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🌧️ Wyatt 🌧️


Je n'ai jamais compris l'importance du ciel aux yeux de Lana, depuis gamine elle nous bassine avec le cosmos. Particulièrement la nuit. Alas quant à lui, c'est comme si qu'il était également intimement lié à ce qui se trouve en permanence au-dessus de notre tête. Particulièrement la journée. Alors que Roméo et Hestia s'adonnent aux plaisirs des théâtres de la verdure. Elle se sent en paix au milieu des plantes et des fleurs, et lui puisse sa ténacité en s'entrainant solitairement dans les forêts et les plaines. Une énergie particulière se dégage de ses endroits, enfin c'est ce qu'ils disent quand ils sont dans l'environnement qu'ils aiment. Pour ma part, je n'ai jamais connu ce sentiment. Certes, la beauté de la nature ne me laisse pas indifférent. Mais je ne me sens bien nulle part, enfin c'est ce que je pensais.

Mais maintenant que nous sommes sur la route du retour, et que le silence nous entoure, je fixe les prunelles de Steve sans m'en cacher. Ce bleu qui ne cesse de se modifier en fonction de la lumière ou de ses humeurs me fait comprendre que mon endroit à moi c'est la mer. Cette humeur changeante qui lui appartient et qu'il la rend si unique, me rappelle l'homme que j'aime. Je prends aussi conscience que chaque émotion que je ressentais trop fortement, m'emmenait toujours aux bords de la côte pour me calmer. Ma main dans la sienne, je me sens enfin complet. C'est réellement difficile de mettre des mots sur notre début de relation. C'est officiel, il me l'a clairement dit. Mais ce qui est difficile d'admettre, c'est l'impression que je ressens au fond de ma cage thoracique. Tout est simple, et ça me fait peur.

La vie n'est jamais simple, même dans les films ou les livres. Pourtant, la rancœur et le passé sont déjà oubliés. Je n'ai aucune appréhension, seulement de l'amour pour notre couple. Une connexion nous unie.

-        Qu'est-ce qui te fait rire ? Dit-il interloqué.

-        Rien je pense à nous.

Il plisse les yeux, peu sûr de comprendre le sens de ma phrase.

-        C'est juste que je ressens des émotions à ton égard, comme si nous étions une évidence si tu veux. Et, j'ai l'impression que Hestia est rentrée dans mon crâne avec ses convictions astrologiques et de divinations.

Argh son rire me fait fondre. Je me détache, puis réduis l'espace vide entre nous de la banquette arrière pour poser ma tête sur son épaule.

-        Et tu penses quoi de nous ?

Sa question me déroute, je ne suis pas vraiment à l'aise avec le fait d'exposer mes sentiments. N'importe lesquels. Mais pour lui, je suis prêt à faire des efforts.

-        J'ai l'impression de ne jamais t'avoir détesté, mais aussi cette impression d'être avec toi non pas depuis moins de huit heures mais huit ans. C'est ridicule n'est-ce pas ?

Son côté terre à terre est super craquant, mais le fait qu'il réfléchisse vraiment à mes mots accroît mon anxiété. Mes poumons s'ouvrent enfin, quand il m'avoue de ressentir le même chose.

-          Je te rejoins. Je pense que finalement, on s'est toujours aimé mais que notre rancune était plus facile à exprimer. Parce que chaque geste que je te porte, ou chaque mot que je prononce sont si faciles et honnêtes avec toi. Puis, on a tout de même partagé un bout de notre vie il y a de ça plusieurs années. Ça ne s'oublie pas. Jamais, en tout cas pas quand ça te concerne. Et je te promets de prendre soin de toi, et de t'aimer toute ma vie. Et je pèse mes mots, je ne partirais plus jamais.

Une flamme se ravive dans ma poitrine, je crois en ses paroles. J'espère avoir un bel avenir avec lui, je suis prêt à le crier haut et fort. Ce soir était le premier pas, et malgré mes craintes tout s'est déroulé à merveille. Personne n'a eu des paroles ou des regards déplacés. Steve n'a sans doute pas fait attention, mais moi si. J'espère que petit à petit, cette nouvelle facette de moi s'estompera et que je pourrais baisser la garde. Car il y a aura toujours quelqu'un pour critiquer, il faut seulement que j'apprenne à ne pas en tenir compte. La fierté que j'ai pu voir dans les yeux d'Éric et d'Elizabeth, me pousse à me battre encore plus fort. Pour ce soir, il a pris la décision de me raccompagner chez moi avant de repartir de son côté.

Il veut prendre son temps, et c'est tout à son honneur. J'aimerais dormir avec lui, qui m'initie à cette nouvelle sexualité, je veux le cajoler, je veux... tout lui donner et qu'il me donne tout. Mais le plus raisonnable a toujours été lui. Je le laisse faire, car il emploi la bonne méthode. On a déjà été beaucoup trop vite, autant calmer le jeu maintenant et laisser le flirt nous enivrer.  Mon esprit rêveur se rompt d'un coup, quand je suis devant la villa. Je quitte brusquement Steve pour sortir de l'habitacle comme si ma vie en dépendait, et c'est le cas. Si lui arrive encore malheur, je ne pourrais survivre avec mes remords. J'attrape l'homme qui est penché sur une Lana défensive, puis le plaque contre le coffre en même temps que la voiture qui dépose Alas arrive au loin. On n'allait pas tous rester à la fête, si l'un de nous se casse. Je perds pied quand j'ai l'agresseur entre mes mains, avec ses plaintes étouffées par les hurlements de mon amie.

-        Qu'est-ce que tu lui veux ? Dis-je toujours les poings sur son col, alors que mes phalanges s'enfoncent dans la chair au niveau de sa pomme d'Adam.

-        Rien je vous le jure, elle s'était endormie et j'ai voulu la réveiller mais elle s'est mise à m'agresser.

Bon ok, son visage est méchamment amoché. Je vois à travers ses yeux, qu'il respire la sincérité et la peur. Mais surtout qu'il ne sait pas défendu une seule fois, ce qui prouve qu'il ne s'attendait pas à une telle réaction et qu'il n'y connait rien en self défense. Donc, il n'appartient pas à notre monde avec certitude.

-        Tiens. Dis-je en sortant une liasse de billet pour qu'il ferme son clapet. Maintenant barre toi avant que son mec t'arrache la gueule.

Quand le SUV du concerné se stationne, l'homme prend la poudre d'escampette après que j'attrape avec du mal une Lana bouleversée. Son regard est vide, malgré les larmes qui s'en écoule. Son ex débarque à ma hauteur terrifié, n'osant pas s'agiter. Ne sachant pas quoi faire, j'emmène le poids mort dans sa chambre tout en suppliant Steve de m'aider. C'est lui qui pourra le mieux gérer cette situation, si elle est bien évidemment physiologique. Mais j'en doute.

Délicatement, je la fais s'asseoir sur le matelas et leur laisse l'intimité nécessaire sachant que je suis putain d'impuissant. Les nerfs à vifs, je rejoins Jones au salon qui visiblement m'attend de pied ferme. Au même moment les amoureux débarquent, et je fais un topo avec le peu d'informations que j'ai en ma possession.

-        Bref, je vous le dis tout de suite. Je ne compte pas la reperdre, parce que si elle redisjoncte c'est moi qui vais péter un câble.

Ils me regardent en hochant la tête, car eux aussi on ça en commun avec moi. Quand elle est revenue après son kidnapping, on a agi comme des putains d'enfoirés alors qu'elle a subi des monstruosités sans noms. Mais elle nous a pardonné. Puis sans nous le montrer, elle s'est effondrée petit à petit comme un sablier. Lentement, sans laisser une trace de joie sur son jolie visage. Encore aujourd'hui, la culpabilité me ronge. Rien au monde ne pourra racheter notre incompétence, et notre manque d'empathie qu'on lui a exposé. Des connards. Je suis un connard. Même si je ne savais pas la vraie raison de son absence, je n'aurais jamais dû douter d'elle. Ou du moins, lui laisser une seconde chance dès son retour car c'est ma famille. Mais j'ai eu tellement de peine quand elle partit, ça m'a brisé. Depuis qu'elle est revenue dans la coloc je me sens rassuré pour sa sécurité, car je veille sur elle dans l'ombre.

Et ce qu'elle vient de nous faire n'est absolument pas normal, elle nous a affirmé s'être remise de son enlèvement et des conséquences qui ont suivies sur sa santé mentale. Mais je ne referais plus l'erreur de la juger, sans lui laisser la parole. Il doit y avoir une raison valable, et j'espère ne pas avoir relâché dans la nature celui que j'ai cru innocent. Quand Steve redescend, mon masque tombe au fur et à mesure qu'il se rapproche. Je m'avance vers lui, puis l'attrape brusquement pour l'enlacer tout en laissant couler une larme.

-        Elle a quoi ?

Il me fait reculer, et nous regarde à tour de rôle.

-        Je vais vous laisser, vous avez besoin de vous retrouver en famille. Mais elle va bien. Dit-il sereinement mais tracassé.

-        ...

-        On se rappelle. Il appui ses paroles en m'embrassant le front avant de s'éclipser.

Strat - Tome 2 (Sirius) (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant