The Perfect Prototype 1

26. Erin

Un chargeur d'arme de poing peut impacter un corps à dix reprises. Un couteau n'a pas de limite.

Juillet 2023,

Les rayons de la lune s'infiltrent dans ma chambre et je peine à garder les yeux ouverts. Je me bats contre le sommeil qui m'aspire à lui. Je parviens à contenir les flots d'images lorsque le soleil est haut dans le ciel, la nuit, c'est une autre histoire. Les cliquetis du garage électrique qu'on ouvre manuellement m'arrache un léger sourire. Les premières fois, il s'amusait de moi et posait non loin d'une plage ou d'une bouche de métro le traqueur ainsi que le mouchard. Aujourd'hui, il les abandonne dans sa chambre. Je me tourne sur le flanc et observe les étoiles quand la porte s'ouvre dans mon dos puis se referme. Lorsque le matelas s'affaisse à mes côtés mes sourcils se froncent. Lentement des doigts effleurent la peau nue de mon cou et un souffle chaud la caresse. Une flamme nouvelle embrase mon bas-ventre, je ravale un soupir d'excitation. Cependant, l'étonnement s'insinue au centre de mon esprit, Isaac est entreprenant certes, néanmoins, je ne l'aurai jamais pensé aussi téméraire. Il condamne mon épiderme à de multiples frissons quand ses lèvres baisent ma nuque et que ses doigts se faufilent sur mes clavicules jusqu'à la naissance de mes seins. Mes muscles se contractent, le sexe n'a jamais été un problème, je ne compte plus le nombre de fois où j'ai laissé un inconnu découvrir mon anatomie tandis que l'alcool me faisait oublier que papa m'avait menti, que maman était morte et que Jonas était loin de moi. Toutefois, cette nuit, son toucher a quelque chose de différent, il est aussi exaltant que problématique. Sa bouche se colle à mon oreille pendant que sa main voyage un peu plus bas. Je bloque son poignet, malgré mon alerte, il poursuit sa descente.

—    Ne t'inquiète pas, ma belle, ça ne fera pas mal.

Violemment je tente de m'écarter sans y parvenir. Je gesticule dans tous les sens et réalise que mes vêtements ont disparus, seules les chaînes m'habillent et entraves mes mouvements. Un œil aussi gris que l'acier et un autre d'un bleu pâle se délectent de la vue, un sourire carnassier aux lèvres. Un nouveau frisson frappe ma peau, celui-ci n'a plus rien d'excitant. Je sens ses mains profiter de chaque parcelle de mes cuisses quand une autre force ma tête à se balancer en arrière. Le nouvel arrivant balaye mes cheveux emmêlés d'un côté et découvre une lame qu'il place près de ma tempe. Quand la pointe tente de percer ma chair, un bruit sourd les arrête instantanément.

Je réouvre les yeux quand deux bras musclés entourent ma taille et me plaque contre son torse. J'expulse le lourd sanglot bloqué dans ma gorge et autorise quelques larmes à humidifier mon visage. Des lèvres chaudes pressent mon crâne et je décide d'harponner les avant-bras de mon sauveur de la nuit.

—    J'y étais, m'étranglé-je dans un murmure, j'étais là-bas.

—    Je sais, Nini, toute la maison t'a entendu.

Dixon tente de faire fusionner mon corps au sien comme pour me protéger des démons qui grandissent à l'intérieur même de mon esprit.

—    Ma tête veut me dire quelque chose.

—    Demain, Nini. Tu y réfléchiras demain, maintenant tu respires et tu fermes les yeux. Les étoiles sont hautes dans le ciel et protègeront des intrusions quant à moi, je m'assurerai qu'il ne t'arrive rien quand le sommeil t'emportera de la bonne manière.

—    Je ne crains rien...

—    Non. Tu ne crains rien, je reste là.

J'inspire en serrant un peu plus mon corps contre le sien et laisse mes paupières se refermer, épuisées par les centaines de nuits sans sommeil.

****

Je tente de m'étirer quand une masse m'empêche de bouger comme je le voudrais. J'enfonce mon coude dans son plexus, il grogne. Ses bras se desserrent et je me tourne pour coller ma joue contre son torse. J'écoute avec attention son cœur battre à un rythme régulier et me surprend à me demander quand est-ce que le mien parviendra à retrouver le même tempo.