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☁️ Lana ☁️


Je suis honteuse d'avoir agi de la sorte, je ne me suis pas reconnue. Steve vient de quitter ma chambre, au même moment où je recouvre la totalité de mon esprit. J'ai agressé un pauvre homme sans raison... Les images repassent en boucle devant moi, mais c'est comme si que je n'étais pas le personnage principal de ce cauchemar. Un toc à la porte, et tous mes amis sont à l'intérieur de la pièce. Ça commence à devenir une habitude. Pourquoi je suis un aimant à problème ? Ils me regardent tous avec un air attendri, alors que je me préoccupe seulement de celui d'Alas. Il reste en retrait, le regard sur mon tapis. Ma meilleure amie s'avance en première, pour briser la glace.

-        Qu'est-ce qui tes arrivée ma choupette ?

Le mouvement circulaire qu'elle effectue sur ma joue, me donne le courage de parler. Je me suis promise lors de ma thérapie de toujours m'exprimer sur mes incertitudes, pour les pallier et avoir de l'aide. Aujourd'hui ce n'est sans doute pas d'aide que j'ai besoin, mais uniquement de faire comprendre à mes amis que je vais bien. Pour avoir davantage de courage, je me lève et Wyatt s'affale à ma place sans demander son reste. Près des fenêtres, je triture le rideau en observant les nuages blancs qui contrastent avec le noir du ciel.

-        Je...Je dormais et il a voulu me réveiller. Ça m'a fait repenser au jour où Claude a fait la même chose.

Ma trachée se serre, me faisant ravaler difficilement les larmes qui s'agglutinent au coin de mes yeux. Néanmoins, je tiens bon. Même si c'est irréel la scène que j'ai causé il y a quelques minutes, les flashbacks qui reviennent comme flash l'éclair de ma réclusion forcée, me font très bien revivre ce calvaire.

-        J'ai commencé à me débattre sans comprendre, et je me sentais attachée alors que c'était juste la ceinture de sécurité.

Leur silence me juge.

-        J'ai été surprise ! Ça m'a fait remonter de vieux souvenirs. Mais je vais bien.

Et c'est vrai. Néanmoins leur inquiétude m'énerve, ils ne me croient pas. Ils pensent que j'ai rechuté, comme une droguée. Cette pitié je n'en veux pas, je sais que j'ai raison. Même si je vais mieux aujourd'hui, ça n'efface en rien ce que j'ai vécu. Alors oui, de temps en temps un acte ou bruit me ramène dans le passé mettant mes nerfs à rude épreuve mais c'est naturel.

-        Lana...

Pour ma guérison, une dernière étape que m'a recommandé vivement ma thérapeute doit être faite. Ce n'était pas dans mes plans, mais au pied du mur il faut que j'essaye. La peur me noue l'estomac.

-        Je dois vous avouer quelque chose.

Ils voient ma détresse, ce qui fait doubler ma culpabilité malgré tout.

-        Vous savez quoi ? Allez tous vous installer dans le sable, j'arrive. Dis Roméo.

Sans comprendre pourquoi, nous suivons son conseil et je suis plutôt contente de faire ça dans un endroit neutre. Une fois sur la plage, je ramène mes jambes contre ma poitrine. Sans doute un geste de protection, pour me défendre de la réaction de ma famille.

-        Je suis là !

Il appuie sa phrase tout en secouant une petite glacière, et nous découvrons des bières. Je garantis que l'alcool que j'ai ingurgité plus tôt, s'est bien dissipé. Et repartir dedans, me semble une très bonne idée pour m'armer de courage. Il les décapsule une à une avant de nous les tendre, mais je reste figée sur Alas qui n'a pas pipé un mot depuis notre arrivé à la maison.

-        Nous sommes prêts Lala.

Je tourne la tête vers Wy, qui m'adresse toute sa tendresse.

-        Comme vous le savez, pendant que j'avais mis ma vie sur pause...je voyais une psychothérapeute qui m'aidait à justement la redémarrer. Elle a établi des sortes de missions, et j'avais pour objectif de les réaliser pour passer à la suivante. Mais je n'ai jamais pu faire la dernière.

Seul le bruit des vagues nous enveloppe, aucun de mes amis n'osent m'interrompre et je les remercie car je ne crois pas avoir assez de force pour reprendre mon monologue si c'est le cas.

-        Parce qu'elle vous concerne, et que ça va vous blesser.

Les têtes se relèvent une à une vers moi, je sens mon cœur battre à toute à l'allure tandis que mes doigts malaxent le sable durement.

-        Je vais aller droit au but, pour abréger nos souffrances.

Ma petite blague ne les déride pas.

-        Je vous en veux terriblement, depuis que je suis revenue auprès de vous après mon kidnapping. Je sais que je vous ai dit que je vous ai pardonné, et c'est le cas. Mais je n'arrive pas à oublier votre comportement. C'est plus fort que moi, et ça alimente ma rancœur à sens unique.

Les larmes coulent sans retenues sur mes joues, et je remercie la nuit de les dissimuler pour garder un minimum de dignité et d'assurance. Certains ouvrent la bouche, mais je les devance pour alléger mon esprit.

-        Je ne vous en ai jamais voulu de ne pas m'avoir retrouvé, simplement le fait de votre attitude lors de mon retour. J'étais perdue, faible, abimée mais aussi heureuse de vous retrouver. Mais vous m'avez claqué la porte au nez, pour ensuite me faire vivre pire que ma captivité. Car je vous aime, et ne plus avoir votre confiance et votre amour m'a bien plus brisé. Je pensais être votre amie, que vous me connaissiez et que jamais je n'aurais fait ça. Surtout pas comme ça.

Ça me fait un bien fou, je n'ai plus peur de détourner le regard, je veux qu'ils comprennent.

-        Mais je m'en veux aussi terriblement, car je ne me suis pas assez battue pour vous faire entendre raison, je ne me suis pas assez défendue contre vos allusions malveillantes. J'ai accepté bien trop facilement vos excuses, et j'ai essayé d'oublier beaucoup trop vite vos comportements.

Je souffle, et cette fois-ci mes larmes qui étaient silencieuses sont accompagnées de mes couinements. Mais je continue, avec la voix chevrotante pour chaque mot.

-        Je vous en voudrais toujours pour cette période, comme je m'en voudrais tout autant. Mais malgré ça, mon amour à votre égard n'a pas bougé. C'est aussi...c'est aussi pourquoi je ne voulais pas vous en parler car je ne veux pas vous faire de mal. Mais...ma..

Je n'arrive plus à parler, et l'eau qui parsème mes pommettes commence à me gratter.

-        Mais je crois que ça me fait du bien, et je comprends enfin pourquoi je devais le faire.

Voilà c'est dit, toutefois, l'adrénaline me quitte peu à peu et je suis moins assurée à leur faire face. Je sais que j'ai vidé mon sac, et qu'eux ne peuvent pas se défendre car il n'y aucun argument valable face à ce qu'ils m'ont fait. Et ils le savent aussi. Je vide donc ma bière, et part pour essayer de faire une nuit convenable. Car je ne paye pas cher pour ma peau entre mes pensées qui vont tourbillonnées dès que je serais seule, et mon corps qui va tanguer avec mon taux d'alcoolémie.

Pense aux conséquences que demain

Plus facile à dire qu'à faire, mais mes doutes s'estompent au moment où je pars davantage vers l'avant car trois paires de bras m'enlacent à la sauvette. Je ne sais pas qui m'accompagne dans mes pleures, ni qui me presse avec ardeur. Mais ils m'ont entendu et l'ont accepté. Et nous savons à présent qu'il faut seulement du temps et rien d'autres, et que pour autant on ne se quittera pas de sitôt. Sans ouvrir la bouche, nous rebroussons chemin mais mon prénom éclate à travers cette bulle nocturne que nous venons de former.  Moi qui croyais qu'Alas nous suivait, ce n'est pas le cas. Il n'a pas bougé, seulement pour se relever. La main d'Hestia se pose sur mon épaule, quand elle me chuchote :

-        Va le voir, vous en avez besoin.

Je ne suis pas certaines que ce soit une bonne idée, après mes révélations et ma crise de ce soir... Mais surtout parce qu'il m'a collé contre un putain d'arbre. Cependant, j'y vais. Comme toujours avec lui je fonce, à mes risques et périls. Car même si je ne suis plus en couple avec cet homme, son charisme me magnétise. J'ai besoin de le sentir près de moi, malgré son caractère d'ourson mal léché.

Strat - Tome 2 (Sirius) (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant