🌧️ Wyatt 🌧️Je bouillonne, mais reste à l'image de ce que je reflète depuis des années. Un homme serein, contrôlé et irrésistible auprès de la gent féminine. Je suis à mon prime de gros connard depuis plus d'une heure avec comme objectif d'emballer un maximum de femme. Je les enchaîne autant que les verres. Je ne sais pas où se trouve un seul de mes amis, mais j'ai de la compagnie pour le reste de ma soirée. Néanmoins, quand j'aperçois le fléau de mon adolescence...mon baromètre d'insociabilité s'affole. Je veux être seul et me noyer dans ma mélancolie. Je repousse une grande brune, et part m'installer vers l'entrée de la plage pour surveiller ce qui se trouve devant moi. Steve est un homme plutôt...charismatique. Tout autant qu'énigmatique, ce qui lui donne ce côté où j'ai envie de le frapper jusqu'à ce que je ressente la satisfaction et le soulagement de ma peine qui s'estompera avec cet acte. Mais ma réputation serait anéantie si je fais du mal à celui qui sauve les miens. Alors je me contente de le mépriser. Mais un autre sentiment étouffé prend le dessus, comme à chaque fois que je le croise. Quand il m'aperçoit le reluquant, mon cœur cesse de fonctionner. Mon corps aussi, puisque je n'arrive pas à déguerpir quand je le vois longer le sable pour se joindre à moi. Il le sait. Il n'a pas le droit de m'approcher, c'est à ses risques et périls. Quand il passe près de moi pour s'assoir à ma gauche, ma vision reste pétrifiée et garde comme point d'ancrage la mer.
- Fou le camp. Dis-je calmement.
- Non, je pense qu'on devrait avoir une discussion de ce qu'il s'est passé quand on était que des ados.
Un rire sans joie m'échappe, c'était peut-être il y a des années mais la blessure n'a même pas cicatrisé. Je dois continuellement mettre un pansement par-dessus pour éviter de me tâcher, et gâcher chaque jour que la vie m'offre.
- Tu veux savoir ce qui est drôle. Quand tu tapes sur internet le synonyme de pardonner, c'est le mot « oublier » qui sort. Aujourd'hui, tout comme demain je ne suis pas prêt à faire un de ces efforts.
Voilà. C'est ma plus grande discussion avec lui depuis mes 15 ans. Ce constat me fait rougir, malgré que nous soyons à présent des adultes. Je me lève et décide que ma soirée est terminée.
Désolé Lana tu vas rentrer avec Alas
Je ne m'arrête que quand j'ai atteint le parking, et tente de me retourner pour savoir s'il m'a suivi. Cette pensée me met en horreur, tout autant qu'elle me donne un mince espoir. Mais je n'ai pas le temps d'effectuer mon mouvement, que je me fais plaquer contre la carrosserie. D'une poigne de fer, on me retourne pour que je puisse faire face à mon agresseur. Je ne vois à peine ses yeux aussi bleu que le bras de Persée, que Steve se jette sur mes lèvres. La surprise ne prend pas place, non. Mais l'envie, oui. Ma main agrippe le bas de son dos, pour coller son corps contre mon torse. Je remonte mes doigts dans ses cheveux et sa langue rencontre la mienne me faisant étouffer un grognement en lui. C'est intense et bestial, mais non détestable. Comme si notre proximité était naturelle, comme si que nous étions ensemble depuis toujours... Cette putain de constatation me ramène à la réalité, et je vrille.
- Qu'est-ce qui t'a pris bordel ? On aurait pu nous voir !
Ses traits tantôt détendus, deviennent durs. Ses muscles se bandent, et son visage comme le dit si bien Lana « angélique » dévoile un côté plus sombre mais aussi fébrile. Il s'avance d'un air menaçant, et je recule pour la première fois devant un adversaire.
- Tu vois Wyatt, c'est ça le problème. Tu ne dis pas que tu n'as pas aimé, non, tu dis qu'on aurait pu nous surprendre, c'est là toute la différence. Tu me déteste depuis presque dix ans, alors que c'est toi qui as démarré et entretenu notre rapport sur la haine.
Il reste calme, quant à moi j'explose.
- Arrête de te faire passer pour la victime ! Dis-je en lui attrapant le col. Tu m'as largué comme une merde en étant pas sûr d'être attiré par les hommes, pour deux jours après faire ton coming out et t'envoyer en l'air toute la ville.
Je ne vois plus ce bleu que j'ai décrit auparavant comme similaire à une partie de la galaxie, il ne reste que le trou noir dans son regard. Il m'aspire et me terrorise. Sans avoir le temps de me reprendre, c'est à lui de me choper et de m'écraser contre lui et le sol en tombant à terre.
- Oui je t'ai laissé, car c'était ton bonheur ou le mien. J'étais prêt à l'annoncer, je ressentais seulement de l'appréhension. Alors que toi tu ne l'aurais jamais fait, jamais assumé. Donc oui je suis parti, mais si j'ai commencé à sortir c'est parce que tu ne t'es pas privé d'aller coucher avec une femme une heure après dans la salle de réunion du gang juste pour te prouver que tu étais un hétéro pure souche n'est-ce pas ?
Je reste silencieux, sous son emprise.
- Réponds-moi ! Hurle-t-il. Dis-moi que c'est faux, et j'admettrais que j'ai ma part de responsabilité.
Il me secoue faisant frapper mon crâne contre les quelques graviers qui sont présents. Je grimace, et n'ose pas lui répondre, par peur d'affronter cette triste vérité.
- Wyatt...
Ses mains me lâchent, mais je ne respire pas mieux. Il reste au-dessus de moi, et quand je reçois une de ses larmes sur ma joue c'est la goutte de trop pour mon cœur remplit de fureur et de frustration. Je le place sur le côté et me relève avec lui dans un mouvement assuré.
- Tu as cassé mon putain de cœur Steve.
Maintenant à un mètre l'un de l'autre on se regarde réellement, sans masque.
- Et le mien alors ? Un coup d'un soir de temps en temps pour plonger dans mes remorts et me faire payer mon abandon auprès de toi. Mais je n'ai jamais eu une seule relation sérieuse, car la seule place disponible dans ma vie a toujours été pour toi bordel !
Une migraine d'enfer me vient, et des picotements à l'arrière de la tête me gênent. Je tangue, et je retiens un jurons quand mes doigts glissent sur une surface chaude à travers mes cheveux.
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Strat - Tome 2 (Sirius) (Terminée)
RomantikDeux années se sont écoulées, depuis que Lana et Alas se sont déclarés leur amour secret. Mais le temps délivre les sombres réminiscences du passé, et les malentendus s'étirent. Cette femme lumineuse comme le soleil, est devenue l'ombre d'elle-même...