Chapitre 40 : Sentiment de famille

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Mikoto a un grognement quand elle s'assoit sur sa chaise de cours, massant son épaule douloureuse. Elle a été distraite hier soir, un bref instant d'inattention, qui lui a valu de se prendre un coup, laissant un beau bleu. Elle a le bras raide aujourd'hui, et même si tous les bisous magiques de Kuroko étaient très mignons, ça n'enlève pas la douleur, ça n'a fait que la distraire un moment.

Non loin, entourée de quelques filles de sa faction, siège Misaki, la tête haute, maquillée pour dissimuler les cernes qu'elle arbore, tentative que Mikoto n'a pas tenté ce matin, se réveillant trop tard pour y penser. S'extirper des bras de Kuroko fut une torture, elle a été tentée un moment de faire carboniser son réveil, et de retourner se blottir dans les draps pour ne jamais en bouger.

Elle est sûr qu'avec un peu de persuasion, elle aurait pu convaincre la téléporteuse de rester avec elle. Probablement avec beaucoup de baiser. Mais Kuroko a été raisonnable pour son plus grand malheur, se téléportant hors du lit, emportant les couvertures avec elle, en ignorant fermement le cri outré de Mikoto. Elle s'était traînée dès qu'elle en avait trouvé le courage sous la douche, plus proche du zombie qu'autre chose. Elles se sont couchées bien plus tard que deux heures du matin, arriver en courant en cours. Et étant parti trop tard et Mikoto n'avait pas eu le temps d'embrasser sa petite-amie avant qu'elle ne rejoigne sa classe, la mettant encore plus de mauvaise humeur.

Résultat, elle est assise à sa table, dégageant une sorte de négativité extrême, fixant le vide, voulant juste se rendormir. On peut presque voir le nuage sombre autour de sa tête. Sa voisine de classe la regarde avec un peu de crainte, attendant sans aucune impatience le moment où des étincelles vont jaillir de la frange.

Misaki a un ricanement interne en la voyant faire, se délectant de la voir ainsi, appréciant de ne pas être la seule à être épuisée par le rythme qu'elles s'imposent. Passer les nuits dehors, puis les journées en cours, n'est pas un rythme facile à vivre. Elles ont eu des mots pour justifier leurs absences du dortoir et ne pas finir en retenu à vie, passant la plupart de nuits à dormir à l'hôtel, Misaki effaçant soigneusement cette information de la tête de leurs camarades. Elles n'ont pas besoin de rumeur courant qu'elles ne dorment plus dans leur chambre. Moins elles attirent l'attention, mieux tout le monde se portera.

Mikoto espère que le premier cours du matin sera facile, elle n'a pas la force de suivre avec attention et à des bonnes notes à maintenir. A la rigueur, elle s'abaissera à demander les notes de Shokuhou si les siennes sont vraiment trop incomplètes. Elle est classée septième de son année, elle ne peut pas se permettre de baisser ses notes maintenant, alors que le choix des lycées approche.

Posant sa joue dans sa main, elle regarde par la fenêtre, attendant l'arrivée de leur sensei. C'est vrai qu'elle va sur seize ans. Va bientôt finir sa troisième année et quitter Tokiwadai. Cela semble être dans une éternité, mais il est mi-décembre, ce n'est quelques mois. Avec tout ce qu'il y a à gérer en ce moment, c'est très loin dans sa liste de priorité, mais elle va devoir y penser sérieusement. On va commencer à lui demander ce qu'elle compte faire après ces études, ces projets universitaires.

Elle va quitter Tokiwadai. Et le dortoir qu'elle partage avec Kuroko. Son cœur se serre à cette pensée. Elle aime partager un espace de vie avec sa kouhai, dormir à ses côtés, la retrouver sur le terrain du collège durant leurs pauses. Cela sera étrange de rejoindre un nouveau dortoir, de le partager avec une autre colocataire. Ces débuts avec Kuroko ont été difficile, toutes comme ses premières rencontres avec la fille. Ce fut rythmé par beaucoup de disputes et de cris, suivit toujours de punition. Mais même avant de sortir ensemble, la petite téléporteuse tenace et intrusive à grandit sur elle, trouvant une place, amical, dans son cœur. Une personne qui peut trouver adorable ces passions enfantines, à qui elle peut se confier sans se sentir juger.

L'obscurité nous entoureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant