43. Erin

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Ça a toujours été une histoire de famille.

Mars 2023,

Mes yeux papillonnent et quelques larmes involontaires ruissellent sur mes joues. La friction de mes cils contre le bandeau, il a été serré tant de force qu'il s'avère difficile de garder les yeux ouverts. Une main se plaque sans prévenir sur ma cuisse, je sursaute et réalise que ma peau est nue. Il ricane et sa voix m'extorque un frisson de dégoût.

— Je t'ai prévu une surprise.

Ma gorge se noue et mes narines se dilatent d'une peur qui ne m'avait encore jamais traversée. Une poigne ferme me redresse, je me débats et les rires s'amplifient. Un...deux...trois...quatre. Ils sont minimums quatre peut-être un de plus s'il ne rit pas à gorge déployée. Je contracte mes muscles et tente de résister quand une nouvelle main se dépose sur les contours de mon visage dans une fausse tendresse. Sa langue claque contre ses dents et je peux, sans même le voir, deviner le sourire qui s'élargit sur la bouche de Mikhaïl.

— Non, non, non, ma belle, n'ait pas peur, tente-t-il de me rassurer sans succès.

Une nouvelle paume s'enroule avec fermeté contre mon bras et je suis tirée violemment comme un vulgaire sac. Mes pieds nus accusent la rugosité du béton, mon corps tremble de froid, de terreur et d'une colère qui se réveille insidieusement au creux de mon estomac. Une porte s'ouvre et sans délicatesse je suis plaquée contre un revêtement dur, un soupir de douleur s'échappe de mes lèvres et leurs rires explosent une nouvelle fois. Mes poignets sont libérés mais maintenus. Des mains s'enroulent autour de mes chevilles et je suis soulevée puis allongée sur la surface froide et dure. Mes bras sont tirés en arrière, au-dessus de ma tête et des chaînes emprisonnent de nouveau mes poignets. Mes chevilles sont également privées de liberté et sa main que je ne reconnais que trop bien profite de ma nudité. Je déglutis et ravale la bile qui voudrait remonter jusqu'aux bords de mes lèvres.

— Tout ira bien, ça ira vite, murmure-t-il contre mon oreille, ses mains voyageant sur mes tétons dressés uniquement par le froid.

La pulpe de ses doigts pince mes pointes durcies, d'instinct, mon dos se cambre et un geignement involontaire irrite ma gorge avant de brûler les contours de ma bouche.

— C'est ça, ma belle, gémis pour moi.

Une envie de lui cracher au visage me brûle la langue, toutefois, ne sachant pas ce qu'il va advenir de moi, je choisis la soumission et la résilience. Des rires fusent encore et encore, je découvre deux nouvelles mélodies dont j'ignorais la présence. Je ravale mon sourire et laisse une profonde rage faire son chemin dans mes veines. Je n'ai pas besoin de voir pour me souvenir. Aux sons que font leurs cordes vocales je reconnais chacun des hommes autour de Mikhaïl. J'annihile ma peur et la transforme lentement en une insidieuse fureur, si je vis ce soir, ils mourront. Les chaleurs toxiques de leurs corps proches du mien s'éloignent sans complètement disparaître. Le silence forcé est remplacé par un bruit de canne puis de celui d'une marche. Trois marches, quatre coups de canne et enfin, telle une sentence qui tombe, la porte de la pièce s'ouvre. Ma respiration se coupe, mon cœur cesse de pomper et mon ventre se tord. Après un long moment de latence, les grincements de canne contre le béton résonnent de nouveau et les marches qui craquaient quelques minutes auparavant sont remplacées par de faibles claquements de talons. Le temps se fige avant qu'une main protégée par, semblerait-il, un gant en cuir voyage avec la plus grande des légèretés sur mon corps. Mes sourcils se froncent et mes narines se dilatent à l'odeur si singulière de basilic et de poivre. Le silence s'éternise pendant qu'elle parcourt ma peau sans jamais l'agresser. Aussi irréaliste que cela le soit, je parviendrais presque à me détendre, aspirer dans une bulle de sérénité que sa main délicate m'impose. Puis, d'un seul coup, sans que je m'y attende sa chaleur presque agréable disparaît.

The Perfect Prototype 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant