19. Isaac

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Je hais combien tu as mal parce que moi, je ne ressens rien.

Juin 2023,

— Je cherche un marqueur bleu, chuchote-t-elle.

J'arque un sourcil.

— Sur mon torse ?

Une esquisse d'un sourire retrousse la commissure de ses lèvres. Mes phalanges autour de son poignet, elle tente de se défaire de ma prise, cependant, je ne cède pas. J'ai l'impression d'avoir été roué de coups et il est évident que je manque de force, pour autant, la fermeté avec laquelle je maintiens son poignet est suffisante pour la garder prisonnière. Je tourne son avant-bras et le sourire qui étirait ses lèvres disparaît. La pulpe de mon pouce caresse sa peau légèrement en relief. Elle n'a aucun fond de teint qui recouvre son tatouage. Je pourrais, en un seul regard découvrir enfin un morceau de ce passé qu'elle garde secret.

— Quand ?

Elle ne tente plus de se défaire de ma prise et laisse son poignet retomber sur le lit.

— Quand as-tu tué pour la première fois ? répété-je d'une voix enrouée.

— Va chier, Petrov.

— Je préfère Ducon.

Je lui arrache un rire sans joie qui n'atteint pas ses yeux. Ses sourcils se froncent lorsqu'elle s'aperçoit de ma sincérité.

— Ils te battaient, affirme-t-elle d'une voix presque désolée.

Presque parce que la sauvageonne n'est pas du genre à s'excuser ni à éprouver une once de compassion. Si Nikita l'entendait, elle dirait qu'elle m'éduquait et non qu'elle me battait.

— Qu'est-ce que tu fous dans ma chambre ? demandé-je en me redressant, une grimace déformant mes traits.

Je relâche son poignet et presse le pansement recouvrant la nouvelle cicatrice signée Erin Sekani. Elle se relève du lit et ne laisse à la place qu'elle occupait plus qu'une tâche humide. Est-elle sérieusement passée par la fenêtre pour entrer dans ma chambre ? La porte n'était pas assez attrayante, elle voulait un peu d'aventure.

— Ta porte est fermée à clés, annonce-t-elle comme si elle avait lu dans mes pensées. Ils ne voulaient plus que je t'approche. Je leur ai pourtant dit qu'il y avait toujours les fenêtres. Ils les ont barricadés mais ils oublient toujours.

Elle farfouille dans mon placard sans une once de gêne et je siffle. Elle se fige, mes lèvres s'incurvent en un sourire amusé.

— Ne me siffle pas.

— Sinon quoi, tu vas me buter ?

Elle rit et sans rien répondre, elle retourne à ses recherches entre mes boxers et chaussettes. Je doute qu'elle y trouve son fameux marqueur bleu, néanmoins j'admets que la vue sur ses fesses rebondies, malgré la pénombre, est loin d'être désagréable.

— Ils oublient toujours quoi ? repris-je, les yeux rivés sur son fessier dans un short trop court.

— Ta fenêtre a un défaut, elle ne se ferme jamais complètement.

— Moi qui pensais que tu avais insisté pour que j'ai cette chambre pour m'avoir au plus près de toi.

Elle ouvre le fond de l'armoire, mon dos glisse sur le côté de mon coussin et j'arque un sourcil. Est-elle vraiment en train de défoncer l'ameublement pour un foutu marqueur ?

— Ah ! Je savais bien qu'il y en avait un dans la maison ! s'exclame-t-elle.

Elle se tourne vers moi, un sourire plus large que d'ordinaire. La lueur joueuse et enfantine qui brille dans ses iris m'extorque un léger rire tandis qu'une bulle de chaleur naît au centre de ma poitrine. Mes sourcils se froncent, la sensation est pour le moins inadaptée.

The Perfect Prototype 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant