1

302 15 1
                                    




2 ans plus tard


☁️ Lana ☁️

Une douleur que je ne comprenais pas s'est immiscée lentement dans mon être, laissant place à l'anxiété et l'incompréhension. Chaque jour devenait un calvaire, et une lutte acharnée pour continuer de sourire alors que je ne souhaitais qu'être avec moi-même pour déceler ce qui cloché. La nuit était mon refuge pour pouvoir mettre au clair mes pensées, et chercher le problème. Me sentir impuissante était le plus dur à vivre.

Mon entourage m'a observé dépérir petit à petit, en me demandant ce qui n'allait pas. Mais comment l'expliquer, quand on ne sait même pas la raison ? Donc j'ai établi une liste des émotions qui me traversées, après tout je suis une bonne enquêtrice. Donc si je pouvais lire dans les autres, je pouvais réussir à découvrir la Lana perdue. Je me suis installée sur la plage en face de chez nous. En tailleur, les cuisses dans le sable, j'ai sorti mon carnet puis j'ai fermé les yeux pour trouver les réponses à mes questions.

·       Déboussolée

·       Seule

·       Triste

·       Vide

·       Rancœur

·       Enervée

·       Blessée

Voilà ce qui est ressorti. C'est inexplicable, même impossible de mettre des mots sur cette foutue raison. Sur le pourquoi du comment. Ça me tue de devoir réfléchir sans aide. Mais comment faire autrement, si je ne peux rien expliquer...si je ne me connais pas réellement assez pour mettre des mots sur ce qui me ronge. Mais surtout pourquoi avoir un esprit si médiocre, alors que j'ai la vie d'une jeune femme pleine de ressources. J'ai un fiancé, des amis, des collègues, une famille. Mais aussi un travail, de l'argent et du confort par conséquent. Puis on multiplie ça par le nombre d'étoiles dans le ciel, et ça donne réellement ma vie avec de l'amour dégoulinant de tous les côtés. Ma vie est géniale.

Alors pourquoi, je me sens aussi mal ? Je ne devrais même pas avoir le droit de me poser des questions, vu la mer d'huile qui borde tous les aspects de ma vie. Bien décidée à ne plus laisser cette mauvaise impression détruire lentement ma vie et ma bonne humeur, j'ai entrepris de rester sur le sable chaud jusqu'à ce que tout disparaisse. Facile n'est-ce pas ? En une journée, ma nouvelle lubie était d'éradiquer les mauvaises herbes qui prenaient trop de place dans mon cœur. Et j'ai réussi. Sauf que si je revenais sur mes propos de rester allonger près des vagues jusqu'à me sentir bien, il m'aurait fallu bien plus que quelques heures voire quelques mois. Cette belle journée printanière, m'aura coûté ma vie si parfaite... Parce que la vérité n'est rien d'autres qu'une garce qu'on déteste connaître.

Après avoir fait le bilan sur le présent et sur les émotions qui déferlaient en moi, j'ai décidé de passer à la prochaine étape. D'où provenait mon malaise ? J'avais déjà la réponse. L'avant, le pendant et le après de mon kidnapping. Aussi simple et cruel. Je ne voulais simplement pas me l'avouer. Mais pour avancer, je n'avais plus le choix. Et ça m'a fait un mal de chien. J'ai toujours minimisée ce qui m'était arrivé, beaucoup plus simple pour passer à autre chose. M'en souvenir n'était pas envisageable, car ça revenait à l'avoir vécu. À ressentir chaque coup, chaque larme, chaque parole de ces évènements. Et ça en est presque risible de m'être dit que ma mémoire avait évincé les souvenirs de ces journées à l'université, ou dans cette petite maison ayant une cave, ou chez moi quand je devais dormir dans le garage à mon retour. Néanmoins, j'y croyais dur comme fer. Car quand par mégarde ça remontait quelques secondes, tout était flou. Flou, parce que je ne me concentrais pas.

Sauf que le papier entre mes mains face au bleu de l'eau et du ciel, je me suis forcée. J'ai revécu chaque sensation, chaque minute, chaque pensées qui m'avait traversé. Et ce qui était censé me réparer, m'a broyé. J'ai compris les mots que j'ai noté. Il y avait enfin une raison à mes maux. Puis la réalité est venue jusqu'à moi, je me devais d'aller de l'avant mais pas en oubliant ce qui me faisait souffrir. Je devais dompter ces terreurs, et apprendre à vivre avec.


Le lendemain j'ai d'abord eu une discussion avec Alas, puis ensuite avec la coloc. Chacun a compris, m'a écouté, ma soutenu et m'a aidé à leur hauteur. L'amour de ma vie a été d'une grande empathie, sans s'interposer contre moi-même. Les actions mises en place ont été d'aller voir un psychologue recommandé par Elisabeth, de prendre un appartement seule le temps de retomber et de faire ce voyage seule. C'était douloureux mais acceptable, puisque c'était pour quelques temps. Une mission à court terme. Malheureusement, les mots sont toujours plus simples que les actes. Il m'a fallu plus d'un an pour réussir à vivre normalement. Cette route était rude. Le dénivelé m'était insurmontable. Je suis passée par des phases de dépression, de prise de conscience douloureuse, énormément de colère puis le besoin de solitude. Malgré notre amour éternel, nous avons pris en commun la décision avec As de se séparer. Une pointe sur le cœur est minable à côté de notre souffrance. Ce jour-là, une foreuse est venue se planter délicatement avant de se mettre en marche rapide pour broyer chacun des tissus qui formés cet organe me tenant en vie. Mais pour aucun de nous, la situation était vivable. On ne se voyait plus, je lui faisais du mal à ne pas être là pour lui et inversement. Nous devions grandir l'un sans l'autre pour que je puisse me réparer, et lui continuer son chemin.

À ce moment, c'était la meilleure solution car je ne voyais pas le bout du tunnel. Mais aujourd'hui, tout est différent. J'ai retrouvé la moi d'avant, ma vie d'avant, supplément une santé mentale en béton. Béton avec des fissures resolidifiées. Sauf que, je ne peux pas m'imposer auprès du seul homme que j'aime parce que je suis égoïste. Il a énormément souffert, il a accepté, il m'a comprise et montré qu'il était là pour moi malgré tout. Alors maintenant qu'il réussit à recourir derrière la vie...Non, je ne peux pas revenir comme une petite fleur. Il est passé à autre chose, malgré nos mots doux qui nous faisaient croire que nous deux c'était jusqu'à la mort. Toujours ensemble. La vie n'est pas un conte de fée, surtout pas la mienne.

Strat - Tome 2 (Sirius) (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant