Chapitre 11 : l'Acceptation.

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Accepter la mort d'un être cher, c'est surfer sur l'océan de douleur où chaque vague rappelle l'amour pour l'être perdu.

✰Tokyo✰

- Merci de m'accompagner chez moi, je souris aux pompiers.

- Prenez soin de vous, me dit l'un d'entre eux.

Je leur fais un signe de la main en entrant dans la cour de ma résidence, et je tombe sur ma sœur qui m'attend debout près de l'entrée du hall. Derrière elle, un peu plus loin, se tient Young-Chul. J'en déduis que Taehyung est resté au-dessus devant la porte de mon appartement.

Je sens qu'elle a envie de venir vers moi, mais elle n'ose pas. On doit parler, il y a des explications à donner. Mais à cet instant, sa présence devant moi est tout ce qui compte. Malgré une pointe de colère, je sais qu'elle a besoin de réconfort. Rien sur cette terre ne m'empêchera de lui en offrir. Je fais un pas vers elle, et en voyant mon geste, elle se précipite également vers moi.

Cho-Hee se jette dans mes bras, et sans un mot, je l'enlace tendrement. Aucune parole ne peut véritablement exprimer cette profonde palette d'émotions qui nous submerge. Je resserre mon étreinte, doucement mes doigts caressent ses cheveux, je savoure simplement ce moment, lui offrant le réconfort nécessaire. Dans ce silence qui précède une vérité douloureuse, je la sens. Alors, en attendant la confrontation, nous profitons de cette étreinte entre sœurs, où les mots semblent superflus.


- Je t'écoute ! Dis-je d'un air neutre pour ne pas lui mettre la pression. Elle se tient debout à quelques mètres de moi dans le salon, se frottant les doigts nerveusement tout en jouant avec ses talons. J'observe ses gestes, les bras croisés, attendant qu'elle parle.

- Min-Hyuk, voilà le nom de cet homme... Elle fait une pause qui semble s'étirer à l'infini.

- Qui est-il ? Que te voulait-il et pourquoi as-tu dû appeler la police ?

La police ?

La police !

La police ?!

Cet homme... Est-ce qu'il...

- Est-ce qu'il t'a fait quelque chose ? demandais-je, les yeux écarquillés, m'approchant d'elle, craignant sa réponse.

- NON, Non , ne t'inquiète pas, il ne m'a pas touchée, du moins pas sans mon autorisation, souffle-t-elle. Je suis habituellement très patiente avec elle, mais là, elle joue vraiment avec mes nerfs.

- TU COMPTES PARLER OU QUOI ? Ma voix résonne dans la pièce alors que je la vois reculer. Je décide de l'ignorer, convaincue qu'elle sait que je ne lui ferais pas de mal sans raison. Mon regard insistant lui signifie qu'elle ferait mieux de commencer à parler maintenant.

- C'est l'assistant de mon professeur de natation...

- Depuis quand est-il là ? Et où est passé l'assistant Jaehyun ? Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu avais un autre assistant ?

- Jaehyun a démissionné et je ne t'ai rien dit parce que je pensais que tu étais au courant, dit-elle en commençant à pleurer.

- Comment aurais-je pu le savoir ?

- Je n'en sais rien, tu connais tout de moi, c'est pourquoi je ne t'ai rien dit, pensant que tu veillais sur moi. Voilà ! Je suis totalement déconcertée. Si j'ai bien compris, elle me reproche de lui avoir laissé une totale liberté ?

- Cho-Hee ?

- Oui, tu aurais dû être là pour moi, tu aurais dû faire comme toujours, savoir ce que je fais, où je vais, avec qui je parle... Tu aurais dû le savoir, Tokyo !

- Cho-Hee ?

- Oui, c'est de ta faute. Tout ça, c'est à cause de toi. Tu m'as habituée à toujours être là pour moi, à toujours me sauver, alors que je ne réalisais même pas que j'étais en danger.

- C'est de ta faute si je me suis laissée approcher par l'assistant dès sa première journée de travail... Et tu oses me demander pourquoi je ne t'ai rien dit ?

- Pourquoi ne m'as-tu pas parlé, Cho-Hee ?

- Peut-être parce-que, tu m'aurai mise en garde, comme tu le fais souvent. Tu aurai amplifié les choses, tu aurai fouillé dans tout l'arbre généalogique de l'homme avec qui j'étais en couple, dit-elle, les larmes toujours présentes.

- D'accord, mais aurai-je eu tort de le faire ? Je lui demande d'un ton calme, ce qui semble apaiser la situation. Elle me regarde avec ses superbes yeux mouillés avant de répondre :

- Non, Tokyo, tu n'aurai pas eu tort. Tu m'aurai épargné cette souffrance, cette peine d'amour, éclate-t-elle davantage en sanglots. Je la regarde toujours sans rien faire, ne la pressant plus. J'attendrai ici le temps qu'il lui faudra pour tout m'expliquer, sans la brusquer.

- J'étais en couple avec lui et je l'aimais vraiment. Je pensais qu'il m'aimait aussi, jusqu'à ce que... Elle se penche en tenant ses genoux, essayant de contrôler son sanglot.

- Je ne sais pas pourquoi, mais il l'a empoisonné, en fait, drogué... Lucky, je crois qu'il travaille avec Chul-Hei. J'ai fait examiner les croquettes qu'il lui a offertes, elles contenaient une forte quantité d'ecstasy. C'est pourquoi Lucky ne pouvait rien faire, il a été drogué. Je l'ai confronté, il a nié et quand j'ai voulu appeler la police, il m'a rattrapé... Puis après... Après je l'ai poussé, parce qu'il était sur moi. Et après, il y avait du sang partout... Puis je t'ai appelé. Je suis désolée, Tokyo, pardonne-moi s'il te plaît. Pardon ! Pardonne-moi d'avoir tué Lucky, c'est à cause de moi qu'il est mort. Dis-moi que tu m'aimes toujours, s'il te plaît. Ne me déteste pas, Tokyo, s'il te plaît, dit-elle en se réfugiant dans mes bras, pleurant à chaudes larmes. Je la serre dans mes bras, incertain de mes propres sentiments. Je me sens mal. J'ai la tête qui tourne, la voix de ma sœur qui répète la même chose dans ma tête.

Empoisonné...

Lucky ?

Drogué...

Lucky ?

Mort. Lucky est mort. Mort.

Non, Lucky est toujours vivant en moi, il n'est pas mort.

Mort...

Lucky ?

⋆ Madame, voici les cendres de votre chien. ⋆

⋆ Je revois le cardiogramme de Lucky... Il s'arrête. ⋆

⋆ Je me vois déverser ses cendres... ⋆

C'est donc vrai alors ? C'est donc tout.

Je suis vraiment seule désormais, je suis seule.

Parce que... Parce que...

Mon chien... Mon chien est mort.

Lucky est mort.

Sans Limite pour eux (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant