Chapitre 27 : Esclaves

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Assise dans ma voiture avec la brune, je repensai au sourire de Hamilton et de la peur qu'avait ressenti Elena. Cette dernière semblait ailleurs depuis que nous sommes sorties du casino. Les yeux rivés sur la route, elle ne m'avait pas adressé la parole une seule fois. Sauf..

"-Lâche m..
Elle se coupa dans sa phrase, et se détendit un moment en fermant les yeux. Elle reprit :
-Merci."

Sauf pour me remercier. Ce souvenir m'arracha un sourire, et je décidai alors d'extirper Elena de ses pensées.

-Tout va bien ? Demandai-je doucement, les mains serrées sur le volant. Un faux pas, et je suis morte. Et je ne parle pas de la route.
La brune tourna la tête, et me regarda un moment, avant de regarder la route à nouveau.
Au bout de quelques minutes de silence, elle me répondit :

-Je ne sais pas.

-Qu'est ce qu'il se passe ?

-Je te l'ai dit, King, souffla-t-elle. On a tous des démons qu'on essaye d'oublier. Ce vieux pervers m'a rappelé des choses que j'aurai préféré supprimer de mon esprit.

Je déglutis, m'imaginant le pire face à son aveu.
-Je vois. Tu veux en par-

-Non, me coupa la brune. Je ne te connais pas. Et je ne te fais pas confiance non plus.

Un soupir d'exaspération s'échappa de mes lèvres. Afin de ne pas finir la conversation sur des mots si durs, je continuai :

-Je pensais ce que je t'ai dit tout à l'heure.

-Quoi ? S'exclama Elena, la tête tournée vers moi.

J'inspirai profondément, en remettant mon assurance en question face au visage renfermé et froid d'Elena.

-Quand je t'ai dit qu'il ne t'arriverait rien si j'étais avec toi.

-Tu te prends pour Super Woman, gamine ? Gloussa-t-elle en croisant les bras.
Un élan de frustration parcourut mes veines, et mes mains se resserrèrent autour du volant.

-J'essaye juste de t'aider. Ce n'est peut-être pas facile à croire, mais je ne te veux pas de mal. Tu ne me connais pas, c'est vrai. Et je ne te connais pas non plus. Mais je ne suis pas cruelle au point de te laisser face à des souvenirs que tu préférerais oublier.

Je croisai le regard de la brune, qui brillait avec la légère lumière de la route.
-Je ne suis pas cruelle au point de te laisser face à tes démons.

Un lourd soupir s'arracha des lèvres d'Elena.
-Même si je suis aussi cruelle avec toi ? Demanda-t-elle en s'arrachant les peaux de son pouce.

-Oui. Je ne suis pas un monstre.

Ma réflexion amusa la brune, et un sourire se dessina sur ses lèvres.
-T'es trop gentille, marmonna Elena. Ça te perdra.

-Je ne suis pas gentille avec tout le monde, gloussai-je. Seulement avec ceux qui le méritent.

-Je ne suis pas sure de le mériter, pourtant.

-Je ne suis pas sure non plus, avouai-je fermement. On est arrivées.

Je garai la voiture, pendant qu'Elena montait les escaliers du QG. Elle semblait fatiguée. Ma curiosité aimerait savoir ce qui lui est arrivé dans son passé, mais je sais que la confiance ne règne pas entre nous. Je soupirai en sortant de la voiture, et rejoignis rapidement Elena.

-Je vais dormir, m'annonça-t-elle. Bonne nuit.
Sans même attendre ma réponse, la bouffonne s'en alla, sans oublier de claquer chaque porte qu'elle passait.

-Et ben, soupira une voix derrière moi. Tu l'as fâchée, on dirai.

En me retournant, je croisai le regard d'Emy, qui semblait amusée face à la réaction colérique d'Elena. Les pauvres portes..et dire que ça aurait pu être mon visage à leur place.

-Non, répondis-je calmement. On était au Casino d'Hollywood, et un homme, un des dirigeants des Crips, à été mauvais avec elle.

-Mauvais ? Ria-t-elle. Je sais qu'Elena est impulsive et s'énerve facilement, mais de la à s'énerver pour un dirigeant mauvais...

-Pas mauvais dans le sens méchant, ajoutai-je fermement. Ce mec est un pervers, et il faisait des commentaires déplacés à Elena. Elle était mal à l'aise.

-C'était quoi son nom, au mec ? Me demanda Emy en allumant une cigarette.

-Hamilton.

La rousse s'étouffa avec la fumée de sa clope, et me regarda, les yeux écarquillés.

-Hamilton, tu dis ?

-Oui, acquiesçai-je. Pourquoi ?

Emy enleva la cigarette de sa bouche et laissa les cendres tomber.
-Hamilton est réputé pour avoir couché avec énormément de femmes.

Je regardai la rousse sans porter aucun intérêt pour ce qu'elle me racontait. A vrai dire, j'en ai rien à foutre du body count du vieux pervers.

-Des fois sans leur consentement.

Je déglutis en comprenant les paroles d'Emy. Il a..agressé des femmes ?
-Oh merde. Et pourquoi il est toujours à la tête du gang ? Ça n'est pas interdit ?

-Si, ça l'est, me répondit la rousse. Mais tous ceux qui s'opposent à lui finissent avec une balle entre les deux yeux. Les femmes avec qui il a couché étaient deux fois plus jeunes que lui. Elles devaient avoir notre âge. Mais elles étaient dans le gang des Crips, elles aussi. Alors vu qu'Hamilton en est le dirigeant, elles n'ont pas leur mot à dire. Elles se prostituent pour lui. Elles sont comme des esclaves.

Une vague de dégoût me retourna l'estomac.
-Aujourd'hui, il essaye de « recruter » de nouvelles femmes pour son propre plaisir. Et Elena était visiblement sa cible du soir.

-Elle est au courant ? Demandai-je nerveusement.

-Je pense, oui, me répondit Emy en écrasant sa cigarette dans le cendrier près d'elle. Et c'est sûrement pour ça qu'elle est si énervée.

Le début de soirée me revint en tête pendant qu'Emy continuait son récit.

"Elle s'arrêta devant le grand casino, et prit une grande inspiration en fermant les yeux.

-Eh, soufflai-je. Ça va ?

-Oui, me répondit la brune en rouvrant les yeux. Je n'ai pas envie de me faire passer pour ta petite-amie, c'est tout."

Elle n'avait pas "pas envie de se faire passer pour ma petite amie". Elle savait ce qui allait se passer à l'instant où on rentrerait dans ce casino. Et elle ne voulait simplement pas servir d'esclave sexuel à un vieux pervers.
Putain.

La colère montait en flèche, et mon sang chauffait.
-Avec tout le respect que je vous doit à tous, laissez moi l'abattre, s'il vous plaît.

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