Chapitre 6 : Catastrophe

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Allongée dans son lit en pyjama, Mikoto est troublée. Elle fixe le plafond, immobile, se répétant en boucle la question de Saten. Que représente Kuroko ? Se tortillant un peu, elle peut voir son amie assise à son bureau, très occupée. Mikoto se recouche, continuant de réfléchir.

Il y a encore quelques semaines, sans l'ombre d'une hésitation et sans avoir besoin d'y réfléchir des heures, elle aurait répondu simplement : ma meilleure amie. C'était avant toute cette enquête, qu'elle ne puisse presque pas la voir et qu'elle prenne douloureusement conscience qu'il manque quelqu'un à ces côtés quand elle se lève le matin, arpente Tokiwadai et sort l'après-midi. Elle hait ces repas seule, le regard toujours préoccupée et fatigué de sa kouhai et son absence dans sa vie. Absence qui crée un vide que personne d'autre ne veut combler, parce qu'elle ne veut personne d'autre pour le combler. Kuroko est...

Mikoto secoue brusquement la tête, voulant chasser tout ce qu'elle vient de penser de son esprit. Non, non, et encore non ! Kuroko est sa meilleure amie, et rien d'autre. Maudite soit Saten avec ses insinuations étranges et ses questions. L'entendant s'agiter, Kuroko se retourne, demandant :

-Onee-sama, tout va bien ?

-Oui, oui, la journée a juste été longue.

-Et pleine de surprise, déclare avec tendresse la téléporteuse.

La voyant très occupée à griffonner, Mikoto se lève et s'étire paresseusement avant de la rejoindre, rappelant :

-Tu es censée te reposer, non ?

-C'est ce que je fais, promet Kuroko. Konori-senpai m'a interdit tout ce qui touche à l'enquête avant lundi. Elle m'a même menacé de mise à pied, tu réalises ? gémit-elle dramatiquement.

Se penchant par-dessus la chaise de sa kouhai, Mikoto vient regarder ce qu'elle fait. Entre ces longs doigts agiles, elle déplace avec grâce un fusain. Il est aisé de reconnaître le parc où elles se rendent régulièrement. Tout y est dans le paysage, les arbres bougeant lentement avec le vent, les bancs, il y a même son distributeur adoré.

-On s'y croirait, constate-t-elle en reconnaissant le lieu.

-Ne dis pas ça, Onee-sama. Je me rends bien compte que je n'ai pas dessiné depuis bien trop longtemps. Je perds la main.

-C'est faux, proteste Mikoto. Je le pense vraiment. Je reconnais notre parc. On devrait y aller, cela fait trop longtemps que nous n'avons pas eu le temps.

-Pour que tu maltraites encore ce pauvre distributeur ? s'indigne la plus jeune.

-Tout de suite les grands mots. Il va très bien, plaisante la Railgun.

-La marque de ton pied va finir par rester gravée dedans.

Avec un intérêt sincère, mais aussi une volonté de changer rapidement de sujet, Mikoto lui demande, curieuse :

-Tu as d'autres dessins ? J'aimerais beaucoup les voir.

-Je n'ai pas l'habitude de montrer ce que je fais aux autres, marmonne Kuroko en tortillant ses mains, gênée.

-Si tu ne veux pas, ce n'est pas grave, assure Mikoto, tout en reculant lentement pour la laisser dessiner en paix.

-Attends, Onee-sama ! Vu que tu as déjà vu certains, dont le plus compromettant, je peux t'en montrer d'autre.

Tout sourire, la remerciant pour ça, Mikoto place sa chaise près du bureau de sa colocataire, tandis que Kuroko sort une grande pochette cartonnée débordante de feuilles, dont elle saisit une poignée au hasard.

Sous les yeux ébahis de Mikoto, elle fait défiler de nombreux et divers paysages. Une falaise escarpées pleine d'oiseaux, une petite clairière de forêt traversé par un ruisseau, une colline si fleurie qu'Uiharu se croirait au paradis, et tant d'autres endroits. Tous sont réalisés avec le même soin et un maximum de détails. Mikoto ne peut s'empêcher de complimenter chaque nouvelle feuille qu'elle regarde, et au fur et à mesure, Kuroko est de plus en plus gênée de l'attention et de la douceur des compliments. Après une bonne vingtaine, l'aînée réalise un détail et lui en fait part :

L'obscurité nous entoureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant