Chapitre 37 : Crise d'angoisse

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- Lenny se trouve chez les Black Ravens ce soir, déclara Elena en lisant le message envoyé par Elijah.

J'étais assise à l'arrière de la voiture, le regard fixé sur le paysage qui défilait à toute allure. Les lumières des réverbères formaient des traînées floues, se fondant dans la pénombre de la nuit. J'étais perdue dans mes pensées, loin des voix qui murmuraient à l'avant du véhicule.

Un pincement douloureux me rappela à la réalité, au niveau de ma blessure. Je posai instinctivement ma main sur mon flanc, sentant la chaleur et l'humidité du bandage. Chaque soubresaut de la route ravivait la douleur, mais je serrai les dents, refusant de montrer ma faiblesse.

Le contact de la main froide d'Elena contre la mienne me fit sursauter.
- Tout va bien ?

J'hochai la tête, toujours absorbée dans mes pensées. La brune, quant à elle, regardait ma main posée sur mon flanc, et replongea à nouveau ses yeux dans les miens.
- Est-ce que tu as mal ? me demanda-t-elle en passant à l'arrière du véhicule.

- Un peu, soufflai-je, nerveuse.
La douleur provenant de ma blessure me faisait transpirer, et je sentais la sueur perler sur mon front. Inquiète, Elena prit ma main, essayant de calmer mon angoisse et ma douleur.
Ma respiration devenait plus hachée, et mon cœur battait très fort dans ma poitrine.
Je vais mourrir.
Qu'est ce que tu me fais, ma grande ? Respire.
Toi, ta gueule.
Tu finis par t'affaiblir. Et tu veux sauver des gens ? Mon cul, oui. Tu n'es même pas capable de tuer quelqu'un, une moindre blessure te fait paniquer. Tu as peur. Tu es faible.
Faible.
Faible.
Faible.
Je secouai la tête, tentant de rejeter ces pensées négatives qui martelaient mon esprit.
Tu as peur de mourir.
Non.
Si. Tu as peur de devoir rejoindre ta mère.
Cette pensée me fit déglutir.
Tu as peur de mourir ici, dans cette voiture.
Comme elle.
Tu n'as pas pu la sauver.
TA GUEULE, PUTAIN.

Ma vue s'embua rapidement. Quand j'étais plus jeune, j'avais des problèmes d'anxiété. Ma mère m'aidait toujours à calmer mes angoisses.
Mais aujourd'hui, elle n'est plus là.
Elle est morte sous tes yeux.
Et tu n'as rien fait.
Tu es faible.
Faible.
Faible.
Faible.
Je fronçai les sourcils, tentant tant bien que mal de détendre mes muscles.

La voix d'Elena me ramena à la réalité.
- Raphaëlle !

Son regard inquiet posé sur mon visage marqué par l'angoisse, elle essayait de comprendre ce qui m'arrivait.
- Tout va bien, me chuchota-t-elle, tu es en sécurité.
Son pouce caressait doucement le dos de ma main, ce qui fit diminuer mon angoisse petit à petit, m'arrachant à mes sombres pensées.

- Tout va bien ? demanda Emy, lançant un regard inquiet dans le rétroviseur.

- Ne t'inquiètes pas, dit calmement Elena. Ça va mieux, maintenant. Sa blessure lui fait encore bien mal.

- On n'aurait pas dû l'emmener avec nous, alors..
Je sentis la culpabilité dans la voix de la rousse, ce qui me fit déglutir.
Tu vois ? Tu es tellement faible que tu fais pitié à tout le monde.
Fermes la.

- J'ai dit que je l'aiderai et qu'il ne lui arrivera rien, glissa gentiment Elena en posant un regard doux sur mon visage.

Emy haussa les épaules et se concentra à nouveau sur la route, les mains serrées sur le volant.
Épuisée, je posai ma tête sur l'épaule de la brune, qui hoqueta de surprise. Je sentais mes yeux se fermer lourdement. L'angoisse m'avait submergée. Elle qui n'était pas revenue depuis un long moment, elle refaisait surface de la pire des façons.
A cause de ma crise, mon corps entier s'est crispé, ce qui m'a causé une plus grande douleur à ma blessure.
Faible.
Faible.
Faible.
Je grimaçai, quand je sentis les doigts de la brune se frayer un chemin dans mes cheveux. La surprise fut vite remplacée par une sorte de soulagement face à la délicatesse dont Elena faisait preuve, et un sourire apparut sur mes lèvres en réponse à son geste réconfortant.
- Tout va bien, Raphaëlle, me souffla gentiment la brune.
Apaisée de toute anxiété, je fermai les yeux et sombrai dans un sommeil léger, bercée par les caresses d'Elena.

- -

A peine réveillée de ma sieste dans la voiture, je me faisais agresser de questions de la part d'Emy.
- Comment ça se fait que Jack te demandes de venir avec nous, si tu es encore blessée ?
Je suis censée le savoir ?

- Je sais p...

- Et qu'est ce qui t'es arrivé dans la voiture ? Me coupa-t-elle, nan parce que sérieux c'était flippant !

J'affichai une mine lassée sur le visage, et la rousse le remarqua.
- Ok..j'arrête les questions. Mais est-ce que ça va aller ?

Sentant mon ego affaibli par cette question, je soupirai, frustrée.
- Je suis pas en sucre, fis-je remarquer, je pense que ça devrait aller.

- Ouais, mais t'aurais vu la tête que tu faisais dans la voiture ! T'étais blanche, on aurait dit un cadavre.

- Merci, Emy, soufflai-je en me pinçant l'arête du nez.

- Ok, chuchota Elena, fermez la ou je vous enferme dans la voiture toutes les deux. On a autre chose à foutre que de parler de la blessure de Raph, Emy. (Elle se tourna vers moi) et toi, ne lui réponds plus, ou on en finira jamais. Compris ?

J'acquiesçai et la rousse fit de même. Elena avança discrètement en direction du bâtiment en face de nous. Après Raphaëlle, Raph ? C'est chou..
Arrêtes tes conneries, elle t'utilise.
Cette pensée me tendit aussitôt, m'imaginant le pire.
C'est peut-être vrai...
C'EST vrai, ma grande. Personne n'est si gentil d'un coup. Tu lui fais pitié, tu es juste faible.
Faible.
Faible.
Faible.
Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine en repensant à ce mot.
Mon père me disait de ne pas pleurer, après la mort de ma mère. Il disait que les larmes que je versais montraient ma faiblesse.
"Tu es faible, Raphaëlle. Faible, et rien d'autre."
Je serrai les poings, me forçant à rejeter ce souvenir.

- Ok..On va bientôt entrer, nous dit alors Elena, me ramenant à la réalité. Bienvenue chez les Black Ravens.

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