Chapitre 12 : Chaos organisé.

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La peur est une émotion naturelle, elle peut nous paralyser tout autant qu'elle peut nous servir de guide. Le vrai défi est de ne pas la laisser devenir notre maître.”

Tokyo

- As-tu passé toute la nuit sous la douche, Tokyo ?

- Bonjour aussi à toi, Ju. Dis-je en refermant la porte de la salle de bain.

- Bonjour ? Crois-moi, qu'un jour ne peut pas être bon dans la pauvreté.

Je plisse les yeux, essayant de comprendre de quoi il parle. Je m'appuie alors contre l'un des murs du couloir et mon petit frère est juste en face de moi, avec sa coupe de cheveux au bol et ses lunettes, bien sûr vêtu de son pyjama bleu en laine imprimé, tableau périodique.

- Écoute, j'ai une ouïe très fine et toute la nuit j'ai entendu l'eau couler. J'ai cru qu'il pleuvait, mais comme la météo n'en a pas parlé et que je te vois sortir de la douche avec les cheveux mouillés à cinq heures du matin, j'en conclus que c'est toi qui as passé la nuit sous la douche.

- Tu sais, Tokyo, tout comme il est certain que si l'humanité continue à négliger le recyclage et le réchauffement climatique, la fin du monde se produira entre nous, les humains. Et bien, c'est de la même manière que je suis sûr de finir ma vie riche. Ma fortune ne se comptera pas en milliers mais en millions, pour ne pas dire en milliards. Tu me connais, je reste modeste.

Je ne peux m'empêcher de sourire face à la tête de petit homme de mon frère. Il semble me demander de le prendre au sérieux. Je me reprends donc, lui montrant que je l'écoute attentivement, même si mes traits trahissent ma difficulté à retenir un éclat de rire.

- Après mes études, je serai docteur en sciences, astronaute ou biologiste reconnu mondialement, et ce n'est même pas un quart de tout mon potentiel, tu le sais.

J'accepte en acquiesçant et en passant ma main dans ses cheveux. Il retire ma main et arrange sa chevelure, qui est étrangement impeccable pour un préadolescent juste réveillé. Je souris et attends qu'il poursuive.

- Mais en attendant, vivre dans la pauvreté ne m'intéresse pas, Tokyo. Donc, ma chère grande sœur, je vais te demander de ne plus gaspiller autant d'eau. Ça coûte cher. Sois patiente, d'ici quelques années je te construirai un océan entier à toi toute seule, et bien plus encore.

- D'accord ? Me demande-t-il toujours avec son air un peu trop sérieux à mon goût. Alors je le prends dans mes bras, bien qu'il feigne de se débattre. Il finit par me couvrir des bisous sur la joue.

- Je t'aime, Tokyo.

- Je t'aime aussi, mon champion.

- Moi, je t'aime tellement que c'est pourquoi je vais te dire la vérité. Il est dos à moi alors que je le tiens dans mes bras. Puis, il retourne sa tête en tenant mes mains et poursuit :

- Tu travailles pour une mafia ?

Comment vous dire que mon cœur a fait plusieurs loopings, mon corps ne sait plus comment respirer l'air autour de soi. Comment le sait-il ?

C'est vous qui lui aviez dit, pas vrai ? Allez, dites-moi !

J'entends son rire avant qu'il ne dise :

- Allez, détends-toi, je te demande ça parce que d'abord c'était les joues, puis la cheville, et maintenant c'est la tête. Dit-il en regardant le bleue sur mon front.

Ouf, je suis de retour à la réalité. Je libère mon frère pour qu'il puisse entrer et faire sa toilette. J'ignore si c'est vraiment une bonne chose, mais il faut dire que l'organisme de Ju est réglée comme une horloge. Il est déjà prêt à entrer dans la salle de bain quand je lui laisse la place, et se retourne soudainement en tenant les cadres de la porte, me fixant du regard. Je remarque son geste du coin de l'œil et me retourne pour lui faire face.

Sans Limite pour eux (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant