Chapitre 33 : Amusement blessant

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Nous nous dirigeâmes vers les bureaux principaux, pendant que les voix des hommes que Léon avait endormi se firent entendre.

- Merde, pesta ce dernier.
Léon s'accroupît, se faisant plus discret. Elena et moi le suivîmes.

- Il faut qu'on avance, chuchota Elena. On ne peut pas rester ici, ou ils nous remarqueront.

Son frère acquiesça calmement.
- Je sais. Mais j'essaye d'écouter ce qu'il se passe autour.

A ces mots, Elena et moi fûmes de même, nous concentrant sur les membres qui semblaient se réveiller.
- Si quelqu'un nous a endormi, c'est pour pouvoir passer, couillon ! S'exclama le premier.

- Ou alors c'était pour faire diversion ? Demanda le second.

- On ne fait pas simplement diversion en endormant deux membres des Crips, Lenny, affirma à nouveau le premier tour en s'approchant doucement.

Les bruits de pas des deux hommes se firent plus forts, ce qui fit frissonner Elena.
- Tu as peur, bouffonne ? Ris-je doucement.

- Non, gamine, me cracha-t-elle dans un souffle. Je n'ai pas peur. Je me demande seulement ce qu'ils nous feront s'ils nous trouvaient.
En baissant les yeux, je pus voir que la brune n'avait pas retiré sa main de la mienne. Cette pensée me fit sourire, et mon pouce caressa le dos de sa main.
Elle sursauta et plongea ses yeux noisettes dans les miens.

- Il ne t'arrivera rien, Elena. Tu ne finiras pas attachée.

Ma réflexion lui arracha un sourire.
- Tu seras là pour m'aider, de toute façon.

J'acquiesçai, quand Leon nous fit un signe de tête.
- On va pouvoir avancer, marmonna-t-il. Il n'y a pas de membres devant nous. Essayez d'avancer sans bruit.

Je lâchai doucement la main d'Elena, qui me sourit légèrement. Je lui rendis son sourire et la laissa passer devant moi, assurant la sécurité a l'arrière. Je ne sais pas pour qui tu te prends ma grande, mais il va falloir redescendre.
Je sais. Mais j'aimerai qu'elle aie confiance en moi.
Tu n'es pas une super héroïne, gamine.
Je ne cherche pas à l'être.
Tu n'es personne, King.

Je secouai la tête face à mes pensées. Arrivés dans une pièce illuminée par les écrans des ordinateurs, nous regardâmes les alentours, afin d'être sûrs que personne n'était présent.
Nous nous redressâmes et Léon alluma la lumière.
- Ok, prononça calmement Léon. Tout va bien ?

- Il fait chaud, ou c'est moi ? Questionna Elena.

- Non, je trouve aussi, lui répondit son frère. Il va falloir faire vite.

Je me concentrai sur les bruits de pas qui s'avançaient. J'analysai la démarche de chacun des deux hommes. Le premier, le roux, avait un pas léger et presque inaudible. Seuls les frottements de son pantalon le trahissaient. Le second, le brun, était bien moins délicat, et paraissait plus lourd. Le bruit de ses chaussures se faisait entendre contre le carrelage sombre du couloir.

- King, tu fais quoi ? Me demanda Léon, m'extirpant de mon analyse.

- J'écoutais les pas des mecs, avouai-Je calmement. Je voulais savoir s'ils étaient loins ou non.

Elena afficha un sourire satisfait sur ses lèvres quand son frère lui fit comprendre qu'il avait le dossier.
Soudain, le silence. Total. Enfin presque. Un bruit de fumée se fit entendre dans la petite pièce, et une brume blanche se répandit.
Mes sens se brouillèrent, et ma vue s'embua. Je cachai mon visage avec la manche de ma veste, et Léon fit de même. Elena, elle, semblait perdue. Je pus apercevoir son visage dans la fumée : ses yeux noisettes devinrent noirs, tant son regard s'assombrissait. Ses poings étaient serrés si fort que je crus qu'elle s'en casserait les mains.
Soudain, les muscles de la brune se détendirent, et Elena tituba. Léon enfonça la porte, et j'enroulai le bras de la brune autour de mes épaules.

- Il va falloir courir, King ! S'exclama rapidement Léon.

Je pris Elena sur mon dos. Cette dernière semblait amusée, en vue de son rire sincère qui transperçait l'air silencieux. Léon attrapa un des membres et lui mit un coup de tête dans le visage. Ce dernier s'effondra sur le sol. Nous courûmes à vive allure, espérant pouvoir atteindre la sortie. Ou au moins s'éloigner de la fumée.

Écartés de la fumée nocive, Elena reprit peu à peu connaissance. Je la posai délicatement sur le sol, l'obligeant à forcer sur ses muscles.
- Putain, il fait froid, pesta-t-elle.
Je lui mis ma veste sur les épaules sans trop me poser de questions. Elena me fit un signe de tête en guise de remerciement.
Depuis quand un fumigène donne froid ?
Peut-être un produit à l'intérieur.
Tu aurais eu froid aussi, couillonne.
J'ai pu me protéger rapidement. Pas elle
S'il y a un produit qui lui donne froid, c'est que c'est une sorte de drogue, et rien d'autre.

Mes propres pensées me firent déglutir.
Et si c'était vrai..?
J'en parlerai à Léon plus tard. Ce dernier, satisfait de sa capture, ajouta :
- Bon ! Maintenant, direction la..

Il s'interrompît, laissant le silence pesant nous oppresser à nouveau. Je me tournai, quand un bruit sourd vint percer le silence dans le couloir. Un hoquet de surprise s'échappa des lèvres d'Elena. Instinctivement, je regardai cette dernière, m'assurant qu'elle n'avait pas été blessée par la balle que l'homme face à nous venait de projeter.
- Et toi, Léon ? Questionnai-je rapidement. Ça va ?

Il hocha la tête.
- Bien.

Je m'approchai dangereusement de l'homme, et pendant qu'il chargeait, je m'approchai et lui arracha l'arme des mains, sans oublier de vider les balles contenues à l'intérieur. Mon poing vint rencontrer son visage, et une bagarre qui me paraissait interminable commença. Ses poings et ses genoux m'agressaient de coups violents, et mes mains firent de même avec son visage.
Je sentais le sang couler le long de ma tempe, ce qui me fit accélérer le rythme de mes coups. Après un dernier coup de genou dans le nez, l'homme s'effondra à mes pieds.
Ma tête se mit soudain à tourner. Une douleur atroce au ventre m'obligea à me plier en deux. Une main sur le ventre, et l'autre sur le genou, je luttai pour ne pas tomber dans les pommes.
Il va vraiment falloir que tu gères ton adrénaline et que tu canalises tes émotions, gamine.
Je sais. J'y arriverai.
Non tu n'y arriveras pas. Pas si tu continues de te battre ainsi.
C'était soit lui, soit nous.

Un râle de douleur s'échappa d'entre mes lèvres, et je sentis mon corps tomber, mes muscles me lâcher.
- Putain, Raphaëlle ! Hurla Elena.
Sa voix me paraissait lointaine et floue, comme si ses paroles étaient prononcées de l'autre bout d'un tunnel.
Ça fait mal ?
Oui.
Mes yeux se fermèrent, et ce fut le trou noir.
- Ra..elle ! Putain !
La voix de Léon devint un bruit sourd, et je me sentis défaillir. Mon sang coulait encore sous ma main. J'ai froid. J'ai mal, putain.
Pas très amusante cette mission, au final. J'aurai du m'en douter.
C'était bien trop beau.

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