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☁️ Lana ☁️


La journée passe à une lenteur, à faire ennuyer les morts. Alas n'est toujours pas revenus de la base, mais je n'insiste pas sachant qu'il est en réunion exceptionnel avec son père de ce que j'ai vu sur l'agenda partagé. J'ai tenté de questionner Roméo, car en tant que bras droit et donc le supérieur hiérarchique de son pote, il se doit d'être présent ou au moins informé. Néanmoins, il est autant dans le flou que moi je le suis. Pour éviter de me faire des nœuds à la tête, j'ai aidé les loustiques à faire leurs cartons. Finalement, j'ai encore plus le cœur et l'estomac en vrac.

Pendant qu'on trié les affaires d'Hestia (ce qui est mission impossible au vu de tout ce qu'elle accumule), une larme ou deux m'ont peut-être échappées. Ils ont fait l'acquisition d'une maison entièrement fabriquée de bois, sur une des falaises qui bordent le nord-ouest de San Francisco. La particularité c'est que de là où ils sont, ils ne peuvent pas voir la mer. Seulement différents arbres. Seul au monde. Je sais qu'ils se sentiront à leur place, moi j'aurais seulement la frousse. J'espère que le jour où je dois garder leurs enfants en pleine nuit, ce sera chez moi et pas chez eux. Bref, en tout cas ils seront dedans dans deux semaines. Deux semaines où je peux encore les faire chier, les aimer et surtout leur faire leurs plats préférés. Donc, je suis en train de faire des moules frites pour raiponce. Bon rien de compliqué donc l'ennui revient, le temps que ça chauffe. Mon impatience est en train de me ronger. Soudain, Wyatt sort de nulle part mais surtout plus aussi bien coiffé que ce matin. Et heureusement, il sent le parfum avec parcimonie.

-        Je vois que la journée a été bonne.

-        Non. Excellente.

Je quitte mon fourneau pour l'enlacer, et lui dire que je suis heureuse pour lui. Ensuite, il finit par ouvrir un paquet de chips et s'installe sur une chaise haute pendant que je surveille ma marmite. Il m'explique ses conversations avec Steve, les sensations et les émotions qu'il ressent en sa présence et le choix de prendre leur temps sur le sexe. Mon ami n'est absolument pas patient, mais son appréhension sur cette future expérience lui permet d'être en accord avec son partenaire. Je savais que Steve allait être parfait pour lui. Il continu son monologue ce qui me fait sourire, quand je recrache la boisson que je viens d'offrir à ma langue asséchée lorsqu'il me balance cette grenade.

-        Quoi ? Dis-je en espérant avoir mal entendu.

Il reformule plus clairement comme si j'étais débile.

-        Mais...non. Tu ne peux pas me faire ça ! Dis-je au bord de l'évanouissement.

-        Oh Lala –

-        Je vais fumer. Le coupais-je.

Je sors sur le perron avec ma cigarette entre les lèvres. Ma consommation a diminué et j'en suis assez fière, mais je sens que mes efforts vont périr si mes colocs se barrent un à un. Putain. Je suis égoïste, il n'y a pas de débat. Je vais me retrouver seule, mais je déteste la solitude ! J'ai vécu gamine dans un orphelinat rempli d'adultes et d'enfants pour ensuite avoir une grande famille. Mon année d'indépendance ne comptait pas, le temps ne tournait pas à la même allure...j'étais une petite loque. Je regrette d'avoir dû passer par cette étape, car c'est douze mois en moins avec eux que j'ai jeté à la poubelle. De rage, je pleure.

J'aime dire que j'adore la solitude, et c'est vrai. Mais parce que je l'ai choisi. Là, je vais devoir vivre dans une maison vide par obligation. Les questions s'entrechoquent sous ma cabosse. Je ne sais pas ce que Alas va faire, et c'est tout de même notre héritage cette villa. Vont-ils tous vouloir la vendre pour avoir leur part ? Je ne sais même pas pourquoi je réfléchis à ça dans l'immédiat, car là maintenant je veux juste un câlin et que tout redevienne comme au lycée. Impossible, mais je croise quand même les doigts. Quand je rouvre les paupières, la grosse tête de Wyatt me fait face. Penché sur le côté, il m'examine.

-        Et, qu'est-ce qui t'arrives ? Ça me blesse que tu sois heureuse pour nos tourtereaux, mais pas pour moi.

Mes pleures redoublent, je suis vraiment nul. J'écrase mon mégot, avant de l'agripper pour me lover dans son cou.

-        Non, là tu exagères. Tu me mets de la morve partout pétasse.

Je finis par rigoler, en me reculant. Je vais chercher en vitesse un mouchoir avant de revenir à l'extérieur, pour m'installer sur la balancelle avec lui.

-        Je suis contente pour vous tous. Particulièrement fier de toi, avec ton histoire. C'est juste que j'ai peur.

Je baisse la tête, angoissée par mon avenir. C'est normal à mon âge, je pense. Mais je ne suis pas prête.

-        Je vais me retrouver seule... Arête de rire Wywy ce n'est vraiment pas drôle.

-        Si ça l'est. Comment tu peux penser ça ? Tu es extra ! Qui ne voudrait pas d'une femme Badass. Tu sais te battre tout étant raffinée, tu peux ramper dans la boue et être couverte de paillettes pour faire une soirée improvisée une heure après. Tu sais cuisiner divinement bien, mais aussi réparer nos bobos. Tu as un corps à faire complexer les mannequins, une chevelure à faire pâlir les princesses. Et en plus, tu bois des bières tout en ayant vu la moitié des films d'action que cette planète peut regrouper. Donc je t'assure que tu trouveras un homme. Enfin plus d'un, vu ton potentiels.

-        Tu es mignon, même si tu exagères ça fait du bien. Merci.

-        Je n'exagère pas. Dit-il en me prenant sans gant pour me coffrer entre ses gros bras musclés.

On reste comme ça quelques minutes, avant de reprendre notre position initiale.

-        Wyatt ?

-        Mhh ?

-        Je reveux Alas.

Il repart en fou rire, me laissant vexée.

-        Ma chérie, il y a que toi qui viens te t'en rendre compte. Depuis tes douze ans tu le veux.

Je pouffe à mon tour, vaincue. Alas Jones a toujours était une prairie colorée, tout comme une base fermée pour radioactivité. Je l'aime autant que j'ai pu le détester. Mais au final, c'est juste que mon amour s'est manifesté de bien des manières différentes. Surtout par des maux de ventre violents. Mais chaque seconde où je pose mes yeux sur lui, je veux juste me jeter contre lui pour fusionner avec son corps. Car, je sais que je me sentirais bien enveloppée par son odeur et sa peau. Rien que d'y penser, j'ai une larme aux yeux car ça me manque. Dès qu'il débarque, je ne vais plus me retenir. Mon ami claque des doigts devant mon visage pour me faire revenir à la réalité, alors que mon sourire flotte encore au-dessous de mes joues. Le bruit d'un message sur mon téléphone m'interpelle, en même temps que celui de Wy. Chacun sortant son portable, nous lisons le texte qu'Alas vient d'envoyer sur notre groupe :

Après-demain, rendez-vous au chalet pour ce fameux weekend de repos. J'ai géré avec le boss sur la date.

PS : Je ne rentre pas, on se retrouve là-bas. Le jet décolle pour vous après demain dans la soirée.

Strat - Tome 2 (Sirius) (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant