Chapitre 3 : Spectacle melancolique

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-Raphaëlle-

-19h05-

Après avoir attaché mes cheveux bruns en un chignon et m'être vêtue d'un débardeur et d'un jean foncé, je me dirigeai vers l'entrée de ma maison. Je pris d'abord une bouteille de Jack de mon père. J'espère qu'il ne le remarquera pas. Il serait capable de me faire la gueule. J'ouvris la porte d'entrée, quand mon père m'interpella.

-Je peux savoir où tu vas ? Me demande-t-il sans lever les yeux de son téléphone.

-Je sors avec Lévis, dis-je simplement.

-D'accord. Ne m'attends pas ce soir, j'ai une réunion.

Comme d'habitude, finalement.

-D'accord, crachai-je avant de fermer la porte derrière moi.

Mon père n'est jamais là le soir. Il l'était, avant la mort de ma mère. Maintenant, il prétend toujours avoir quelque chose à faire a son travail. Il travaille dans le droit, je crois. Il ne m'en parle pas, à vrai dire. Il ne me dit jamais rien.

Je marchai tranquillement vers l'appartement de Lévis, avec Lonely Day de System of A Down dans les oreilles. C'était la musique préférée de ma mère. Elle me la faisait écouter tout le temps quand j'étais petite. Un sourire mélancolique se dessina sur mes lèvres, pendant que les souvenirs de ma mère revinrent à mon esprit.

« -Taakeee your hand and walk awaaayy, chantait ma mère, avec une cuillère en guise de micro.
Assise sur l'îlot central de la cuisine, je la regardais gesticuler dans toute la cuisine en criant les paroles de sa musique. Je riais aux éclats en écoutant le charabia que chantait ma mère. Pendant ce temps, les pâtes carbonara refroidissaient dans mon assiette, en attendant que ma mère termine son spectacle. Spectacle que je pouvais regarder 30 fois dans la journée, tant la bonne humeur de ma mère était contagieuse. »

Spectacle que je ne risque plus de voir à nouveau. Beau spectacle mélancolique, ça. Quelle ironie.

Je ravalai mes quelques larmes avant de frapper à la porte de l'appartement de Lévis.

-Hey ! Ça va ? Me dit mon meilleur ami en me faisant entrer chez lui.

-Ça va, répondis-je. Je suis un peu fatiguée.
Je lui tendis la bouteille, qu'il attrapa en me remerciant gentiment.

-Faut dormir la nuit, ma belle ! S'exclama-t-il en riant. En tout cas, ce soir, tu n'iras pas te coucher de bonne heure.
Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres. Malicieux ? Non. Je dirai plutôt mauvais. Voire psychopathe..

En entrant dans la cuisine -une grande cuisine moderne, faite principalement de marbre, qui est très lumineuse- , j'aperçus de nombreux visages, la plupart inconnus. Après avoir salué la vingtaine de personnes présente, je me dirigeai à nouveau vers Lévis, qui parlait avec quelqu'un, que je ne connais pas non plus. Je crois qu'à part Lévis, ses parents, et son cercle d'amis proches, je ne connais absolument personne.

-Oh tiens, Raph' ! S'exclama Lévis, un verre de rhum à la main. Il entoura son bras autour de mes épaules avant de me présenter à son ami, tenu en face de lui. C'est un grand garçon, brun, métisse, avec les yeux clairs. De quoi charmer de nombreuses filles, ça..
Il m'adressa un grand sourire, que je lui rendis timidement.
Lui, c'est Leon ! Me dit mon meilleur ami. Il est grave cool, je viens de le rencontrer.

Attends..comment ça se fait que Lévis vient de le rencontrer, alors que c'est SA soirée, et que ce sont SES invités ? J'arquai un sourcil à l'idée que cet homme soit un inconnu, même pour Lévis, et ledit Leon fit de même, en voyant mon visage s'assombrir.
-Qu'est ce qu'il fait la si tu ne le connaissais pas avant ? Demandais-je, tranchante.

-Je suis le fils d'un ami de son père, me répondit Leon d'une voix grave. Cameron a invité mon père, qui m'a dit de l'accompagner.

Je sais reconnaître les gens qui mentent. Et tu es très mauvais dans ce domaine, Léon.
Je le regardai droit dans les yeux, espérant qu'il se trahisse tout seul d'un simple geste. Il gardait son regard émeraude posé sur moi, lui aussi, mais ne laissait aucune faille paraître. Bon, rectification. Tu n'es pas si mauvais que ça.

-Ça va, vous deux ? Dit froidement Levis. Je vous dérange, peut-être ?

-Désolé mec, répondit Leon. Ta copine me disait quelque chose. J'ai du me tromper.
Sa voix avait légèrement changé, entre la réponse qu'il venait de me donner, et celle qu'il donnait à Levis. Donc en plus de mentir, tu joues la comédie.
Après un message reçu, le brun se retira en saluant Levis. Il m'adressa un signe de tête, que je lui rendis. En repartant, Léon, qui passait juste à côté de moi, me dit près de l'oreille :

-Je ne sais pas qui tu es, et je n'en ai rien a foutre. Alors fais de même, et n'essaies pas de savoir qui je suis non plus, "Raph'".

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