3.Erin

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Ce n'est qu'une mission. Non, c'est le début.

Juin, 2023, le lendemain.

Mes paupières clignent à de multiples reprises accusant l'énième nuit sans sommeil. J'étire mes bras au-dessus de ma tête tandis qu'un bâillement s'arrache de mes lèvres. J'avale le fond de ma tasse qui traîne sur ma table de chevet et grimace lorsque je réalise que le café a bien trop refroidi. Un frisson de dégoût me traverse, je repose la tasse et tente de me reconcentrer sur mon ordinateur. La vibration de mon portable finit de m'éloigner de mon écran. Je laisse mon dos retomber à plat contre mon matelas et décroche.

—    D'ordinaire, tu dors à cette heure-ci.

—    Grosse affaire de cyber hacking.

—    Grosses parties de jambes en l'air, tu veux dire, raillé-je.

—    Si on me demande je nierai tout en bloc, ricane-t-elle.

Lucy m'extorque un petit rire avant de reprendre son sérieux.

—    Je viens d'effectuer les recherches que tu m'as demandé.

Je me redresse, j'attrape mon stylo et mon carnet avant de l'inviter à me donner la plus futile des informations.

—    Isaac Peters a travaillé pour l'armée de terre. Il semble être revenu à San Francisco, il y a un an. D'après la carte d'identité que j'ai trouvée, il aurait vingt-huit ans. Cependant, je n'ai rien de concret. Il n'existe pas.

—    Peters, répété-je dans un murmure. Bien, merci, continue tes recherches et appelle-moi à la moindre information.

—    Si je te demande pourquoi, c'est le moment où tu me dis de me mêler de mes fesses ?

—    Exactement.

Nous raccrochons. Mes yeux se perdent sur son nom. La mine de mon stylo effleure chaque lettre et mes sourcils se froncent. Ma tête se penche sur le côté et je répète ce nom en boucle. Son visage puis sa voix et maintenant son nom. Si je garde un bon nombre d'informations inutiles en mémoire, celle-ci semble sortir du lot. Du moins, mon instinct exige de moi que j'écoute mon esprit. Je m'allonge sur mon matelas et relève le bas de mon t-shirt. Je caresse l'une de mes plus grosses cicatrices et ferme les yeux. Automatiquement, cette voix indistincte revient hanter mon esprit.

«Respire, ça va aller.»

Je grommelle et tente d'aliéner ce souvenir pour me concentrer sur celui qui m'amènerait à un indice concernant ce fameux Peters. Une migraine me force, après plusieurs longues minutes à abandonner ma recherche mentale. Je rabaisse mon t-shirt et réouvre les yeux. Mes doigts se faufilent jusqu'à mon poignet, je n'ai pas le temps de m'attarder sur ces cicatrices-là que mon portable vibre à nouveau.

Big Boss te veut avec nous dans une heure.

Je jette un coup d'œil à l'heure sur mon téléphone. Cinq heures du matin, c'est un peu tôt pour un appel de section. Je suppose que la discrétion est essentielle pour cette rencontre. Il n'y a aucune autre raison valable. J'enfile un jean destroy, un t-shirt simple noir et la veste en cuir de Jonas. J'opère un demi-tour quand je m'apprête à sortir pour remettre une couche de fond de teint sur mon poignet gauche. J'enjambe ma moto une dizaine de minutes plus tard et roule à la vitesse de la lumière. Des flics me poursuivent. J'esquisse un vil sourire et accélère de plus belle. Une fois arrivée devant le bâtiment de l'Agency, les deux voitures de flics et deux bécanes s'arrêtent. Je lève le doigt vers l'enseigne et leur offre mon plus beau doigt d'honneur. L'Agency est plus ou moins protégée par l'État, on s'occupe de faire leur sale boulot autant avoir quelques avantages. Si je suis poursuivi un peu trop longtemps, je peux mettre certaines de mes actions sur le dos de l'Agency. Il s'avère que je le fais quotidiennement.

The Perfect Prototype 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant