The Perfect Prototype 1

38. Erin

C'est dans la folie que les âmes les plus abîmées se retrouvent.

Juillet 2023,

Anoki entre dans la maison et exige que nous nous réunissions tous autour de la table. Avec toute la provocation et l'immaturité dont je sais faire preuve, j'attrape mon paquet de clope délaissé sur la table et m'empresse de rejoindre l'extérieur. C'est trop tôt. Je suis incapable de lui faire face.

—    Nini ! m'appelle Dixon.

J'ignore son intervention et m'installe sur les marches pour nettoyer mon arme, la clope coincée entre les lèvres.

—    Nini, insiste-t-il en apparaissant dans mon dos, sous le porche.

Il presse mon épaule, voyant mon absence de réaction, il soupire et s'assoit à mes côtés.

—    Que se passe-t-il ?

—    Je n'interviens qu'à la dernière partie du plan, il n'y a aucune nécessité que j'assiste à la préparation de l'échange. Je sais ce que j'ai à faire.

Il plaque ses avant-bras sur ses genoux, croise ses mains et observe mon profil avec minutie. Sa persistance m'arrache un grognement. Je roule des yeux et me désintéresse de mon arme.

—    Je ne veux pas être dans la même pièce que lui.

—    Qui ? Isaac ?

Ma gorge se serre de malaise et le simple rappel de l'existence d'Isaac m'arrache un frisson voyageant de ma nuque jusqu'au bas de mes reins. Les images s'entrechoquent dans mon esprit et je dois calmer la braise qui s'allume doucement au centre de mon estomac. Ma tête décide de me renvoyer quelques heures plus tôt quand la lune était encore haute dans le ciel. J'ignore qui je tentais de convaincre lorsqu'il a quitté la chambre en lui disant qu'il n'y aurait pas d'autres danses endiablées comme celle de cette nuit. Toutefois à en croire les réactions de mon corps face aux souvenirs, c'est moi que j'essayais de persuader.

—    N...non, bafouillé-je, Anoki.

Ses sourcils se froncent et ses doigts forcent mon menton à se tourner pour que mes yeux tombent dans les siens.

—    Peut-on simplement faire un deal, je te promets sur l'étoile la plus brillante dans le ciel que je te raconterais, mais pas aujourd'hui, la dispute date seulement de deux jours, c'est encore trop frais.

—    C'est grave ?

—    Honnêtement ? Plutôt oui. Je crois qu'il ment, Dixon, mon père a caché de telles informations que je me demande jusqu'où il pourrait aller pour nous manipuler.

—    Nini, marmonne-t-il, les lèvres pincées, tu sais que je te suis toujours quand tu as une intuition mais là...on parle du Big Boss...

Je souris, bien que la frustration prenne racine au centre de ma cage thoracique, je ne lui en veux pas de douter. Après tout, Anoki Sekani a toujours tout fait pour l'organisation et notre sécurité. Il a protégé et sauvé un nombre indéfinissable de jeunes complètement perdus. D'autant que Dixon est dans une situation plutôt compliquée, son père et le mien sont de réels piliers l'un pour l'autre. Se mettre à douter de mon père insinuerait qu'à terme nous devrions douter également de Marco.

—    Va les rejoindre, je suis persuadée que le Big Boss n'insistera pas pour que je sois présente. Et puis, comme j'ai dit, je n'interviens qu'à la toute fin.

Il hésite un instant avant de capituler. Il m'embrasse la tempe, baiser que j'accepte avec sincère tendresse et il disparaît à l'intérieur.

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