“Nous sommes tous là pour une raison, aussi infime soit-elle. Je suis profondément convaincue qu'il y a une justification à la présence de chaque individu sur cette terre. Si je devais expliquer ma propre existence, malgré le refus initial de ma mère, je dirais que je suis là pour mes frères et sœurs. Rien d'autre ne motive ma présence. Chacun de mes pas, chacune de mes paroles, chacune de mes actions depuis que la vie m'a désignée grande sœur est dédiée à eux. Cho-Hee, Ju, Mei-Yeorim et Icha-Moo.”
༺Tokyo༻
- Tu m'étonnes que je ne dégage pas une agréable odeur, après m'avoir entraînée dans un sous-sol infesté de cadavres en décomposition, râlai-je en passant mes mains sur mon visage et dans mes cheveux, relevant la tête vers le pommeau de douche. Sous le jet d'eau chaude, je laisse les gouttes couler sur ma peau, emportant avec elles la saleté et l'odeur de mort qui semblent s'être incrustées dans chacun de mes pore. L'odeur de la vapeur de la salle de bain, mélange à mon savon à senteur orange s'infiltre dans mes narines, chassant peu à peu le relent insupportable du sous-sol. Je savoure ce moment de répit, la chaleur apaisante de l'eau enveloppant mon corps me procurant un sentiment de détente bienvenu après les tensions des dernières heures.Puis, avec une sensation de propreté retrouvée, je coupe le jet, laissant la vapeur se dissiper lentement dans la pièce, je sors de la douche. Celle-ci est une cabine simple en verre transparent, qui se fond harmonieusement dans le coin de la salle de bain. Bien que modeste, elle offre un espace confortable pour se laver, avec une pomme de douche carrée fixée au plafond. Les carreaux de céramique blancs recouvrent les murs, tandis qu'un petit banc en bois offre un endroit pratique pour poser les produits de douche. Une grille discrète au sol permet à l'eau de s'écouler efficacement. La salle de bain, bien que de taille moyenne, dégage une atmosphère accueillante, avec des meubles en bois ajoutant une touche chaleureuse à l'ensemble.
Après m'être enveloppé dans une serviette moelleuse, je me dirige vers le lavabo. Le miroir au-dessus reflète non seulement mon reflet, mais aussi la baignoire blanche et la cuve derrière moi, ajoutant une profondeur visuelle à l'espace. Sur le rebord du lavabo, les brosses à dents de mes sœurs sont soigneusement disposées, tandis que celle de Ju repose dans une boîte désinfectée, rappelant sa nature prudente et méticuleuse. L'éclairage tamisé de la salle de bain ajoute une ambiance douce et relaxante à l'ensemble.
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Je m'habille sous le regard insistant de Cho-Hee, assise sur son lit, les jambes croisées. Une fois mon pantalon en jeans bleu marine légèrement ample avec des fils de couture blanche enfilé, je me dirige vers mon lit, qui est jumelé à celui de Cho-Hee, pour enfiler mes mocassins Angel noir et blanc. Ma sœur reste dans la même position, observant chacun de mes gestes avec attention. Je me lève et me rends à la coiffeuse que nous partageons, située près de l'entrée de notre chambre, un peu plus près de mon lit. Sur le côté gauche du lit de Cho-Hee se trouve son bureau, suivi de notre garde-robe. À droite de mon lit, un mini dressing est aménagé pour les affaires d'Icha-Moo, et entre mon lit et celui de Cho-Hee se trouve le berceau d'Icha-Moo, disposé horizontalement. Le mur en face, un peu plus loin de nos lits, est d'un blanc pur, contrastant avec le plafond couleur crème et le sol recouvert d'un parquet en bois clair. À côté du mur, un meuble de rangement pour chaussures et sacs est soigneusement aligné, ajoutant une touche d'organisation à notre chambre.
Je prends place sur la chaise devant la coiffeuse, j'applique l'anti-cernes comme un fond de teint sur l'ensemble de mon visage, essayant du mieux que je peux de cacher les bleus sur mon visage et les cernes de fatigue. Ensuite, je trace un trait d'eye-liner et estompe du correcteur dans le coin interne de mes yeux. Puis, je brosse mes sourcils avant d'appliquer un rouge à lèvres mat. Une fois le visage fini, je m'attaque à mes cheveux, les coiffant au hasard en un chignon ananas relâché, que je fais tenir avec un pic à cheveux. Quelques mèches rebelles glissent inévitablement le long de mon cou. Contrairement à mes sœurs, je ne porte pas de frange, mais je libère délibérément deux petites mèches sur le devant.
En me levant de la chaise, je saisis mon blazer long en cuir noir, pourvu d'une fermeture boutonnée et de fils apparents qui lui donnent un aspect structuré. Il touche presque le sol, ajoutant une touche d'élégance à ma tenue. Je l'enfile par-dessus mon débardeur en dentelle blanc semi-transparent et attrape la clé de ma moto, posée sur mon lit, que je glisse dans l'une des poches avant de mon blazer.
Je finalise ma préparation en me vaporisant un peu de parfum. Je remarque que Cho-Hee m'adresse un sourire adorable et me dit :
- Aleumdauseyo, Tokyo. (T'es ravissante, Tokyo)
- Merci ! Lui répondis-je en lui rendant son sourire. Je dépose mon parfum sur la coiffeuse et me tiens maintenant devant ma petite sœur.
- Tu as quelque chose à me dire, Cho-Hee ?
- Oui.
- Je t'écoute.
- Je ne suis plus vierge, Tokyo, dit-elle, le regard perdu dans le vide.
Je m'approche d'elle et la fais pivoter pour qu'elle me regarde. Toujours assise les jambes croisées, je me baisse à son niveau en la tenant par ses cuisses, libres puisqu'elle porte un ensemble de jogging rose dont le bas est un short.
- Tu le regrettes, le fait de ne plus être vierge ? Elle me regarde droit dans les yeux en répondant :
- Non, enfin je ne pense pas, devrais-je ? Devrais-je me sentir abusée parce que le premier homme à qui je me suis donnée s'est moqué de moi ?
- Je suis consciente que je devrais me détester pour ne pas regretter de m'être donnée à lui, mais je n'y arrive pas, du moins je ne veux pas. Car admettre cela reviendrait à reconnaître que j'ai été la pire des idiotes. Elle soupire profondément tout en me lançant un regard empli d'espoir, comme si elle attendait que je l'aide à y voir plus clair.
- Ça ne te définit pas, Cho-Hee. Tu t'es donnée par amour, c'est ce qui compte. Le reste n'a pas d'importance.
- J'y crois pas, Tokyo, désolée. Je suis juste... perdue. Elle pose ses mains sur son front, penchant sa tête en arrière pour illustrer son état de confusion.
Je dépose un baiser sur sa cuisse et lui dis :
- Je suis là, on va réussir ensemble à mettre des mots sur tes maux, je suis là Cho-Hee.
Elle redresse la tête et la pose sur la mienne, pendant que je ne cesse de lui répéter que "je suis là" et de lui offrir un baiser pour chaque promesse prononcée.
- Merci, Tokyo, merci pour tout ce que tu représentes pour moi en tant que sœur. Tu es mon amie, ma confidente, mon roc, et parfois même ma conscience, dit-elle en esquissant un rire teinté de tristesse. Je relève les yeux et remarque qu'elle pleure. Je lui adresse un sourire réconfortant et lui tends une petite carte.
- Tiens, voici l'adresse de l'hôpital où il se trouve. Tu peux lui rendre visite, mais seulement si Young-Chul t'accompagne. Et surtout, je te demande de te rappeler que tu as simplement aimé, tu n'es pas responsable de la mort de Lucky. D'accord, Cho-Hee ?
Elle me fixe, et je peux percevoir qu'elle aimerait s'exprimer, mais les mots semblent lui échapper. Elle semble soulagée que j'aie saisie son désir de revoir Min-Hyuk sans même qu'elle ait à l'exprimer verbalement. Elle est reconnaissante que je ne lui porte pas de jugement, peu importe la situation. Alors, sa réponse se traduit par des larmes mêlées à des gestes, elle me tend les bras, me demandant implicitement de la serrer contre moi. Je m'exécute en me redressant légèrement pour l'enlacer, la tenant fermement. Elle reste là, pleurant contre ma poitrine, pendant que je caresse doucement ses cheveux sans chercher à calmer ses sanglots. Je comprends qu'elle a besoin de cela, de libérer sa culpabilité, de laisser échapper la colère et le chagrin qui envahit son cœur. Et aussi longtemps que je serai là, elle pourra se servir de moi comme exutoire, aussi longtemps qu'elle en aura besoin.
Car pour elle, je suis là.
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Sans Limite pour eux (En Pause)
RomancePrivée de l'étreinte maternelle dans son enfance, TOKYO s'engage corps et âme à chasser de l'existence de ses frères toute trace de ce vide insidieux. Son amour, tel un fleuve sans rives, les enveloppe sans réserve. Elle est prête à défier la LOI, à...