The Perfect Prototype 1

37. Isaac

Je ne suis pas partageur, mais quand il le faut, je sais me plier aux règles.

Juillet 2023,

Dixon entre, trois sacs pleins de nourriture dont des effluves appétissants s'étiolent dans l'air. Il beugle pour que tout le monde vienne à table tel un père de famille qui appellerait ses enfants. Je ravale un sourire, jusqu'à aujourd'hui, et hormis avec Sara, je n'ai jamais ressenti ce sentiment d'appartenance. Malgré ma condamnation à mort, bien que Sara pense le contraire, j'ai, pour la première fois envie de simplement me laisser vivre parmi cette section, même si ce n'est que l'espace d'un instant. Et quand Adam et Dixon s'installent autour de la table, m'appelant de bon cœur à les rejoindre, toutes les manigances et les rancœurs s'envolent. Je suis l'un des leurs, juste pour un soir. Dixon hurle de nouveau et les portes de l'étage claquent. Jesse descend suivi, quelques secondes plus tard par Erin. Mon regard se plante d'instinct dans celui de la sauvageonne et mes sourcils se froncent quand j'y vois un voile de malice inédit. Alors que je suis aspiré par l'océan noir de ses iris, Jesse pousse Adam de sa place. Je détourne le regard d'Erin et observe Adam rouler des yeux, un rictus étrange aux lèvres. Perturbé par les comportements de chacun, mes paupières se plissent. Erin s'installe face à Jesse et aux côtés de Dixon qui lui embrasse la tempe avant de lui tendre un plateau de makis. Ses yeux s'illuminent instantanément. Elle lui souffle un merci presque extatique. Il distribue ensuite à chacun d'entre nous les différents burgers. Pendant que Dixon s'éclipse dans la cuisine pour jeter les emballages, Jesse se penche contre mon épaule et effleure ma cuisse d'une manière étrangement sensuelle. Je cligne des yeux sous un rire étouffé d'Adam.  

—    A quel point es-tu joueur, Isaac ? susurre-t-il à mon oreille.

Je l'ignorais aussi entreprenant et disons ouvert aux expériences. Après ce que j'ai surpris tout à l'heure avec Adam, je ne m'attendais pas à un tel rentre dedans. Je fixe Erin, conscient qui se trame quelque chose entre eux. Elle m'ignore royalement et humecte ses lèvres devant son plat japonais. Bien décidé à comprendre ce qu'ils manigancent, j'esquisse un sourire et place mon bras sur la monture de la chaise sur laquelle est installé Jesse.

—    Jouons, répliqué-je dans un murmure.

—    Tu es dans la merde, ricane Adam avant de croquer dans son burger.

J'arque un sourcil dans sa direction tandis que Dixon reprend place en bout de table. Jesse échange un rapide regard avec Erin qui sourit trop franchement à mon goût. Une excitation nouvelle s'allume dans mon bas ventre et je crois comprendre trop tard dans quoi je me suis embarqué. Cependant, je l'admets, si je ne me trompe pas, je risque d'un peu trop apprécier ce jeu. Je déballe à peine mon burger qu'un gémissement excessif me fige et extorque à Jesse un souffle rieur.

—    Dixon, gémit Erin, la bouche pleine de makis, si tu savais à quel point tu me ravies.

—    Et bien, réplique-t-il amusé, tu avales sans même prendre le temps de respirer.

J'écarquille les yeux face à la perversité de la scène.

—    Bon courage, me siffle doucement Adam tandis que Jesse se retient d'exploser de rire à mes côtés.

Il se racle la gorge et se redresse sur sa chaise après avoir terminée sa bouchée. Je comprends alors qu'il se prête volonté au jeu qu'a instauré Jesse ou peut-être Erin. Adam fixe Dixon et esquisse un de ses rares sourires espiègles.

—    Ça, pour avoir la dalle, elle l'a sacrément ce soir, renchérit Adam, la fierté dans la voix.

Il adresse un clin d'œil furtif à la sauvageonne qui s'étrangle de surprise avec son énième maki. Jesse ne se retient plus et pleure de rire. Je m'apprête à prendre ma première bouchée dans cette cacophonie obscène quand une pression se fait sentir à l'intérieur de ma cuisse. Malgré moi je sursaute, les regards taquins d'Adam et Jesse se tournent vers moi, celui de Dixon est inquisiteur, quant à Erin, elle ne laisse rien transparaître si ce n'est une légère esquisse joueuse au coin de sa bouche. Lorsqu'elle envisage de retirer son pied, j'attrape d'une main sa cheville et l'attire au plus près de mon entrejambe. Elle relâche ses baguettes et se retient sans discrétion aux rebords de la table. Je caresse le dessus de son pied, remonte lentement sur sa cheville et effleure son mollet. Malgré son regard qui reste rivé sur Jesse, je peux sentir son pouls s'emballer.