Chapitre 5 : Une demande bien difficile

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Le début de semaine passe à une lenteur abominable, sans que leur situation ne change. Kuroko et Uiharu passent toujours autant de temps au bureau de Jugement, se jetant corps et âme dans leur travail. Mikoto s'ennuie, tout comme Saten, leurs amies leur manquent. Mikoto voit sa colocataire s'épuisée de plus en plus, refusant chaque pause ou repos pur passer plus de temps au travail.

Uiharu n'est guère en meilleur état, mais évite le pire en restant au bureau, n'étant pas sur le train à prendre les coups. Mikoto et Saten arrêtent de compter les fins d'après-midi qu'elles passent toutes les deux ou les soirées solitaires.

De son côté, Mikoto continue d'explorer patiemment le réseau. Chaque soir, elle se plonge dedans, méditant toujours avant, se perdant parmi les interactions de ses sœurs avec diligence. Elle ne parvient toujours pas à s'en couper correctement pour dormir, mais les rêves nocturnes sont de moins en moins fréquent, tout comme les migraines, ce qui est un net changement agréable.


***


Mikoto attend au croisement de la rue l'arrivée d'Erèsaël Belesse. Resserrant le col de sa veste et son écharpe, elle peut presque sentir le glaçon qui se forme au bout de son nez enrhumé. L'attente n'est pas agréable par ce temps, surtout seule, car Saten est déjà dans le bureau chauffé de Jugement avec leurs amies, la chanceuse.

-Hey, Misaka-san ! lance un jeune homme en courant vers elle. Désolé de retard !

-Bonjour, Belesse-san ! Ce n'est rien.

-Je te vois trembler de froid d'ici, rétorque Erès, mains fourrées dans les poches de son pantalon. Vos uniformes ne sont pas connus pour leur chaleur. Dépêchons nous d'aller au bureau, avant que je n'y traîne un glaçon.

C'est la première fois que Mikoto le voit hors d'un lieu de travail ou son bureau. Sans son habituelle blouse blanche, vêtu plutôt d'un épais pull et d'un manteau, il fait plus jeune, plus détendu, surtout avec ses cheveux sombres mal coiffé à cause du vent. Sentant son regard, il lui adresse un grand sourire, avant de pousser un puissant éternuement, ce qui l'a fait doucement rire.

-Comment vas-tu en ce moment ? demande-t-il alors qu'ils marchent d'un bon pas.

-ça va, répond-t-elle sans y mettre réellement de conviction.

-Tu es perturbée, tes sœurs m'ont prévenu. Tu sais, tu influence leurs humeurs et états d'esprits selon ce que tu ressens. Elles le ressentent, et agissent en conséquence car elles apprennent depuis peu ce que sont les émotions. La vraie question à se poser est donc la raison qui te perturbe.

-Pourquoi vous en souciez autant ? ne peut-elle s'empêcher de lui demander. Parce que c'est votre travail ?

L'homme vient jouer avec sa boucle d'oreille, la triturant, tout en réfléchissant à sa réponse, avant de la donner :

-ça l'est. On m'a demandé de veiller sur la famille Misaka, tu en fais partie. Mais pas que. Les adultes sont rares dans cette ville qui n'est presque composé que d'étudiants. Ne te vexe pas quand je vais dire que tu n'es encore qu'une enfant, malgré tout ce que tu as déjà traversé, il est bon de pouvoir se confier à un adulte, confie-t-il.

-Un adulte ? relève-t-elle amusée, pour dissimuler qu'elle soit touchée aussi d'apprendre qu'il se soucie réellement. Vous avez quelque âge pour dire une telle chose ?

-Vingt-trois ans, je reste ton aîné, alors respecte-moi ! déclare-t-il en bombant le torse, partageant son rire. Mais je suis sérieux, je ne suis pas que là pour t'aider avec le réseau.

L'obscurité nous entoureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant