Whispers of the UnderWorld

Chapitre 35 : Chérie

Deux jours plus tard..

De nouveau dans ma chambre, allongée sur mon lit, je repensais à mon court séjour à l'infirmerie du gang.
La façon dont Elena a été délicate avec moi m'a étonnée. Elle a su prendre soin de moi comme personne n'avait su le faire.
Ça cache quelque chose.
Pas forcément.
Oh si. Personne n'est si gentil d'un coup pour rien. Elle a eu pitié de toi.

Mon sourire disparut aussitôt face à mes pensées qui sabotaient le réconfort que j'avais ressenti.
Du réconfort, ben voyons.
Je soupirai bruyamment, quand quelqu'un frappa à ma porte.
- Entre, dis-je froidement, encore secouée par les événements passés.

La porte s'ouvrit sur les cheveux noirs d'Elena. Comme par hasard.

- Salut, me dit la brune.

- Salut. Qu'est ce que tu veux ?

- Étant donné que j'ai pris la responsabilité de te soigner une première fois, je dois encore le faire, déclara-t-elle.
Elle s'assit à côté de moi sur le lit pendant que je me redressai.

- C'est Jack qui t'envoie, c'est ça ?

Elle acquiesça en baissant la tête.
- Il avait une mission aujourd'hui, il ne pouvait pas venir te voir, continua Elena. Alors je devais venir le faire. Mais le coup de la responsabilité n'était pas faux.

Sa réflexion m'arracha un sourire.
- Jack est venu hier.. je pense que je devrais m'en remettre, soufflai-je.

- Il n'y a pas que lui qui s'inquiète, glissa-t-elle dans un souffle.

- Ne me dites pas que Elena Smith la bouffonne insensible s'inquiète pour moi ? Me moquai-je.

- Tu ne m'en donnes plus l'envie, cracha-t-elle, tentant de dissimuler son sourire. Je dois changer tes pansements tous les deux jours, mongole.

- Un nouveau surnom ? J'adooore.., ironisai-je, amusée.

- Ta gueule, soupira Elena, lassée. Tes blessures sont trop profondes pour que je ne les soigne pas souvent.

- Fais comme bon te semble, je m'en fous, ajoutai-je en soufflant.

Elena enleva délicatement le pansement sur ma tempe, ce qui me tira la peau. Elle nettoya ma plaie à nouveau et remit un pansement sur celle ci.

- Pourquoi t'es si gentille avec moi ? Osai-je demander.

Elena ne répondit pas, laissant un silence pesant s'installer dans la pièce. Après un moment, je décidai de reposer la question.
- El..

- Parce que j'ai été abrutie, avoua-t-elle rapidement. J'ai été jalouse de toi, parce que je savais que tu allais te rapprocher de Jack. Maintenant je sais que tu n'es pas une mauvaise personne, et que tu n'apportes rien de négatif à ton cousin. Tu ne détruis absolument rien de ce qu'il a créé.

- Pourquoi maintenant ?

- Je ne suis pas au point de dire que je t'aime bien. Je t'apprécie. Et j'apprécie la façon que tu as d'aider les gens, même s'ils ont tendance à être mauvais avec toi. Tu m'as aidée, plus d'une fois, et sans toi je ne serais peut-être plus là aujourd'hui. Ou alors j'aurai du refaire face à certains de mes démons.

A ces mots, je compris qu'Elena parlait de la soirée avec Hamilton. Cette pensée me fit déglutir.

- Et même si j'ai été méchante avec toi, reprit-elle, tu n'as jamais hésité à m'aider. Même quand c'est toi qui a pris la balle, tu m'as demandé si j'allais bien. Je sais que tu as des démons aussi. Mais toi, sans même connaître les miens, tu essayes de m'en protéger. Tu n'y arriveras sûrement pas, et je ne te demande pas de le faire. Mais..

Un léger silence régna dans la pièce. La brune continuait de soigner mes petites blessures sur mon visage.

- Mais quand je suis avec toi, je sais que mes démons ne surgiront pas tout de suite. Tu as bon cœur, Raphaëlle. Et je sais maintenant, que tu es une bonne personne. Alors..j'essaye d'être un peu plus confiante avec toi. Mais je n'y arrive pas. Je me dis que c'est de ma faute, que..

Je posai mon index sur ses lèvres, lui demandant gentiment de se taire.
- Rien n'est réellement de ta faute, Elena, repris-je calmement. J'ai compris que tu agissais comme ça pour protéger Jack. Et je t'ai déjà pardonnée. Tu es une bonne personne aussi. Avec les gens qui le méritent, tout simplement. Peut-être que l'on ne se connaît pas assez pour que je le mérite. Il est vrai qu'il y a des fois où je m'énerve, ou des moments où je t'en veux, mais je n'irai pas jusqu'à te haïr et à te pourrir la vie pour un caprice. Honnêtement, j'aurai peut-être agis de la même manière que toi, si je devais protéger quelqu'un.
J'ai toujours été comme ça. A vouloir protéger les gens, inconnus ou non. J'ai énormément d'empathie. Mais, comme toi, j'en ai avec les gens qui le méritent.

- Mais..tu dis que tu pourrais aider des inconnus, pourtant comment tu sais qu'ils le méritent ?

- Je n'ai rien contre personne. Je ne suis pas rancunière. Un inconnu restera un inconnu, mais s'il a besoin d'aide, il sera surtout un humain, que je ne me forcerai pas à éviter.

Un sourire remplit de douceur et de sincérité se dessina sur les lèvres de la brune.
- Je suis une inconnue, pour toi ? Osa-t-elle me demander, si doucement que j'eus du mal à l'entendre.

- Pas vraiment. Tu es une fille de mon gang, que j'apprécie, mais que je ne connais pas encore. Écoutes.. je pense qu'on est réellement parties sur de mauvaises bases. Je n'ai jamais voulu être enlevée, et encore moins dirigée dans un gang dont les missions pourraient me coûter la vie. Je n'avais rien demandé.

- Je s...

- Si j'avais su que je reverrais mon cousin, et que je ferais des belles rencontres, même si le début est un peu difficile, je n'y aurai pas cru. Et pourtant, aujourd'hui, je suis loin de vouloir repartir.

Une lueur traversa les iris clairs d'Elena, et son sourire s'élargit.

- On ne se connaît pas bien. Et il y a vraiment des fois où je manque de te coller une baigne.

La brune gloussa face à mon aveu.

- Mais pour rien au monde je ne te laisserai seule face aux démons qui t'ont marqué.
Je suis restée seule face aux miens bien trop longtemps.

- Pourtant je n'ai jamais fait la moitié de ce que tu fais pour moi.

- Je ne demande pas d'aide. Et je sais que toi non plus. Mais c'est dans ma nature, d'être comme ça. Je tiens ça de ma mère.
Maman.

- Je n'ai jamais vu quelqu'un avec un coeur aussi pur que le tien.

- Même si tu as des démons qui t'empêchent de montrer qui tu es réellement, je sais que tu es pure aussi. Et je suis sure qu'un jour, tu arriveras à me montrer cette pureté.

Sur ces dernières paroles, je vis les yeux d'Elena déborder de sentiments contradictoires.
La peur.
L'apaisement.
La méfiance.
La confiance.

- Il faudrait peut-être que tu ailles dormir, trésor, me moquai-je en la surnommant comme pour la soirée au casino.
Elena afficha un sourire gêné sur les lèvres.
T'as tout gâché. Pauvre naze.
Ta gueule.
Soudain, alors que mes pensées commençaient à m'envahir, une main délicate se posa sur ma joue.
Mes yeux plongèrent dans ceux d'Elena, qui me sourit tendrement. En un geste rapide, elle empoigna ma mâchoire et me tourna le visage. Elle m'embrassa délicatement la joue, un geste attentionné qui me fit frissonner.

- Tu as raison, chuchota-t-elle au creux de mon oreille. Bonne nuit, chérie.