The Perfect Prototype 1

39. Erin

Je suis le bon puis le mauvais, le réel puis l'irréel. Je suis le passé puis le présent. Mais ce que je ne voudrais pas être est la folie, telle qu'elle est.

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Juillet 2023,

Contre toute attente, Isaac ne pose aucune question. Dans un lourd silence, il attache les chevilles et les poignets de Stan à la table en métal du gymnase que nous avons pénétré dans la plus grande des discrétions. Vêtu maintenant d'un simple boxer, Stan se réveille doucement. Lorsque ses yeux s'ouvrent et m'observent, un vil sourire s'étire sur ses lèvres.

—    Je suppose que nous sommes deux traîtres, se gausse-t-il avec nonchalance face à Isaac.

Isaac redresse le menton et ne laisse aucune émotion transparaître sur son visage. L'excitation parcourt mon échine quand je comprends qu'une insidieuse folie coule lentement dans ses veines. Il est fou, il est fait de la même sombre folie que moi et je jurerais vouloir la goûter dans l'instant. Toutefois, je me reconcentre sur mon objectif initial et fixe Stan. Je tire la lame crantée de ma ranger et de la pointe, j'effleure son torse.

—    Donc, ce soir, je vais effectivement finir ce que tu as commencé il y a cinq mois, annoncé-je d'un ton placide réutilisant ses récents propos.

Je n'attends aucune réponse et sans grande surprise, il reste silencieux, ne m'accordant qu'un simple rictus. Lentement, je voyage ma lame jusqu'à son épaule et me poste derrière sa tête. Le couteau entre les dents, je plaque mes paumes de part et d'autre de ses tempes puis, sans délicatesse je tourne sa tête sur le côté. Je reprends le manche en main et m'abaisse jusqu'à son oreille.

—    Ne t'inquiète pas, tu ne sentiras rien.

Un rire s'arrache de ses lèvres et une grimace déforme ma bouche. J'inspire, ferme les yeux et me calme pour ne pas m'acharner trop vite sur sa chair. Mes phalanges blanchissent autour du manche, mon pouls s'emballe le feu liquide qui coule dans mes veines et à la fois si exaltant et douloureux. Je ressens toutes les émotions comme si je revivais cette nuit-là, quand après m'avoir abîmé la chair, Stan a tenté de m'ôter la vie de la pire des manières. Malgré moi, je m'humecte les lèvres et épouse seconde après seconde la folie sous sa forme la plus pure. Je me fige, un instant, écoute les battements de palpitant puis esquisse un léger sourire. Je rouvre les yeux et c'est comme si le peu de pureté dont été pourvu mon corps disparaissait. Dans un geste sec et vif, ma lame vient dépecer l'épaule de Stan. Avec douceur je retire sa peau, laissant ses muscles à vifs. Son souffle se saccade, cependant aucun cri ne brûle ses lèvres, même son sourire ne quitte pas sa bouche.

—    Je crois que tu ne veux pas jouer le même jeu, s'amuse-t-il, me laissant de marbre.

—    Quel est le lien entre le tatouage et le sceau imprégné sur ma chair ?

Il rit et c'est son unique réponse. En retour à son silence, je lui arrache morceau par morceau la peau de son bras jusqu'à atteindre la phalange de son majeur où est encré le tatouage. D'une découpe circulaire, je tranche son doigt. Un geignement vibre contre ses lèvres, il l'étouffe du mieux qu'il peut néanmoins, il souffre et je m'en délecte sans parcimonie.

—    Le lien, répété-je, quel est-il ?

—    Ta valeur a toujours été sous-estimée, baragouine-t-il entre deux souffles.

Cette fois, je presse ma lame sur ses muscles à vifs et entaille la fine membrane qui les recouvre. Je les sens se tendre à mon contact et un premier cri étouffé s'arrache de sa bouche.

—    Chut, murmuré-je en caressant ses cheveux courts de ma main ensanglantée, tout ira bien, ça ira...vite, raillé-je.

Je lui extorque un rire sec, court et hypocrite. Alors que je m'apprête à reprendre ma boucherie, des doigts s'enroulent autour de mon poignet. Je fusille l'acier qui se plante dans mon regard.