The Perfect Prototype 1

36. Erin

Il y a des pansements plus efficaces que d'autres. Où est le mal de les utiliser quand ils sont consentants.

Juillet 2023, le lendemain,

Perdue dans les dossiers, je ne réalise qu'après coup que Jesse a investi ma chambre. Je ne cherche même plus à dissimuler mes recherches en solitaire. Ils le savent, je sais faire preuve d'esprit d'équipe uniquement lorsque leur protection est plus ou moins certaine, c'est-à-dire presque jamais. Et puis, ils choisissent de fermer les yeux sur mes agissements, enfin, tant qu'ils ne sont pas initiés par une impulsivité alimentée par une colère vengeresse. Son regard se perd sur les feuillets et tire un des papiers pour le tourner dans son sens. Ses sourcils se froncent, perturbé parce les informations inscrites, il alterne entre la feuille et moi.

—    Depuis quand fait-on des recherches sur le Big Boss ?

—    On ? éludé-je, un sourire aux lèvres.

—    Nini, soupire-t-il, un brin trop sérieux.

—    Il savait qui était Isaac.

—    Évidemment, Dixon lui a dit.

Je secoue la tête, hésite un instant avant de lui offrir quelques informations supplémentaires. Contrairement à Dixon qui divulgue sans cesse nos conversations secrètes au grand Big Boss, je sais que Jesse garde pour lui chacune de mes confessions. Du moins, il est meilleur juge lorsqu'il faut choisir entre parler ou se taire.

—    Il connaissait Nikita bien avant la guerre que se vouent les deux organisations. Par déduction, il savait le lien entre Isaac et Nikita.

—    Nini, c'est complétement absurde, il n'aurait pas délibérément dissimulé cette information surtout maintenant qu'on sait que Nikita veut ta mort.

Je délaisse le dossier posé sur mes jambes croisées et plaque mes paumes sur les joues de Jesse. Je souris avec tendresse et dépose un chaste baiser sur ses lèvres.

—    Tu es bien trop pur pour ce monde, Jesse. Un jour, c'est ta liberté que je négocierais.

—    Ne t'avise jamais de le faire. Sans vous je n'ai plus rien.

—    Maman voulait que je parte loin et ce malgré tout l'amour qu'il y avait dans notre famille. J'ai compris trop tard que ce n'est pas parce que les kilomètres nous séparent que le lien se dissout. Au contraire, je suis, aujourd'hui, certaine qu'il se renforce. Ne reste pas avec nous Jesse, ici ou à Punta Cana, on sera toujours une famille.

—    Punta Cana, s'esclaffe-t-il, le sourcil arqué.

—    C'est le seul nom qui m'est venu.

Nous rions ensemble avant que le sérieux et le silence ne reprennent leur droit sur l'espace entre nous.

—    Après la mort de mes parents, j'étais perdu, Nini, exactement comme tu l'es aujourd'hui sans J...sans lui.

Il se racle la gorge et se pince douloureusement les lèvres. J'absorbe sa peine et enroule mes doigts aux siens.

—    Ma vie était vide et j'avais si mal que je ne ressentais plus rien. Intégré l'Agency a été à la fois la pire et la meilleure des décisions mais jamais je ne l'ai regrettée. Pas une seule seconde, pas même quand j'ai tué. Il m'avait déjà proposé de partir, avoue-t-il. Après mon meurtre il a négocié avec le Big Boss pour que je quitte l'Agency pour des missions internationales avec les analystes.

—    Tu ne m'as jamais rien dit ! le réprimandé-je, vexée qu'il ait pu me cacher cette partie de sa vie.

Il sourit et replace une mèche de mes cheveux derrière mes oreilles. Sa paume se plaque contre ma joue, je m'y laisse tomber et ferme les yeux pour savourer à la fois sa chaleur et sa douceur.