Chapitre 34 : Soins faits maison

8 3 4
                                    

- Tu crois qu'elle...bien ?

- J'en...rien, Léon...

Ces deux voix familières se mélangèrent dans ma tête.
Mes paupières sont lourdes, impossible d'ouvrir les yeux.
Une main délicate se posa sur sur mon front.

- Elle a de la fièvre. Il faut la surveiller.
Ce fut la première phrase que j'entendis entièrement.

- Je reste avec elle, déclara une voix féminine.

- -

Mes yeux s'ouvrirent difficilement sur des néons blancs, qui m'empêchaient d'analyser mon environnement. Je tentai de bouger, mais une douleur atroce m'obligeait à rester immobile.
Je m'habituai doucement à la lumière, et tournai la tête en sentant quelque chose me toucher.
J'aperçus une fine main métisse posée sur la mienne. Je la reconnus aussitôt. Elena.
Ses cheveux d'ébène glissaient le long de son visage baissé, et sa respiration était douce et régulière. Elle dormait.
A peine j'eus bougé que la brune se réveilla en sursaut. Elle releva la tête, ses yeux clairs encore marqués par le manque de sommeil.

- Il...Il est quelle heure ? Tentai-je de demander.

- Trois heures du matin, déclara la brune. Tu étais endormie depuis plus de deux heures.

J'acquiesçai, et la brune se leva doucement.
- Kris n'a pas pu être présent pour te soigner, me dit-elle en baissant la tête. Donc il ne faut pas que tu bouges.

Attends..
- Personne..ne m'a soignée ?

Elle secoua la tête.
- Je te l'ai dit, Kris n'était pas disponible. Soit on appelle un "vrai" chirurgien, soit..

- Soit quoi ? M'exclamai-je avec impatience.

- Soit c'est moi qui te soigne.
Ses iris noisettes se posèrent sur mon visage, qui s'assombrissait à mesure qu'elle parlait.

- Rassure moi, et dis moi que tu te fous de ma gueule, crachai-je en me redressant.
Elena posa sa main sur mon épaule, m'empêchant de continuer mon mouvement.
- Reste allongée, s'il te plaît, déclara-t-elle calmement. Non, ce n'est pas une blague. Si Kris n'est pas là, nous n'avons pas d'autre médecin. Et appeler un chirurgien pour soigner un membre d'un gang ne sera pas une bonne idée.

- Pourquoi un chirurgien ? Demandai-je en me rallongeant.

Après quelques secondes d'hésitation, Elena me répondit :
- Parce que quand l'homme des Crips a tiré, tu pensais que personne ne s'était pris la balle, car tu voyais que Léon et moi n'avions rien. Mais finalement, c'est toi qui a été blessée. La balle est rentrée dans ton ventre, mais était trop profonde pour que l'on puisse la sortir rapidement.

Je déglutis face aux paroles de la brune.
Les blessures ne me font pas peur. A vrai dire, je m'en tape complètement d'être blessée. Mais ce qui me rendait nerveuse était surtout le fait que personne n'avait pu être là pour me soigner, et que ma plaie risque de s'infecter. Flemme de devoir garder une cicatrice dégueulasse toute ma vie sur mon ventre.

- De plus, reprit Elena, tu t'es battue avec cet homme juste après. Normalement tu n'aurais pas pu tenir debout, mais ton adrénaline a fait que tu n'as rien senti. Ton corps a compris que tu était blessée seulement après ta bagarre avec le Crips. Tes plaies sont profondes. Pas toutes, il y a des endroits où tu as juste des égratignures. Mais il faut qu'on soigne toutes les autres, ou tu garderas des marques.

- J'ai toujours eu une cicatrisation rapide. Mais je gardais toujours des traces de mes plaies. Alors même en désinfectant, j'aurai des marques. Ça ne sert à...

- Je vais vraiment finir par t'en coller une, gamine, siffla Elena. Tu préfères garder des traces toutes moches, ou des petites cicatrices qui ne se verront sûrement plus après un moment ?

- Je...

La brune n'attendit pas ma réponse, et me coupa la parole.
- Ça ne sert pas a rien de se soigner. Continues tes conneries, et je te laisse crever d'une septicémie sur ce lit. Compris ?

- J'aime quand tu me menaces, me moquai-je. Oui, c'est compris.

La brune soupira et s'approcha de moi.
- Assieds toi, souffla-t-elle.
J'obéis, et Elena posa sa main dans mon dos pour m'aider à me redresser.
Elle prit un coton imbibé d'alcool, qu'elle tamponna  sur ma tempe. Je grimaçai en sentant le picotement de l'alcool sur ma peau blessée.

- Ne bouge pas, m'ordonna doucement la brune, se faisant plus délicate dans ses gestes.
J'acquiesçai, la laissant appuyer plus fort sur ma blessure. Ses cheveux noirs tombaient sur son épaule, pendant que son regard clair était rivé sur mon visage. Elle fronça les sourcils, concentrée sur ma tempe.
- On dirait que tu es brûlée, me déclara cette dernière, passant un doigt sur ma plaie à présent désinfectée.
Je serrai les dents face au contact de la main froide de la brune sur ma tempe encore sensible.

- Le mec avait des gants, fis-je remarquer à Elena. C'est sûrement ça qui m'a brûlée.

Elle haussa les épaules, avant de prendre un pansement, qu'elle colla délicatement sur ma tempe.
- Et d'une, se moqua la brune. Il faut que tu te rallonges, maintenant.
Je m'allongeai difficilement, laissant un râle s'échapper d'entre mes lèvres.
Son regard se posa ensuite sur mon ventre encore couvert.

- Il faut que tu..enlèves ton t-shirt, déclara nerveusement la brune. Elle se gratta la nuque, pendant que je levai mon t-shirt.

- Ça va, comme ça ? Questionnai-je dans un souffle.

- Ou..Oui, bafouilla Elena. C'est bon.

J'étouffai un rire face à la nervosité d'Elena, quand elle tamponna un nouveau coton autour de ma plaie. Je serrai les dents en sentant l'alcool couler dans l'ouverture qu'avait créée la balle. Elena grimaça face à ma plaie.
- C'est vraiment moche, déclara cette dernière.

- Tu ne m'aides pas la, bouffonne, râlai-je.

- Oh louloute, se moqua-t-elle.
Ma mâchoire se serra violemment.
Soudain, une brûlure sur mon ventre me fit sursauter.

- Putain, qu'est ce que tu fous ?! M'exclamai-je brusquement.

- Désolée, chuchota-t-elle. Je dois essayer d'enlever la balle de ton ventre.

Un frisson glissa le long de ma colonne vertébrale. Enlever la balle..?
- Et tu l'enlèves avec quoi, tes mains ? Me moquai-je. Mieux vaut un peu d'humour pour calmer mon angoisse.

- Non, ria-t-elle. Avec une pince exprès.

- Fais gaffe, je pourrais devenir violente si tu me fais mal..

- Je ferai attention, soupira-t-elle.
Ses mains délicates se posèrent sur mon ventre, pendant qu'elle tentait de pincer la balle.
La douleur me tordait l'estomac, et mon envie de coller une baigne à Elena se faisait plus intense.
Ma main serrait fortement le drap du lit, et mon coeur s'emballait.
Seigneur, je vais commettre un meurtre.

Soudain, le niveau de douleur descendit d'un cran, me laissant respirer quelques secondes.
- Ça va ? Me demanda doucement la brune.

J'acquiesçai, incapable de prononcer le moindre mot. Des gouttes de sueur perlaient sur mon corps, et ma respiration était irrégulière.
Soudain, la main d'Elena passa dans mes cheveux, les caressant doucement.
- Tout va bien King. Calmes toi..

Ma respiration, toujours saccadée, me faisait mal au coeur. Je serrai ma poitrine, agrippant mon t-shirt de plus en plus fort. La douleur était insupportable.
Néanmoins, les caresses d'Elena m'apaisaient. Je sentis ma respiration se calmer, pendant que la main de la brune traçait un chemin délicat dans mes cheveux.

- Je suis là, Raphaëlle.

Whispers of the UnderWorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant