Chapitre 26 : Fan-Club

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Saiai est roulée en boule dans un coin de la salle de sport, tête entre les genoux, pensive. Elle repense au fiasco d'aujourd'hui. Ça a été un tel désastre, si vite, elle ne sait pas quoi en penser. Ce n'est pas le genre de Mugino d'oublier leur objectif pour un truc aussi dérisoire que la vengeance. Pas sur une mission aussi importante. Saiai n'aime pas le regarder qu'elle a vu de sa patronne quand elle est allée la chercher.

Le léger bruit de pas de Saten résonne, arrivant avec sa démarche sautillante habituelle. Sa voie, d'habitude si gaie, n'a pas le même entrain, un peu plus terne, alors qu'elle parle au téléphone.

-Tu es sûr de toi ? Non, je ne doute pas. Je veux juste m'assurer qu'elles vont bien. Je n'arrivais pas à les joindre, j'étais inquiète, mais c'est bon à entendre de ta part.

Saiai va pour se lever, signaler sa présence, mais elle se fige en entendant la fin de la conversation de son amie.

-Attaquer un congrès Scientifique, vraiment... Heureusement qu'elles vont bien. Il faut être des monstres pour faire ça. Il n'y a pas eu de morts, ce qui est une bonne nouvelle. J'espère que les coupables seront arrêtés.

Une boule d'amertume nait dans la gorge de Saiai, l'empêchant de parler. Elle reste tapie contre le mur, silencieuse, alors que Ruiko conclut :

-On les appellera demain, elles doivent se reposer. Je te laisse, à plus !

Que peut-elle dire ? Elle ne sait pas si elle parviendrait à bouger. Des amis de Ruiko étaient au congrès ? Elles ont l'air d'aller bien, au bu du grand sourire soulagé qu'arbore la jeune fille. Mais elles auraient pu être blessées ou pire et Saiai en aurait été responsable. Elle se déteste pour dire que cette fois, elle aurait été directement responsable de la tristesse de son amie. Elle l'aurait causé. L'ITEM l'aurait causé.

Alors que Ruiko part se changer dans les vestiaires, Saiai se lever et commence à se diriger vers la sortie d'un pas précipité, ne pouvant pas rester là, mais une douce main l'attrape et la retient fermement :

-Où vas-tu ?

La question de Ruiko n'est qu'innocence et inquiétude. Saiai se dégage trop brusquement de son étreinte, la repoussant, reculant d'un pas. Pour la première fois depuis longtemps, toutes ses émotions sont lisibles sur son visage si impassible, alors qu'elle bredouille :

-Je ne me pas trop bien. Je vais y aller. Une autre fois, Ruiko, trop désolé !

Saten n'en croit pas un mot, mais elle n'a jamais vu une telle détresse sur ce visage habituellement toujours fermé. Elle hoche la tête, compréhensive, et assure d'un léger sourire :

-D'accord. Repose-toi bien, d'accord ? C'est le plus important.

La gorge serrée par la culpabilité, Saiai hoche faiblement la tête, avant de filer. Elle aurait pu la blesser sans le vouloir. Les jambes aussi lourdes que son cœur, elle s'éloigne dans les grandes rues de la citée Académique, marchant au hasard.


***


Uiharu proteste à mi-voix, sans vraiment y mettre de cœur, elle-même peu convaincue de ce qu'elle dit. La voix dans le téléphone rie gentiment à cette affirmation si directe, et rétorque avec douceur :

-Penses comme tu veux, Ka-chan. Je te laisse choisir par toi-même.

Uiharu est blottie dans son lit, un oreiller serrer contre à elle, à défaut de pouvoir serrer contre elle la personne avec qui elle discute, téléphone presser contre son oreille. Après cette journée assez angoissante quand elle a appris ce qu'il se passait au congrès où était ses amies, cet appel est exactement ce qu'il lui faut.

L'obscurité nous entoureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant