigeant vers la cuisine.
En passant à côté de moi, l'odeur du Jack le suivait, et finit par m'étouffer. Je déteste qu'il boive de l'alcool. Ou du moins, autant, et surtout à cette heure. Neuf heures, merde quoi !

Je claquais la porte derrière moi, histoire de bien lui faire comprendre qu'il me foutait en rogne avec son alcool, puis je me dirigeai vers le restaurant.

-9h15-

En arrivant au restaurant, je constatai qu'il n'y avait personne. Seul Léo, le chat du propriétaire, était là, me regardant de ses grands yeux verts. Soudain, la porte de la réserve se fit entendre, et la tête de mon meilleur ami dépassa de l'encadrement de celle ci.

-Salut ma belle ! S'exclama-t-il, un grand sourire dessiné sur les lèvres. Comment tu vas ?

Et malgré l'agacement que j'ai vécu quelques minutes auparavant, je ne pus l'empêcher d'étirer mes lèvres et de lui rendre son sourire. Comment résister face à une telle joie de vivre ?

-Salut, Lévis. Bon anniversaire ! Je vais bien, et toi ? Dis-je en regardant mon meilleur ami s'approcher pour me prendre dans ses bras.

Lévis est le fils du propriétaire, Cameron Jones. Il comptait reprendre le restaurant lorsque son père partirai pour la retraite. Ce restau' a toujours été dans leur famille -une sorte d'héritage, sûrement. Levis est un garçon adorable. Un peu collant, parfois, mais adorable. Sa bouille pâle, ses cheveux blonds et ses yeux marrons lui faisaient un visage presque parfait. Il avait des traits bien dessinés, ce qui le vieillissait un peu. Il a quand même 22ans, petit Levis n'est plus tout jeune..
Il me serra fort dans ses bras, et son parfum remplaça vite l'odeur du Jack, encore ancrée dans mes narines.

-Merci. J'ai quelque chose à te demander, me dit-il en desserrant ses bras d'autour de mes épaules.

Je reculai et me retirai de son étreinte. Mon regard se plongea dans ses yeux noisettes.

-Dis moi ?

-Hum..commença-t-il en se grattant la nuque. Est ce que tu..

J'arquai un sourcil. Pourquoi il a l'air gêné, comme ça ? Il prit une grande inspiration avant de continuer.

-Est ce que tu aimerais venir à ma soirée  d'anniversaire, ce soir ?

Quoi, c'est tout ? Il avait l'air timide pour..une soirée d'anniversaire ? Mais t'as 8 ans, ou quoi, Lévis ?
Je lui sourit, parce que quand même, il faut bien que je détende l'atmosphère...et lui dit :

-Bien sur ! À quelle heure ?

Un sourire se dessina sur ses lèvres, et une lueur malicieuse se créa dans son regard. Pourquoi tu me regardes comme ça ? J'ai la gueule d'un steak, ou quoi ?

-19h, chez moi, me répondit-il, simplement. Les cadeaux ne sont pas nécessaires, rapportes juste à boire. Bon allez, faut qu'on bosse. Il me jeta une bouteille, que j'attrapai de justesse, ce qui le fit glousser.

-T'es vraiment con, Jones.

Cette fois, il rit aux éclats, me regardant galérer a ouvrir sa foutue bouteille.

-Mais c'est comme ça que tu m'aimes, King.

Petit Levis a fait sa connerie. Petit Lévis content, et petite Raphaëlle prise d'envies de meurtres. Si tu pouvais être un peu moins con, parfois, ça m'arrangerai, Lévis Jones...

Whispers of the UnderWorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant