L'obscurité nous entoure

Chapitre 38 : Rei

-Entrez !

Ruiko ne peut plus reculer. Elle est restée un moment avec ses amies, à rire avec elle, rattraper des nouvelles de ce qu'elle a manqué. Elles lui ont parlé de leurs activités nocturnes contre les Skill-Out, l'attaque du complexe. Mikoto avait de nombreuses questions sur Frenda et Saiai, voulant comprendre pourquoi elle avait fui avec deux mercenaires. Ruiko refusa de répondre à toute question, tant que la situation n'aurait pas été clarifiée. Il y a encore beaucoup de non-dits qui flotte parmi leur groupe d'amie. De sujets que chacune préfère taire. La colère et le sentiment de rejet de Ruiko est partit de cela, aucune ne l'ignore. Alors, elle leur fait la promesse, que dès qu'elle aura pu parler avec Saiai, elles auront une vraie discussion.

C'est pour ça que depuis dix minutes, elle est plantée devant la porte de la chambre, n'osant toquée. Elle a passé des jours, persuadée que Saiai l'a détestée. Des semaines, à croire que leur relation ne valait rien, car la plus jeune l'avait écarté de sa vie.

Pourtant, Saiai lui a sauvé la vie. Elle s'est interposée entre les balles et Ruiko, malgré ses blessures. Les aggravant pour la protéger. Puis, s'est excusée. Levant le poing, elle a frappé doucement à la porte, attendant l'invitation pour entrer.

Saiai est assise au bord de lit auquel elle est menottée, jouant avec la télécommande de la télé, zappant distraitement avec son air ennuyé habituel, bien que son visage s'égaye légèrement quand elle voit Ruiko.

-Tu sembles aller mieux.

-Toi aussi. Comment vont tes côtes ?

-Trop guéris, je ne sens plus rien. Et toi, sortie de ta phase ?

-Ouais, on m'a fait un premier diagnostic de ce que j'avais.

Ruiko lui fait un résumé de ce qu'elle vient d'apprendre, Saiai écoute en silence. C'est pour l'instant un terrain familier de conversation. C'est facile de fermer les yeux, de s'imaginer de nouveau dans leur petite salle de sport, assise l'une contre l'autre, comme si rien n'avait changé. Comme si tout était parfaitement normal dans leur vie. D'ignorer tous les secrets brûlants entre elles, le besoin presque viscéral de réponse.

Saiai pose des questions basiques, se renseignant sur quand elle obtiendra les médicaments. Demain d'après le docteur Getoka. Ils quitteront l'hôpital juste après, décision de Belesse, pour un lieu plus sûr et que les Sœurs récupèrent leurs lieux de vie. Elles ne se regardent pas vraiment en parlant, chacune fixant un point différent de la pièce, tournant autour du sujet principal, sans oser l'aborder. Ruiko est la première à craquer, s'impatientant. La patience n'a jamais été son fort, c'est encore pire maintenant.

-Après le Congrès des Sciences... Tu es partie. Tu n'as plus jamais donnée de nouvelles. Pourquoi ?

Saiai a une grimace à la question trop franche. Bougeant ses doigts nerveusement, elle hausse les épaules, énonçant une évidence :

-On y était avec Mugino pour tuer une cible. Yama Sasaki, la cheffe de Lumière. On a trop failli tuer Misaka à la place. J'ai entendu la fin de ta conversation quand tu es arrivée, même si j'ignorais trop que c'était elle ton amie, c'était suffisant pour que je ne reste pas. De toute façon, je voulais couper les liens avec toi depuis un moment.

-Pourquoi ?

La question n'est pas agressive, juste cureuse, Ruiko ayant besoin de réponse depuis un moment sur ce qu'il s'est passé entre elles ces derniers mois. Saiai rappelle une évidence avec franchise :

-On n'est trop pas du même monde. Je suis une mercenaire. J'ai tué, Ruiko. J'ignore si j'ai aimé ça ou pas, mais je trop l'ai fait. De nombreuses fois. Et avec toi, les choses étaient différentes, perturbantes. J'ai commencé à trop manquer de concentration en mission, à me détacher de mon équipe. C'était aussi dû aux changements de Mugino. Mais j'aurais probablement prise des décisions différentes si je ne t'avais pas rencontré, admet Saiai.